vendredi 23 décembre 2011

Me, Myself and I


                            © Thierry Bingen

En lisant le blog d'une amie je suis tombée sur ce petit jeu du "qui suis-je", elle-même l'ayant pêché chez une autre bloggeuse, faisant elle-même le relais de cette petite (presque) tradition (etc, etc, ...). Passé le premier moment d'hésitation (c'est comme même fort nombriliste comme activité), c'est assez drôle finalement. A la lecture, je ne sais pas mais à la rédaction sûrement. C'est réducteur, incomplet, suffisant et j'aime bien ça. En quelques questions superficielles et quelques réponses brèves c'est intéressant de voir ce que l'on projette de soi ou ce que l'on aimerait projeter. Un instantané d'ici et maintenant. J'aimerais retrouver ceux du même genre que j'ai fait par le passé, les comparer et découvrir quelle part de moi ne peut se travestir. 

Les bases...
Prénom : Chloé.
Surnoms : Clo, Clopi, Clopinette, Lou.
Jour de naissance : 3 septembre.
Lieu de naissance : Bruxelles
Signe du zodiaque : Vierge.
Profession : fait dans le social
Mes signes (pas si) distinctifs...
Couleurs des cheveux : 20 ans de teinture au Henné...peut-être sont-ils chatain clair en réalité? 
Longueur : courts avec une petite mèche rebelle.
Couleur des yeux : bruns quotidien - noirs colère.
Caractéristique à mon avantage : un certain sourire en coin?
Piercings : les oreilles. Nez et nombril dans ma jeunesse.
Tattoos : non.
Gauchère ou droitière : gauchère comme on n'en fait plus!
Mon premier...
Meilleur ami : Marc, toujours un ami, devenu parrain de ma fille.
Récompense : les applaudissements de mes parents après ma première cuillère de purée?
Sport: Je devrais recevoir le prix de l'enfant la plus douée pour éviter toute forme de sport.
Véritables vacances : dont je me souvienne, le Sud (très chaud) de la France, la Bretagne et l'Algérie.
Concert: Serge Reggiani (mes parents n'avaient visiblement pas de baby-sitter ce soir là).
Mon préféré c'est...
Le film: Princess Bride.
Le TV Show: Dawson's Creek.
La couleur : noir.
La chanson : Lullaby - Dixie Chicks.
Le restaurant : "Cantine-Vino-Schiavi" - Venise.
Le magasin : Les choux verts.
Le livre : Le coeur sous le rouleau compresseur - Howard Buten.
Les chaussures : Camper / Birkenstock / All Star (sont tolérées Havaïanas, Kickers et UN modèle de Mephisto).
A ce moment précis...
Je me sens: enrhumée.
Je suis en couple ou célibataire : en couple.
Je bois : un caffè latte macchiato.
J'écoute : Kozmic Blues - Janis Joplin.
Je pense :  que c'est le dernier jour de crèche de ma fille.
Je regarde : mon chat qui me regarde.
Je porte : un pantalon de pyjama beige à carreaux, un hoodie bleu marine, une paire de birkenstock.
Dans le futur...
J'aurai des enfants: Et de un! Deux?  
J'aimerais me marier :  "oui"
J'ai un plan de carrière : d'un poussin devenir une poule? 
J'aimerais vivre:  pas trop loin de ceux que j'aime.
Je crois...
En Dieu : non.
Aux miracles : oui mais sans jamais totalement les dissocier du hasard.
Au coup de foudre: oui (testé et approuvé).
Aux esprits : de la nature?
Aux aliens: sur le mode Roswell, non.
Aux âmes soeurs : oui...
Au ciel : s'il est bleu.
À l'enfer : au boulot.
À s'embrasser au premier rendez-vous : avec ou sans alcool? 
En moi-même : j'en prends tous les jours la résolution...






