lundi 17 août 2015

31-32-33/52


 A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Un peu de retard pour ces trois portraits, faute de connexion au web en raison de nos vacances sous le soleil de Provence exactement. Quelques instantanés de cet endroit vers lequel nous revenons toujours, depuis la naissance des filles, amoureux de sa quiétude, de sa lumière et de ses odeurs. Et comme toujours la tentation a été forte de partager les portraits noir et blanc pris par le père. Mais ce projet est celui de mon regard. Peut-être une autre fois, autrement.

Lola: Her happy place - la piscine / récolte de lavande / un nouvel ami
Alma: Appliquée / récolte de lavande / elle rêve

Elles se sont couvertes de terre ocre, elles ont construit un jardin japonais provençal et ont écrit quelques lettres au moulin. 

dimanche 26 juillet 2015

30/52



A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: de tradition elle perd ses dents durant les vacances. 
Alma: Petit Padawan

Elles sont égales à elles-mêmes. 

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lundi 20 juillet 2015

29/52



A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: Laura Ingalls
Alma: buveuse de lait  

Elles ont pris le soleil et du bon temps et nous on est bien contents. 

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mardi 14 juillet 2015

Les grands méchants loups

'Pour faire le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes'
 - Les Shadocks - 
 
J'avais pris cette habitude de commencer ma journée par la publication sur Facebook de la petite nouvelle du jour, puisée dans l'actualité. Ça fait un moment que j'ai jeté l'éponge et le clavier. Je ne sais plus où donner de la tête. Je ne sais plus choisir sur quel malheur du jour je pourrais jeter mon cynisme et mon ironie. Les mesures du gouvernement belge? Les migrants qui se noient? Le dernier rhinocéros blanc qui a une protection rapprochée? La chasse à la girafe? Ces gens qui meurent partout dans le monde parce qu'il y a la guerre et la famine et que parfois on ne sait même pas où se trouve ces régions? La peine de mort qui n'en finit pas d'exécuter des innocents et parfois même des coupables? Les vieilles à la pension qui font des bébés? L'EI qu'on est impuissant à enrayer? (là je pourrais friser la théorie du complot si on me lance). Les pollutions qui deviennent la norme? Les théories alarmistes et les dénis de catastrophes? Les grands patrons? Les invisibles puissants? Les assassinats? Les élections qui n'en sont pas? Et comment y échapper ces dernières semaines, le Grexit ou pas? 

L'actualité me donne des envies de suicide. Ou de changement. 

Et là je me dis (souvent à 7h39, avant mon café, ce qui explique sans doute ceci) que le changement pourrait être aussi simple que de dire non. 

Non je n'appliquerai pas des mesures contraires au respect du droit humain, non je n'appliquerai pas des mesures prises par des personnes qui ne me ressemblent pas. Non, je dis non tout simplement. Non, je refuse d'obéir. 

Non, ce n'est pas parce que je peux que je dois. Non, mille fois non, à la tristesse du monde.

Ça fait j'ai-14-ans-des-boutons-et-un-appareil-dentaire. Parce que c'est un peu simple et court comme raisonnement. Certes. Mais que risque-t-on si tout le monde dit non? Rien. On ne peut rien faire si personne ne veut y faire. Refuse d'être le bras. 

Non, ne m'oppose pas l'équilibre économique. Celui là même qui nous pousse à nous enfoncer toujours plus loin. Non, ne m'oppose pas la nécessité de l'ordre et de la Loi, quand l'ordre se travestit pour faire de nous ses bourreaux et devient contraire à sa loi. Trop compliqué, sans résultats.

Pense grain de sable ou même mieux, ne pense pas.

Je ne veux pas de plans de bataille, je ne veux pas de solutions, je ne veux pas de discours bien pensés ou pensants, je ne veux pas réfléchir pour mieux sauter. Je n'ai plus envie qu'on me dise où aller et quoi penser, que dire et qui priver. 

Bien sûr il y a des tas de gens qui ne pensent pas comme moi. Il y a des gens qui pensent qu'on peut frapper indéfiniment sans craindre la révolte. Mais peut-être que le temps de ces gens là est fini. Et peut-être est-ce le mien. 

Dire non c'est une stratégie plutôt inattendue pour ceux qui font régner la peur.

Je dis non. Je ne veux pas de la différence comme arme mais bien comme richesse. Je veux pouvoir aller où je veux et que d'autres viennent à moi. Je ne veux pas des mots qui blessent. Je veux des mots vrais. Je veux du respect. De la girafe à l'orque dansant. De l'étranger étrange à mon voisin. 

