vendredi 30 janvier 2015

L'histoire de Daa

Pour ma "soeur" qui m'a choisie et m'a reconnue dans ce qui fait toutes nos différences et ce qui nous unit.

Il y a quelques semaines je me rendue à une messe, veillée funèbre, à la mémoire de la grand-mère d'une amie. Elle m'avait invitée à rejoindre sa famille et ses proches pour prier et commémorer. Nous étions trois amies à nous y rendre ensemble. Il y avait beaucoup de monde.

Il y a eu de très beaux chants et de nombreuses interventions familiales et liturgiques. On nous a raconté l'histoire de Philomène dite Daa. C'était une femme de caractère. C'était une belle femme. Ouverte et généreuse, elle a élevé ses enfants et les enfants de ses enfants. Elle les a portés sur le dos, sous la chaleur, au marché. Elle a chanté pour eux, elle les a bercés. Elle a su les guider. Elle a partagé son foyer avec d'autres femmes. Elle était croyante, une fervente servante de Dieu. Elle était humble mais l'hommage qui lui a été rendu était vibrant et la peine à son départ est intense, immense. Dans un dernier souffle ses mots ont traversé les océans qui la séparaient de ces enfants devenus grands.

Après, on a bu des jus de fruits et du café. On a mangé des beignets salés et sucrés. On a dit bonjour un nombre incalculable de fois, serré des mains, baisé des joues et on a ri.

Est-ce que mon histoire serait différente si je dis que mon amie est togolaise? Que dans les veines de Daa coulait aussi du sang danois? Que je ne suis pas croyante, que j'étais accompagnée d'une belge de confession musulmane et d'une amie que je ne pourrais - même si je le voulais - faire entrer dans une case. Est-ce que l'émotion serait amoindrie si je dis que je ne connaissais pas Philomène, mamy, Daa, la belle femme à la forte croyance et au grand coeur? 

Ça n'a pas d'importance, pour moi. L'amitié n'a ni couleur, ni frontière, ni foi. N'en déplaise aux heures sombres. Belle Daa, merci à toi.


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Daa

lundi 26 janvier 2015

4/52

A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: Reine des neiges
Alma: Bibendum des neiges

Elles sont pas peu fières. 

dimanche 18 janvier 2015

3/52



A portrait of my children, once a week, every week in 2015

Lola: mon adolescente de 5 ans et demi.
Alma: Chamois d'Or.

Elles font du pain perdu, avec plus ou moins d'enthousiasme. 

vendredi 16 janvier 2015

ceci n'est pas un débat

Pour une mouette qui ne cesse de rire avec moi

S'il y a un truc que je n'aime pas (trop souvent) faire sur mon coin de la toile c'est de réagir à l'actualité brûlante. Alors après le drame de "Charlie Hebdo" je me suis dit que je n'écrirais pas là-dessus. Non, je ne vais pas parler de Charlie Hebdo ici. Mais si tu es curieux je peux te raconter mes anecdotes sur ma relation avec Charlie et pourquoi je suis triste, ailleurs, une autre fois. Il y a des tas de gens qui écrivent sur Charlie, même si cette fois je n'ajouterai pas "beaucoup mieux que moi". Je ne le fais pas parce que ce n'est pas ce qui m'agite. Bon si ça m'agite en vrai mais ce n'est pas l'histoire que j'ai envie de conter. Cette histoire est celle  qui me tient éveillée la nuit et me donne parfois envie de pleurer sur le chemin du boulot (mon mec dit que ce sont les musiques déprimantes de mon iPhone, le doute est permis).

J'ai lu comme tout le monde la pléthore d'articles d'opinions, d'analyses, de critiques et de soutiens. J'en ai trouvé de fort intéressants que je me suis permis de partager via le réseau social. Je n'ai pas tranché ma position c'est vrai. J'ai trouvé que certaines critiques de Charlie avaient une place dans la réflexion tout comme les réflexions sur les racines socio-économiques amenant des jeunes, aujourd'hui adultes, à devenir des fanatiques meurtriers. Oui, je partage aussi l'idée que les politiques nationales et internationales ont une part de responsabilité. Le débat ouvert par ces meurtres est large et les angles d'analyse multiples. Je ne me cantonne pas aux appartenances religieuses, je parle aussi des classes sociales et des orientations philosophiques ou d'autres encore. La liste est longue. Oui bien sûr les communautés se sentent visées, les juifs, les musulmans et puis les libres penseurs qui défendent la liberté d'expression. Et aucune de ces communautés n'a vraiment tort (indice : si je faisais un débat ce serait un élément de réponse).