dimanche 4 décembre 2011

Le verre à moitié plein de maman d'amour

© Chloé Bingen
Il faut savoir aimer la vie (oufti le programme! oui, aujourd'hui je suis audacieuse, j'ai la gueule de bois). Malgré les jours à vide, ceux où il est difficile d'empêcher le décompte des merdes ennuis et de se demander "pourquoi moi?", ces jours où Calimero est ton maître à penser. Les jours vides sont ceux où tu te laisses aller à la mesquinerie. Tu te rappelles les paroles qui blessent, qui agacent, les choses que tu aurais aimé répondre ou dire, que tu aies tort au raison. Ces jours là tu regardes la vie des autres et tu te demandes pourquoi la chance leur sourit à eux - qui n'en touchent pas une. Tu t'en veux aussi parce que c'est un jugement et que finalement même les cons ont droit au bonheur (dure réalité mais qui t'amène à penser dans les bons jours qu'on est toujours le con d'un autre et que donc la chance devrait tourner). Tu te dis que ça aurait été bien quand même si t'avais reçu ta dose avant eux. Tu te les ramasses à la pelle ces contrariétés et si t'étais croyant tu te dirais que vraiment Dieu t'en veut. Dieu merci je ne suis pas croyante. Tu t'en veux aussi parce que parfois tu ne te donnes pas les moyens de faire ce que tu veux et tu en veux aux autres de l'avoir fait (ils m'éééééénerfent ceux là qui ont les c*** que je n'ai pas).
La somme des contrariétés a cela de magnifique c'est qu'elle n'est pas restrictive. Toutes les petites choses que tu n'aimes pas peuvent s'y glisser, du portefeuille volé à des amis qui ne te rappellent pas, de ton grand-père dont l'état de santé fait écho au fait que rien n'est éternel et que ceux que tu aimes te quitteront un jour, à ces amis prêts à accueillir un enfant mais qui ne vient pas, de ce boulot qui te bouffe mais où tu ne veux pas prendre du repos parce que le retour sera encore pire, à tes voisins que tu hais parce qu'ils éveillent le pire en toi, ... Parfois ça ne te concerne même pas mais tu en fais ton problème malgré tout. Ces jours là sont ceux où tu es envahi (tadaaa!). Et dans les méandres de ton cerveau tu ne trouves plus le chemin qui te mène à la légèreté et à la distance. Et puis boum! Tu te repasses le film et cette fois tu te dis que c'est ça la vie. Il y a du pain noir au menu mais il y a du dessert aussi (avec ou sans fromage). Est-ce l'effet des mantras que tu as récités à perte ? (j'ai une valise pleine de proverbes dont j'use et abuse pour contrer le pain noir) ou une relativisation miraculeuse qui te fait dire que tu as beaucoup comparé à d'autres et que la vraie sagesse est d'en prendre conscience. Donc Boum! Là, l'oeil neuf tu regardes ces peines/soucis/chagrins/colères et tu te sens bien. Finalement, est-ce bien nécessaire de sacrifier une amitié sur l'autel du combat quotidien pour se parquer dans ta rue? Est-ce bien nécessaire de te faire tant de mal à constater que l'autre te fait tant de mal? Après tout l'autre se fout de toi et le temps que tu sacrifies à y penser, il/elle le passe à bien d'autres activités sans se soucier de toi... Tu te dis  - magnanime - que dans ta grande bonté tu es au-dessus de la mêlée et que tu ne veux pas perdre une minute de ton temps à être mesquin, à être chagrin. Boum! T'es reparti dans l'autre sens. C'est bien tous ces sentiments