Tu me trouves simplette, facile et tu ricanes. Et c'est bien pour ça que je ne regrette pas ce non. Parce que j'ai d'abord eu peur de ce qu'on en dirait, qu'on me me trouve simplette et facile. Ce n'est pas grave, je suis naïve et pétrie de bons sentiments. 

Je ne prône ni l'anarchie ni un Revival. Je ne suis personne pour obliger l'autre à me suivre. Et je ne suis personne pour décider que l'autre n'a pas sa place ici ou là. Sauf peut-être pour les grands méchants loups. A ceux là je peux tourner le dos. Et leur dire encore et encore, non. 

Mais. 

Je ne suis personne si je suis la seule. 

Dis le avec moi.

Loup, es-tu là? 
Loup, je n'ai pas peur de toi. 

Non.

dimanche 12 juillet 2015

28/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: by Alma
Alma: by Lola

Elles ne sont repassées à la maison que le temps d'un Scooby-Doo un jour pluvieux et de me laisser leurs portraits ensoleillés, qu'elles ont pris elles-mêmes, chez Papydou et Mamou.

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samedi 11 juillet 2015

Un gragon en été

Ce 11 juillet je le dis, les vacances sont là et entamées. L'école est derrière. Pas loin derrière mais déjà dans le rétro. Les filles sont parties pour le second round des vacances pastorales chez les grands-parents. 

Je vais pas faire ma nostalgique mais quand même. Cette fin d'année était un peu particulière parce qu'elle sonne la fin des maternelles pour ma grande et la fin de la classe d'accueil, grande nouveauté, pour ma ch'tiote. On a couru dans deux écoles différentes pendant dix semaines, à devoir aménager les horaires de chacun, respecter le rythme des enfants et les 1214 activités du mois de juin. 

On a couru et maintenant on souffle. 
 
En farfouillant mes brouillons virtuels j'ai retrouvé cette petite bafouille que j'avais écrite un matin, un peu excédée, beaucoup épuisée. Et ça disait:

"... Ca a commencé à 4h du matin quand ma grande s'est levée et m'a réveillée pour savoir si elle pouvait aller faire pipi. Premières angoisses, est-ce que je vais pouvoir me rendormir? Est-ce que mon mal de dos va me laisser en paix? Est-ce que je vais pouvoir ne pas penser à la journée qui s'annonce? 6h30 le réveil sonne. Je suis crevée, j'ai pas envie et je retarde l'extraction mais de 6 minutes seulement parce que vraiment ce matin je voudrais être plus tôt au boulot. Je trie le linge sale qui traîne et encombre la salle de bain. Je prends ma douche, je renonce à une petite épilation du matin "vite fait bien fait". Je ne voudrais pas faire de conneries (oui je suis la fille qui s'est coupée au mollet et a sur-infecté, je suis la fille qui a du courir derrière son chat parti avec une bande de cire collée sur le dos et je suis la fille qui enceinte a voulu..., ouais bref, ça vous ne voudriez pas le savoir). A 6h53 je réveille les troupes et à 6h59 je n'entends pas la météo (je suis obsessionnelle de la minute météo). Je n'entends pas les nouvelles non plus. Je cherche désespérément mon pull dans les 3 mannes de linge pas encore pliées. Là, je me rends compte que l'autre enfant ne m'a pas appelée pour faire pipi à 4h du matin. Je change donc toute sa literie pendant que le père rince l'adorable petite chose. Habillée mais pas coiffée ni maquillée, je suis venue à bout de deux tenues vestimentaires, une queue de cheval et deux couettes. C'est un miracle quand on pense qu'il aura fallu 15 minutes à ma grande pour mettre une chaussette et une culotte. Parce que bien sûr elle s'est construit un nid derrière la porte de la salle de bain avec les essuies, tout contre le chauffage. Je lui dis et redis de remettre les essuies en place. La petite soeur se trimballe avec 3 sacs à mains - indispensables à son bonheur - et un livre. Finalement le tout finit dans mes bras pour descendre prendre le déjeuner pendant que le père se douche. Évidemment personne n'a pensé à sortir un pain du surgélateur ni à passer chez le boulanger pour en prendre un frais. Ce sera des céréales pour tout le monde. Je ne pose pas la question, je ne veux pas débattre, le matin il n'y a pas de démocratie qui tienne. Je suis trop occupée à ranger la cuisine, à regarder avec effroi et stupeur la quantité de graisse encore dans la poêle d'hier soir, qui a servi à cuire mon morceau de viande régime, manifestement pas si régime que ça. Je repense vaguement à l'échange sec sur cette question la veille avec le gentil mari qui me soutenait qu'un oiseau sans tête ce n'était pas si gras. J'avais raison, il avait tort, c'est trop tard (ou trop tôt) pour revenir dessus. Je programme une machine avec les draps "mouillés". Cent fois j'appelle ma petite pour manger les céréales. Le père descend et rallouille discrètement parce que personne n'a rincé la cafetière de la veille. Je souffle 6 secondes pour mélanger mon son d'avoine et faire un commentaire sur Facebook au sujet de l'allaitement. Là - tout à propos - le père me parle des vacances. Il faudrait qu'on réserve, qu'on se décide. Oui, c'est vrai, j'ai pris la décision il y a 3 mois et je n'attendais que sa confirmation pour faire la réservation. Mais ON n'a rien fait. On grogne. Ma grande me harcèle au sujet de son doigt qui lui faisait mal mais qui ne lui fait plus mal et qu'elle voudrait quand même un sparadrap. Elle en profite pour demander quels animaux existent pour de vrai. Celui-là? Et celui-là? Et celui-là aussi? L'autre elle râle mais je ne sais pas pourquoi. Une histoire de cartes et de pinces à cheveux je pense. Je cours pour débarrasser la table, faire la collation du matin et de 16h (cette fois c'est juré, je ne vais pas les inverser, ni les collations, ni les cartables). Miel dirait ma bonne-maman, plus de fruits frais. Je descends à la cave chercher des carottes. Je constate que j'ai oublié de mettre un drap dans la machine. J'annule la programmation pour l'ajouter. Mais il faut des HEURES pour que la porte s'ouvre ! (En vrai 1 minute). La grande crie du haut de l'escalier "c'est qui à la cave? - c'est moi...ton père est en face de toi...". "Quoi tu veux? - je veux un sparadrap!". Mais prends le bon sang! Je remonte, j'épluche une carotte. Le père est monté à la salle de bain. Je lui crie de se magner quoi qu'il fasse parce que je voudrais me préparer. Je demande cent fois aux filles de mettre leur chaussures. La grande hésite. Hésite encore. Hésite toujours et finit par mettre celles qui ne vont pas avec sa tenue du jour. La petite elle compte toujours ses cartes, décide de ne pas mettre de chaussures. Et pendant ce temps le père est toujours à la salle de bain, et les filles me posent des questions, et je râpe les carottes, et le temps file. Alors je dis de ma voix la plus posée "maisnomd'unchiendeputaindebordeldemerdedesaracejefaistoutdanscettebaraquealorsquandjedemandedefairequelquechoseonm'écoute!". Voilà. La grande elle me regarde et dit qu'elle veut juste mettre son sparadrap. Le père descend - oui - et s'en occupe. Elle râle, c'était à l'autre doigt. Je claque deux bisous d'amour sur la tête à mes filles et je déclare que je démissionne! Je monte me brosser les dents et que chacun se débrouille! Tac! Mais alors que j'ai la bouche pleine je crie quand même à ma grande d'être bien attentive pour son brevet piéton (la petite me confirme qu'elle le sera). Et je lance des 'je t'aime' senteur mentholée. Le père il me souhaite une bonne journée, je marmonne un "c'est ça". Tout le monde est parti, il est 8h27. Trois minutes pour être au boulot ça va être juste. Je saute dans mes baskets, j'attrape mon téléphone. Je n'ai pas eu le temps de boire mon café. Sur le chemin du métro je constate que je n'ai pas mis de déodorant, ni de parfum. Bon. Je monte le son de mes écouteurs, ce matin ce sera Topboy des Infadels. Et comme je dépose ces petites lettres sur mon écran, le père m'envoie un message, il est désolé. Moi aussi, je suis un 'gragon' comme disent mes filles...".

Ce matin là n'était pas à l'image de ce que sont tous nos matins. Il y en a eu des pires et des biens meilleurs. Il y a quelques mois j'avais découvert sur le blog "Mommy shorts" les "Monday Mornings Series". Un portrait photo de ces heures matinales particulières aux mères. J'y pense souvent quand j'ai le T-shirt humide avant même d'avoir atteint le trottoir. J'y pense et je vois le bon, tout le bon. Je vois la petite main dans la mienne, celle du bébé que je n'ai pas pu conduire ni chercher à la crèche pendant de longs mois. Mais que chaque matin désormais je dépose à l'école. Juste elle et moi. Le bon, tout le bon. 

