vendredi 31 août 2012

I'm your man


©Paulette (t.3 le mariage de Paulette) - Wolinski - G. Pinchard
S'il y a bien quelque chose que j'entends souvent au sujet de l'homme qui partage ma vie, c'est que je dois me réjouir de l'avoir. Comme me disait ma grand-mère lorsque je l'ai rencontré "ne gâche pas tout cette fois!" (oui, ma grand-mère a le commentaire délicat). Et pour un peu il faudrait même que je sois reconnaissante de ce petit miracle quotidien qu'on appelle parfois l'égalité (ou presque) des rôles au sein de notre couple. Spécimen rare semble-t-il d'homme normal...

Pas d'emballement, des siècles, des milliers d'années d'homo habitus machistus n'ont pas brusquement sauté une génération pour faire de lui un homme à l'égal de la femme (héhé, permettez le clin d'oeil) mais il semble moins affecté que d'autres par certaines attentes propres au sexe fort (je "héhé" à nouveau). Pas de soupe (aux poireaux) qui l'attend sur le gaz au retour du boulot, pas de linge plié fleurant bon le frais (mais entassé ça sûrement), pas (souvent) de tenue de soubrette et surtout pas de "toi avant moi". Pas non plus d'homme maltraité durant l'écriture de cette réflexion ni avant ni après. Juste un homme et une femme partageant une tranche de vie.

Je n'ai pas envie de me livrer à une critique de la gent masculine que j'apprécie fort par ailleurs et surtout à sa juste valeur (héhé n°3). Mais je ne peux m'empêcher de lever le sourcil encore valide qui me reste à l'idée que mon compagnon de vie serait une perle rare (que je suis évidemment la seule à ne pas voir). Les esprits chagrins diront que je ne vois jamais que le verre à moitié vide mais moi je dirais plutôt que je ne veux pas passer mon temps à me réjouir de ce qui est normal. Monsieur sort les poubelles, fait les courses, le repas, s'occupe de sa fille, travaille à temps plein, fait certains des caprices de Madame et puis ce qu'il veut aussi. Madame fait le linge, gère les plannings divers, l'enfant, certains des caprices de Monsieur et puis je fais ce que je veux aussi. Je ne satisfais pas les moindres demandes, je ne suis pas dans une position où je fais tout pour garder L'HOMME auprès de moi. Je n'ai pas grand chose à prouver. Je ne pense pas que le charme "brut" soit suffisant mais je ne crois pas non plus que c'est à moi, la femme, d'être exclusivement en démonstration, au boulot, en demande, dans la crainte de ne pas suffire et donc de perdre l'autre. Si tu veux quelque chose moi je dis "bouge ton cul" et si je veux quelque chose de toi je dis "bouge ton cul". Oui je suis comme ça. Après 13 ans de vie commune je ne crois pas à la perle rare qui fait mes caprices et le ménage, je crois simplement que tous les hommes ne sont pas dominés par une certaine idéologie du mâle dominant ni éduqués par des mères soumises à cette même idéologie (et qui dès lors ne leur ont pas mis de coups de pieds aux fesses). Je pense vivre avec quelqu'un qui a compris qu'une vie commune est faite de tâches communes, enfants compris. Et si je sacrifie parfois à la tradition de la mère qui en fait deux fois plus que le père c'est aussi parce que je suis une mère qui le veut. Mon sang ne fait qu'un tour lorsque j'entends que j'ai de la chance d'avoir un "homme présent", un "père impliqué" et gnagnagna et gnagnagna. L'enfant ça se fait à deux non? Bon, ben ça s'éduque à deux.

Remercier pour ce  qui devrait être acquis me semble le comble. Pas de chance pour l'autre partie de mon couple. Il aimerait, c'est vrai, bien évidemment que je le reconnaisse dans ses mérites (et rassurez-vous je le fais parfois quand il ne m'écoute pas). Enfin, pour enfoncer le clou du mythe de cet homme il faut savoir qu'il comprend AUSSI que je ne le fasse pas.

Il est difficile de trouver celui ou celle qui partagera votre vie. Un couple est fait de compromis mais aussi de clichés et d'attentes. J'ai parfois envie de croire aux histoires à l'eau de rose mais je ne pourrais qu'être déçue. Je me réjouis plutôt d'avoir rencontré quelqu'un avec qui il est possible de survivre à la routine et parfois même d'y ajouter un peu de magie.

Ces jours derniers, je couve précieusement ma progéniture attendue sous (très) peu, mère en attente, un peu anxieuse et pleine de demandes. Et je suis apaisée parce que cet homme, ce père, a fait discrètement les mille et une tâches demandées (parfois insensées) afin de me faire plaisir. Il n'avait aucune autre raison de le faire. (Prince) Charmant hein?

Je l'aime parce qu'il m'aime comme je suis, même quand ça le rend fou.
Je l'aime parce qu'il me dit qu'il n'aime pas Leonard Cohen et que je ne pense qu'à lui en l'écoutant.

(fais toi plaisir, clique sur le lien)