dégoulinants et ce regard un brin condescendant sur l'autre mais finalement après 45 minutes à tourner pour chercher ta place de parking, tu l'encastrerais bien ton voisin. Et c'te c*** qui te fait c*** tu lui sortirais bien ses 4 vérités. T'as envie de mettre ta coquille sur la tête et de crier bien fort "c'est trop injuste!". Dans ces moments là (si t'as pas l'effet Boum! inverse), arrête toi. Ouvre par exemple un livre de Pancol qui finit bien (essaie avant de dire que tu n'aimes pas!). On a tellement pris l'habitude que tout finisse mal que ça paraît toujours fleur bleue quand ce n'est pas le cas. D'autant plus si le héros est de classe moyenne (une tranche anonyme sans problèmes percutants). Arrête toi et fais toi un tchaï au coin du feu. Arrête toi et mets le dernier album que tu as reçu d'un ami (un collector limited edition quand même!). Tu peux même lire ton livre en buvant un tchaï avec Wallis Bird en fond sonore. Si tu n'as pas tout ça, que tu n'aimes pas le tchaï, Katherine Pancol ou Wallis Bird tu peux quand même t'arrêter et prendre le temps d'une respiration pour regarder ce qui t'entoure. Moi je vois des livres, des dessins d'enfants, une guitare, une tasse de café, un chat qui ronronne (et qui perd ses poils), une boîte de Dafalgan. Et là je dois faire un choix. Râler parce que mon cher et tendre ne met pas sa tasse au lave vaisselle? Râler en regardant la couche de poils de chat à aspirer? Se dire qu'on n'a plus 20 ans et que hier au bar c'était marrant mais ce matin ça craint? Ou?... Me réjouir parce que mon grand-père va mieux et qu'il parle avec passion du fond de son lit d'hôpital des livres qu'il lui faut encore écrire (et tant pis pour ceux et celles qui l'enterraient déjà!). Me réjouir d'avoir retrouvé des amis, autour de mojitos en cascade ou derrière une guitare! Ecouter ma fille chanter à tue-tête et en boucle "La-mère-Michel-mon-petit-lapin-promenons-nous-dans-les-bois-petit-escargot-bateaux-sur-l'eau-un-petit-canard-au-bord-de-l'eau-..."! Et entendre cette même cantatrice coquine te dire un lundi matin "tu es ma maman d'amour". Parfois, je dis bien parfois, c'est une question de remplissage. Un verre à moitié vide ou un verre à moitié plein. Ni démago' ni idéaliste je m'arrête 5 minutes sur les petits plaisirs de la vie, version bonne cuvée. Ca ne sauve pas tout et faut-il encore les voir mais parfois quand la valse des sentiments à chier t'emporte dans le tourbillon magique du moral à zéro, faut bien s'accrocher à quelque chose. Les petits miracles, les petits mots, les petits hasards qui n'en sont pas. Et puis quand t'as fait une accroche il ne reste plus qu'à lâcher prise (ah ben oui sinon tu vires pathétique) et te laisser porter par cet indéfinissable sentiment de bien-être, le temps qu'il durera. Prends ce qu'il y a à prendre. Si tu t'assieds c'est pour mieux repartir, pas pour te contempler le nombril (sauf si tu te sens particulièrement bien). Le pain noir revient de temps en temps sur la table, les verres se vident et se remplissent. Tu bois seul ou accompagné. C'est comme ça la vie. Dans toute son éclatante banalité. Loin de faire la morale, la fleur aux dents et le sourire aux lèvres, j'avais envie de partager mon verre à moitié plein - aujourd'hui - avec ceux qui le veulent. Santé!