Maintenant ce sont les vacances. Ce sont quatre petites mains qui me font des câlins - toujours à l'aube. La brise fraîche du matin fait danser les rideaux et les rayons du soleil. Je me fiche de la météo. Elles rient et personne ne court. Ce sont les vacances, c'est sûr. 
 

mardi 7 juillet 2015

27/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: elle peut danser, rêver et manger des bonbons, tout à la fois.
Alma: pensive sur son art graphique

Elles ont passé une semaine chez leurs grands-parents. Elles se sont amusées. J'ai survécu. 

lundi 29 juin 2015

26/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: Ma pirate, elle a toujours été ma pirate. Allez savoir. 
Alma: Funny Faces et Oasis / Une fin d'après-midi en tête à tête.

Elles sont investies, même si ce n'est pas toujours sur le même projet. 

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mardi 23 juin 2015

25/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: Elle a toujours une histoire au coin des lèvres.
Alma: Mademoiselle est patiente avec sa mère.

Elles dansent autour du Vélo Sacré à l'electrosound de Barbapapa.

jeudi 18 juin 2015

Je ne suis pas Edith Piaf

Je suis pleine de vie et de joies. Et de regrets aussi. 

Je regrette ces amours qui ont trop duré, ceux qui auraient du prendre fin bien avant ça. Ceux que j'ai aimés pour les mauvaises raisons. Et à qui j'ai fait du mal. Ces amours qui n'étaient pas eux, ni moi non plus. Je regrette ces amours que je n'ai pas su saisir. Ces chances que je n'ai pas données, à moi surtout de les vivre. Ces rencontres improbables faites de choix et de renoncements aussi.

Je regrette de ne pas avoir écouté mes grands-mères avant leur mort. Je regrette de ne pas avoir pris leur main ni pris le temps. Je regrette d'avoir été à la recherche de solution, à défaut de donner l'attention. Je regrette ces morts qui n'ont pas eu le temps de raconter leurs histoires, bribes et souvenirs qu'on se passe. A chaque fois un peu moins vraies, à chaque fois un peu plus belles et moins réelles.

Je regrette les portes que j'ai claquées pour de mauvaises raisons, faute de mots pour ouvrir ma colère à l'échange que je peinais à demander. Je regrette les portes que je n'ai pas claquées sur les mensonges et les faux semblants. Je regrette de les avoir fait miens. Je regrette de les porter gravés au coeur.

Je regrette de ne pas avoir eu les mots. Ni même avoir eu conscience de ce dont j'avais tant besoin.
Je regrette de ne pas avoir fait ce qu'il fallait et de ne pas avoir été celle que je voulais.
Je regrette de ne pas avoir eu confiance, je regrette d'avoir eu peur. Et comme je regrette que ce soit toujours ce qui me fait défaut. 

On ne peut rien changer. Faut-il ça aussi le regretter? 

J'aimerais simplement un rabe de temps avec les gens. Rattraper des mots partis trop vite, dire ceux qui ne sont pas venus. Dire encore une fois, une dernière fois, tout ce que je sais depuis.

Alors. 

Le bien et le mal ne me sont pas égaux.
Je ne peux pas payer, balayer, oublier et me foutre du passé. 
Je ne peux pas allumer le feux sur mes souvenirs. 
Mes chagrins et mes plaisirs me sont précieux.
Je n'ai pas balayé mes amours.
Je ne pars pas de zéro.

C'est vrai, il y a bien cet amour là qui m'a fait commencer.

Mais non, je ne suis pas Edith Piaf.
Et ça je ne le regrette pas.



 
Do the best you can, until you know better. 
Then when you know better, do better. 

- Maya Angelou -

lundi 15 juin 2015

24/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: le hamac, jeu favori et refuge.
Alma: pastèque fraîche et sucrée.

Elles ont profité de la Fancy Fair.

dimanche 14 juin 2015

Sketches of my sweethearts - Things I Found





















 



 


























Des histoires mystérieuses et éphémères, qui ponctuent notre maison, nées de l'imagination de mes filles. Je ne sais pas pourquoi ni comment. Elles disparaissent et renaissent au gré de leurs fantaisies. Parfois je les fixe.

vendredi 12 juin 2015

Mais où est donc Chantal?


Ça fait déjà un petit temps cette histoire.

Un dimanche, cimetière d'Ixelles, La Bastoche, l'envie de manger un bout à quatre.