Là où le bât blesse, c'est que si l'échange est parfois resté stérile il a aussi parfois méchamment dérapé. Ce débat était entre amis et j'ai dû lire des choses qui m'ont atteinte au coeur. Parce que voyez-vous, je suis un peu antisémite semble-t-il. Un peu islamophobe. Un peu conne. Un peu trop engagée. Un peu trop à gauche. Un peu méchante. Un peu aveugle. Un peu intolérante. Un peu injuste. Bon. Moi je me sens  surtout énormément, profondément, durablement blessée et touchée dans mes convictions les plus intimes.  

Moi je croyais que les gens qui m'entouraient étaient avant tout des amis. Mais voilà depuis quelques jours je prends conscience que je ne suis pas juive, je ne suis pas musulmane, je ne suis pas française ni arabe, je ne suis pas croyante. Je croyais que j'étais Charlie, avec des tas de Charlie comme moi. Mais non. Je suis peut-être l'amie mais pas tout le temps, pas en temps de crise. Là, chacun rentre dans sa petite case. Les portes claquent, les amis FB sont supprimés, les articles et les commentaires effacés. Et je reste toute seule avec ce profond désir de dire et redire que nous sommes tous frères. Que les croyances n'importent pas, ni la couleur ni l'origine. Je suis Charlie mais je suis aussi naïve dirait mon mec.

Alors en lieu et place d'arriver à faire entendre mon insignifiante voix, de faire entendre qu'il faut refuser les stigmatisations et le jeu politique, qu'il faut refuser de fermer nos portes et nos coeurs, j'ai passé un temps infini à écrire une longue liste des "non je...". Je ne sais plus ce que je veux dire parce que je ne suis finalement jamais arrivée à le dire. Je me suis fait tirer dessus de toutes parts (symboliquement, j'ai eu de la chance). Je crois que c'était un truc du genre "je ne partage pas vos croyances mais je les respecte, tâchez de faire de même avec ma liberté et mes valeurs" ou "je partage vos peurs mais je ne veux pas nourrir la psychose ambiante, terreau fertile aux abus". "Je veux comprendre". Je n'ai jamais voulu convaincre ceux qui m'entouraient du bien fondé de ma position mais plutôt tenter d'offrir des pistes de dialogues. On ne peut réclamer le droit de se faire respecter si on ne laisse pas ce droit à l'autre. Enfin comme on dit, ma liberté s'arrête... et tout ça quoi. Une nouvelle fois j'ai goûté à l'amertume de ne pas faire partie d'une communauté, d'une religion, d'une case prédéfinie. Moi je trouvais ça pourtant formidable d'être libre.

On ne sera pas sous le feu nourri des kalachnikovs ni des médias en continu et ces amis redeviendront mes interlocuteurs du quotidien mais la trace reste. La tache. Ce moment où j'ai entrevu que les liens ne résistent souvent pas à la peur et au communautarisme de tous poils. Je peux sans doute aimer tout le monde mais tout le monde ne veut pas de mon amour inconditionnel. Et beaucoup me demande de choisir. Pas en ces termes bien sûr, en voulant plutôt me faire entendre raison, à tout prix. Et j'entends et je lis. Et je tente de comprendre, de faire du lien et mettre du sens, pour eux et pour moi.

Mais je ne choisis pas. Mon coeur est fidèle à mes principes. Je continue d'aimer et de militer, même si mes positions m'opposent parfois à certains qui seront aussi ceux que je voudrai protéger demain. Je ne veux pas choisir. Choisir c'est renoncer. Je m'y refuse parce que je crois en un idéal d'égalité et de fraternité. Certains diront que c'est une utopie, moi je dis que sans projet on ne va nul part. Refuser de participer à l'érosion de l'union c'est un début.
 
Bon demain je vais m'acheter un grand drap de lit blanc et une paire de sandales. Ou alors je m'isole sur une île pendant 27 ans et quand je reviens je tends la main à ceux qui m'ont offensée (j'ai pas dit pardonner hein). Je vais pas me voiler la face, je ne suis ni Gandhi ni Mandela. Est-ce que je peux encore dire que je suis Charlie? Charlie il se cherche. Et quelqu'un m'a dit (non pas Carla) que se chercher, se trouver, se connaître c'est le travail d'une vie. Je me demande pourquoi il y a tant de chômeurs alors.

lundi 12 janvier 2015

2/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2015

Lola: la goutte qui fait parfois déborder le vase, malgré elle. 
Alma: elle ne perd jamais une miette de la goutte.