vendredi 25 novembre 2011

Prise de risque



© photo Thierry Bingen - voyage en Palestine, novembre 2011.
...Now the sweet veils of mercy
drift through the evening trees
Young men on the corner
like scattered leaves
The boarded up windows
The hustlers and thieves
While my brother's down on his knees
My city of ruins
Come on rise up!
(Bruce Springsteen)


La première chose qui me vient à l'esprit en pensant au conflit Israëlo-Palestinien c'est qu'il est difficile d'en parler. Et que c'est le sujet qui va vous plomber une soirée (croyez moi, même entre amis, à moins que ces mêmes amis partagent presque inconditionnellement votre point de vue). La réponse la plus courante lorsque le sujet se profile est "tu sais c'est un sujet très complexe et je ne maîtrise pas toute l'histoire et les enjeux". Bouhou! C'est un sujet qui fait peur parce qu'il faut parler des juifs et des arabes. Des mots qui font peur parce qu'ils sont connotés, chargés de sens ou d'émotions. Et que la terreur d'être désigné comme antisémite nous fait taire (on se demande bien à quel titre d'ailleurs mais avouons le tout de même, en ces temps d'amalgame...).
Haut les coeurs! Il est temps de mettre des mots sans en avoir peur. Il est temps de parler. Comme beaucoup il est vrai que je n'ai pas une perception pointue du conflit sur le fond historique, je n'ai pas potassé des milliers de livres sur la question, je n'étais pas née en 1948, je ne suis ni juive, ni Israëlienne, ni arabe, ni Palestinienne. Mais je suis humaine, avec un fond d'humanité en moi (ce à quoi tous les humains ne peuvent prétendre...). Et à ce titre je suis en droit de parler des droits humains et de leurs bafouements. J'ai le droit de ne pas accepter de me taire face à l'Histoire qu'il faut respecter. L'histoire c'est l'affaire de tous et elle ne se conjugue pas qu'au passé. Aujourd'hui en Palestine il y a des personnes qui vivent dans un état de guerre. Certains l'ont choisi, d'autres pas. Certains boivent du champagne au bord de la plage, d'autres sont privés d'eau. Certains sont modérés, d'autres moins, il y a même des extrémistes. Il y a même des colons en territoire Palestinien. Oui. Ces colonies sont des violations systématiques des droits humains et ne peuvent pas vous laisser indifférents. Oui. Mais je suis en colère plus globalement sur la négation de la souffrance engendrée par cet état de fait dans lequel grandissent aujourd'hui des enfants dont on ne pourra rien attendre d'autre que de la colère et des représailles violentes si le déni persiste. Je ne peux croire que les enfants de Gaza, évoluant depuis leur naissance dans un état traumatique, puissent plier sous le poids de l'oppression sans révolte. Il y a pourtant - il faut le souligner- en Israël, et partout dans le monde, des personnes de bonnes volontés, de toutes les communautés, qui travaillent à un processus de paix. Plus ou moins loin des grands de ce monde, qui manifestement ont des priorités toutes particulières en terme de paix, il y a des travailleurs sociaux, des idéalistes, de fervents humanistes qui désirent ardemment cette paix, cette reconnaissance de l'autre dans sa richesse. Pendant ce temps là il y en a d'autres qui persistent et signent dans l'ignorance. Ces autres érigent des murs, humilient des hommes et des femmes, colonisent, privent d'eau et de logements des familles, détruisent un héritage. Ces autres attisent la haine et tentent de nier les droits, même l'existence, de ceux qui sont leurs frères. Sans doute ne peuvent-ils se reconnaître dans ce lien, trop acharnés à le détruire. Parler du conflit Israëlo-Palestinien ce n'est pas que parler d'histoire millénaire ni de celui qui était là avant l'autre (sinon peu de pays ou de peuples pourrait aujourd'hui s'arroger le droit de leur terre). Parler de ce conflit c'est avant tout parler d'un Etat de souffrance. La souffrance de ceux privés de beaucoup ou de tout, surtout privés de leur dignité. La souffrance aussi d'un groupe de personnes qui en opprime d'autres. Au nom de sa propre histoire? Ce serait le paradoxe absolu. Si la 2ème guerre mondiale devrait nous avoir appris une leçon c'est que la barbarie la plus absolue est possible et qu'il est de notre devoir de ne pas la laisser se reproduire. Le drame de la 2ème guerre mondiale n'appartient pas à une et une seule communauté parce que ce drame est de la responsabilité de tous. Et aujourd'hui il en va de même quant à cette responsabilité - commune - de refuser le déni d'un peuple par un autre. Au passage nous noterons, par une petite digression, le Tibet oublié qui devrait faire l'objet d'une chronique à lui tout seul. En termes de négation de la culture, de la religion, des croyances et des traditions de l'autre, il y a là un grand gagnant! Mais bon, le Tibet, c'est vraiment très loin de chez nous, très haut et les enjeux économiques y sont mineurs pour le moment. En plus ils sont non violents... Passons. Revenons à la prise de risque du jour. Moi ça ne me gêne pas de dire que les colons sont des irresponsables, des criminels, qui vont au devant de problèmes et qui n'obtiendront aucune compassion de ma part. Mais dans ma grande bonté (dont ils se contre foutent royalement) je me désole secrètement pour eux et tout ce qu'ils manquent en refusant d'être ouverts à l'autre. Tout ce qu'ils détruisent aussi. Alors, j'ai tort de parler du conflit Israëlo-Palestinien parce que je ne suis pas une spécialiste de la "question"? De parler d'une histoire d'hommes guidés par des peurs et par de l'ignorance? C'est finalement l'histoire de tous les conflits. Celui-ci n'est pas différent des autres. Refuser d'en parler c'est rejoindre le camp de l'ignorance et de la peur. Il y a d'autres chemins possibles. La paix est l'affaire de tous.