On choisii une petite table vers le fond, avec banquette et des chaises aussi. On passe commande de pâtes, steak et frites, bières et de l'eau pour les chouquettes.

Les filles sont cool même si elles s'agitent un peu et se chamaillent brièvement. Les chaises se font musicales, chacun cherche son chat et sa place. A l'époque Lola a cinq ans et Alma tout juste deux. Rien d'ingérable. Les parents restent cool.

On mange tranquillement, après découpage des hamburgers, répartition des frites et un moment de flottement sur qui boit dans quel verre.

Après le repas Lola étend ses jambes sur la banquette à côté de moi, entre digestion et ennui. Je lui dis que ça ne se fait pas, elle les retire. Elle balance les jambes en tapant ses pieds. Je lui signale que ça pourrait déranger les autres personnes. Elle me regarde et arrête. Les filles ont envie de bouger. Normal. 

Môman veut terminer son café et se prépare le plus sereinement à réduire en miettes les voisines de la table d'à côté. Môman a déjà dit à Pôpa de ne pas s'emballer, qu'elle s'en chargeait.

Oui, je m'attaque parfois aux vieilles. Mais seulement quand la bienséance le nécessite.

Parce que voilà, tout le repas elles n'ont eu cesse de reluquer notre table. On aurait pu croire avec bon sens qu'elles étaient charmées par ces deux adorables petites filles. Point du tout. Tout le repas ça n'a été que coups d'oeil suivis de commentaires jugeant sur mes deux adorables petites filles. Mes adorables petites filles. Elles ont passé tout ce temps à anticiper ce que mes filles pourraient bien faire qui les dérangerait dans leur quiétude dominicale. Tant et si bien qu'à force de ne faire que nous regarder et faire des commentaires indélicats elles se sont convaincues elles-mêmes que nous les dérangions en occupant leur espace personnel. Sourcils levés, lèvres pincées, moues désapprobatrices et - comme elles sont vieilles - commentaires chuchotés pas si discrètement que ça, faute d'une ouïe perçante.

Moi j'ai l'ouïe perçante.

J'ai gardé mon calme pendant 45 minutes. J'ai lancé quelques regards apaisants puis froids, enfin de mise en garde.

Et puis 'ding', point de non retour. "Heureusement que Chantal n'est pas là (...) ce qu'elle dirait (...) Chantal n'aurait jamais supporté!".

Je repose ma tasse de lait russe, finie. Le père embarque les enfants vers la caisse. Le regard qu'on se lance nécessite 15 ans de vie commune. Il sait. Il lui est clair qu'on ne repasse pas par la table et que quoi qu'il arrive, il s'empressera de mettre les enfants à l'abri.

Je passe la bride de mon sac sur l'épaule, m'essuie délicatement le coin de la bouche, je me lève et me retourne vers la table d'à côté. Je prends appui dessus de manière détendue et je commence,  "Mesdames". Elles lèvent les yeux avec un regard poli et un sourire convenu que l'on pourrait presque imaginer sympathique.

"Vous avez passé toute l'heure à regarder ma famille ostensiblement, vous vous êtes permis de faire des commentaires désobligeants, injustifiés, exposant les oreilles de mes filles à ceux-ci, votre attitude est grossière et il semble évident qu'en la matière vous êtes très mal placées pour donner des leçons ou parler de mes enfants, vous n'êtes que deux vieilles bonnes femmes aigries, je suis fière de mes filles, remarquablement équilibrées et respectueuses de leur environnement et s'il y a quelqu'un ici qui devrait se plaindre des autres, de vous, c'est bien moi!". 

Le O de stupéfaction sur leur visage n'avait pas de prix.

"Encore une chose, si Chantal avait été là, je lui aurais dit d'aller se faire foutre et vous avec, sur ce, bon dimanche".

Quand je suis partie, leur tournant le dos, digne et fière mère, je les entendais hoqueter, choquées, sonnées, vitupérant des paroles que je n'ai pas pris la peine d'écouter ni de retenir. 

J'ai ri en sortant de La Bastoche. Je ris encore en y repensant. Et oui bien sûr, j'irai encore manger là-bas, avec mes filles. Je n'ai pas peur de Chantal. 

lundi 8 juin 2015

23/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: Raiponce
Alma: Elle chante, chante, chante ce refrain qui lui plaît.

Elles aiment avoir de la compagnie. 

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lundi 1 juin 2015

22/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: j'aime ce regard tourné vers son père.
Alma: j'aime ce petit corps tout en courbes.

Elles sont libres dans le soleil.

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