Elles sont les héroïnes de mes chroniques de salle de bain.

dimanche 4 janvier 2015

1/52


A portrait of my children, once a week, every week in 2015

Lola: elle transcende le port du chapeau de cowboy.
Alma: c'est un chapeau de Kirikou, "woui, petit Kikou".

Elles auront l'occasion de partager une photo chaque semaine, parce qu'elles partagent chaque instant.

2015, le retour du "52 Project". J'ai pas mal cogité sur la forme que je souhaitais lui donner cette fois. En noir et blanc exclusivement, portraits figés, seuls, en famille, pas de portraits mais des instantanés témoignant de leur passage, mises en scène. Je n'ai pas su trancher, un petit peu parce que je n'ai pas eu envie. Je reprends simplement la route du journal photo qui se modulera au gré de mes humeurs et de ce que les filles voudront bien en faire. Si Lola a maintenant pleinement conscience du processus, ce qui rend la chasse à la spontanéité intéressante, Alma se contente parfois de refuser l'appareil. Je les suivrai donc dans ce qu'elles veulent me donner - ou pas. Toujours sans artifices, sans travail de l'image. C'est le jeu aussi.

Comme chaque année, je suis le projet de Jodi sur son blog 'Practising Simplicity'. L'occasion de découvrir les 52 Project d'autres personnes, de liens en liens.

jeudi 1 janvier 2015

Bits & pieces of my Christmas dinner - circa 2013

La saison des fêtes se termine doucement. Je vais les retenir, encore un peu, en parlant de Noël passé. A cette occasion nous avions réuni nos parents et celle qui reste de nos grands-parents, dans un lieu spécial, notre nouvelle maison. Une maison construite en 1949 par mes grands-parents et aujourd'hui nôtre. Aujourd'hui mienne. Pour cette occasion j'avais sorti la nappe de mon enfance, celle que j'ai toujours connue pour les grands jours chez ma bonne-maman. Une nappe aujourd'hui mienne. J'ai sorti la vaisselle de mes grands-parents. Les si jolies tasses que j'ai toujours connues dans la vitrine du buffet de mes grands-parents. Des tasses aujourd'hui miennes. Le café a coulé dans le service Chloé que m'avait gardé ma grand-mère. Un service aujourd'hui mien. Quelques fleurs du jardin. Aujourd'hui mien. Et les assiettes ont été remplies de mise-en-bouche, d'entrées, de plats et de desserts. Recettes de la grand-mère de mon cher et tendre, encore là pour les commenter, les apprécier ou les critiquer. Il y avait des bulles, du bon vin, une eau fraîche et pétillante. Un café chaud et rond dans la bouche pour adoucir le sucre du dessert, fait à mon intention par ma belle-mère. Bien plus que les cadeaux, il y avait la présence des gens qui nous ont fait grandir, qu'ils soient à table ou dans nos pensées, dans les objets, sur nos palais et dans nos souvenirs. Les traditions sont faites pour être transmises. L'amour aussi. Et c'est pour cette raison que nous avons fêté Noël cette année dans la maison de mes beaux-parents, un nouveau lieu, de nouvelles racines. Nous avons joué, ri, dansé, bien bu et bien mangé. Nous étions sur la branche du chêne, forte et solide, heureux d'être ensemble. Toujours avec amour.

A l'année prochaine.

Résolutions?

Premier jour de l'an nouveau. Je n'ai absolument aucune résolution fracassante. Peut-être même à l'inverse, je tente le tout à la baisse. 2015 sera l'occasion de ne pas trop attendre de moi-même ni de ceux qui m'entourent. Recevoir ce qui est à donner et offrir ce que l'on a à partager. Je ne vais rien arrêter ni commencer. Je vais plutôt simplifier à défaut de me priver. Nettoyer, trier, ranger mes brols, mes tiroirs, mes relations, mes priorités. Je vais aussi prendre le temps de m'aimer. C'est toujours un bon début pour aimer l'autre. Je vais prendre le temps de m'accepter. C'est toujours un bon début pour accepter l'autre. Accepter que l'on ne puisse ni plaire à tous, ni répondre à tout et que l'on est tout de même quelqu'un de bien. Je vais m'offrir un petit bain de fidélité à moi-même avec une pincée de confiance. 

C'était une très belle journée pour ne rien commencer.