Pour ceux qui dansent d'un pied sur l'autre, hésitant encore à prendre une position, à ce sujet mais sur d'autres aussi, à s'engager dans la voix de l'opinion (la mienne ou une autre, je ne suis pas sectaire), je ne peux que vous inviter à lire Stéphane Hessel et pourquoi pas "Indignez-vous"...



mercredi 16 novembre 2011

Le coeur flingué

©Chloé Bingen
Aujourd'hui j'ai fermé les yeux sur un enfant. Pas le mien. Un de mes "dossiers" comme on les appelle. Un dossier parmi des milliers, une petite fille parmi beaucoup d'autres. J'ai fermé les yeux parce que je n'ai pas pu aller plus loin. Il n'y a pas de croustillant à lire ici (si tu cherches des faits divers spectaculaires lecteur, il y a toujours RTL ou 7 sur7). C'est juste une triste histoire, d'une maman sans papiers et de sa petite fille dont elle est séparée. Une petite fille qui souffre parce qu'il a fallut la protéger et qu'il n'y avait pas de place pour sa maman. Parce que cette petite fille elle a un toit mais pas sa mère. Il y en a beaucoup de ces enfants arrachés à leurs parents faute de solutions pour tous. C'est une histoire banale celle des familles éclatées. Je n'ai pas pu aller plus loin et je me fiche des raisons bonnes et mauvaises. Tout ce que j'ai entendu c'est qu'une nuit de plus cette enfant serait séparée de sa mère et qu'elle a mal. Qu'au nom de l'aide matérielle que je lui apporte, je la prive de l'affection qu'elle réclame à corps et à cris. Qu'elle serait sans doute bien plus sereine dans les bras de sa mère mais que ces bras ne la protégeront pas du froid quand elles seront sous un pont la nuit. Il n'y a pas de solution idéale. Ni pour elles, ni pour moi.
J'en ai des masses des histoires d'enfants a raconter. Des histoires les plus moches aux plus pathétiques, parfois comiques. Au boulot je mets mon costume et j'installe (j'aimerais dire le plus naturellement du monde) cette distance qui fait de moi la professionnelle que je suis. Et puis parfois il y a une histoire qui vous tombe sur le coin de la gueule sans crier gare. On est humain après tout. Je pourrais me lancer dans une litanie sans fin contre les politiques qui ont toujours d'autres priorités, contre les politiques toujours plus répressives et toujours plus cruelles, contre l'aveuglement de la société qui est toujours derrière le mauvais méchant et l'écroulement de cette même société dans laquelle certains paient un prix très lourd. Sur la saturation du système. Je pourrais me dire et redire qu'on ne peut sauver tout le monde, qu'il y en a des milliers qui souffrent et dont j'ignore tout, que cette histoire n'est pas si grave et que je ne suis pas responsable. Je pourrais oui, mais demain alors. Ce soir je me sens abattue, le coeur flingué par cette enfant. Ni guimauve ni sentimentalisme ni apitoiement. Cette petite fille a l'âge de la mienne et la juste distance m'a fait défaut. Aujourd'hui je suis rentrée chez moi retrouver un homme qui m'aime et qui m'accompagne même quand j'ai le coeur flingué. Je suis rentrée chez moi pour retrouver ma fille que j'ai mise au lit après l'avoir serrée tout contre moi et lui avoir dit combien elle était merveilleuse. Je suis rentrée chez moi me faire couler un bain chaud pour oublier la misère qui m'entoure. Je ne dors pas dans la rue, je ne suis pas séparée de ceux que j'aime, j'ai des amis sur les épaules de qui je peux pleurer sur le malheur des autres. Note à moi-même: tu as de la chance, ne l'oublies pas.

lundi 14 novembre 2011

Le soleil blanc

©photo Barbara Nankman

Ce qui est bien avec les saisons c'est quand il y en a. Quel bonheur hier matin de regarder par la fenêtre et d'apercevoir le ciel embrumé. La couleur disait tout: frais, un peu piquant, une odeur de feuilles qui tombent. Une odeur qui donne envie de faire un feu dans la cheminée. Hier donc cher lecteur, après avoir rêvassé de l'autre côté de ma fenêtre sur cette saison qui n'en finissait plus d'arriver, je suis passée de l'autre côté de ma porte (ben oui pas du côté obscur) pour partir en campagne (tu seras impressionné lecteur parce comme tu ne le sais peut-être pas je n'aime pas la campagne). Sur la route de la province les arbres découpaient leurs silhouettes dans la brume, entre encre de chine et papier de soie. C'était doux et beau, très apaisant. Comme je montrais le soleil éthéré habillé d'un voile à mon elfe, elle me répondit "c'est la lune maman". Non non, c'est bien le soleil ma belle enfant (et qu'il est encore trop tôt pour la lune qui fait encore dodo...). Petit silence dubitatif et une analyse de la situation plus tard, elle me répond candide "c'est le soleil blanc maman". Oui mon ange, c'est le soleil blanc.
C'est à mon tour de garder le silence et de regarder avec les yeux de ma fille ce paysage que je trouvais joli il y a un instant et que je trouve maintenant magique par sa poésie. Je me rappelle que j'aime les saisons et la magie du changement qu'elles nous imposent. Le nouveau regard à poser. Et je me dis que je n'ai pas envie de me plaindre du froid ou de la brume, ni de l'humidité qui tombe avec les feuilles. J'ai passé un délicieux après-midi et sur la route du retour c'était bien la lune qui brillait dans le ciel. Mais mon elfe ne l'a pas vue, elle dormait d'un sommeil paisible, un petit ronflement au coin du nez. Ce soir c'est au coin du feu que j'écris, me réjouissant de pouvoir utiliser mon poêle à bois. Et last but not least, pour paraphraser une amie: "quel est le sens d'avoir des collections si les saisons ne vont pas avec?". Alors je me suis aussi réjouie ce matin de pouvoir mettre mon nouveau manteau très classy. Vivement le bonnet et les gants assortis! C'est chouette les saisons.

samedi 12 novembre 2011

Première fournée

©Chloé Bingen
Penser un projet c'est bien, le réaliser parfois c'est encore mieux. Depuis longtemps je cherchais un endroit où déposer ces petites idées qui fourmillent dans la tête (et faire d'énormes économies dans ma facture téléphone). Un peu lente parfois, certes j'en conviens, il m'aura fallut la lecture de nombreux blogs (durant des mois, voire des années) avant que "OMG, je peux aussi faire ça moi - YES I CAN!". Bon ça c'est dit. Une semaine de congé maladie à ruminer au fond de mon lit et un samedi matin à contempler la créativité de mon elfe (aka Lola ma fille) et hop me voilà sur la toile. On peut faire ça comme ça. Hop, un samedi matin en regardant son salon tel un champ de bataille, me rappelant étrangement... le menu déroulant d'un blog (si si lecteur, plisse les yeux, tourne ta tête de droite à gauche et tu le verra aussi).
Un blog, hum. Une sorte de Facebook privatif, avec invités triés sur le volet (oui oui lecteur, si tu lis ceci sache que tu fais partie du cercle très fermé des adeptes de frais du jour). J'imagine de suite ma grand-mère me disant "oui mais ça sert à quoi ?". Ben a rien justement. C'est l'objet virtuel de notre génération. Un miroir à qui parler, qui espère-t-on pourra nous renvoyer notre créativité, assortie de quelques compliments. C'est un psy mais sans rendez-vous, gratuit, qui ne vous répondra pas avec une question. C'est l'ami à qui parler tard dans la nuit qu'on ne devra pas réveiller. C'est le lieu où se montrer fort de ses convictions sans avoir à en rougir (et même si, personne n'est là pour le voir). C'est la définition même de notre génération, l'exhibition invisible, le partage à tout prix sans avoir à rencontrer l'autre. Pffffff me diras-tu cher lecteur... C'est aussi pour moi l'occasion de partager avec tous les échanges que j'ai pu avoir avec chacun (si si lecteur, tu te reconnaîtra parfois) et d'enrichir ces réflexions en les mondialisant (oui heu... la modestie ne fait pas partie de mon avatar virtuel). 

Enfin je dédicace cette première fournée à une amie très chère, coincée dans sa chambre à attendre l'arrivée de son bébé et qui bientôt aura fait le tour de FB et des séries en streaming.