vendredi 31 octobre 2014

Pixar, Walt et moi

(aujourd'hui on clique sur l'orange, c'est Halloween, on joue à se faire peur).

Le samedi matin chez nous, avant la balade et la studieuse bibliothèque, il y a le Scooby Doo de Lola et les Lapins Crétins d'Alma. Des personnages de choix en cette période d'Halloween. 
 
Mais il n'y a pas que ça. Car il se peut que j'aime les Disney et les Pixar. Pas les pyjamas ni les cartables (c'est vraiment trop laid, je m'excuse) mais les dessins animés, oui, je les aime beaucoup. Je suis une inconditionnelle de Toy Story, ce que j'ai transmis à mes deux filles qui en sont frappa-dingues. Elles ont chacune à leur tour fait main basse sur le coffret magique. Je reste émerveillée (et je pouffe aussi) en regardant Alma devant les 10 premières minutes de Toy Story 3. Et puis comment ne pas apprécier une bande-son de Randy Newman? J'ai déjà dit que j'étais fan des productions Pixar? 

On n'est pas exclusifs à la maison. Avec le temps on a accumulé un certain nombre de dessins animés bien sympathiques comme La Petite Taupe, Minuscules, Gédéon, Shaun le mouton, Bonne nuit les petits - et les autres. Tout n'est pas Disney ou Pixar et la qualité se trouve aussi ailleurs (mais ce n'est pas le propos du jour). Comme il faut reconnaître que tout n'est pas ou plus (selon notre âge) à jeter chez ces deux monstres de productions. Et de stupeur mon coeur s'est arrêté quand ils ont fusionnés. Je craignais, à tort, la perte de l'innovation chez Pixar. Je le reconnais, ce n'est finalement pas pour un mal. 

(Bref je m'égare).

Avec mon grand coeur de beurre qui aime les animaux (j'ose!) j'ai tenté de les sensibiliser à Nemo (appelle moi Doris), Bambi et Dumbo (chez ma mère parce que je n'ai pas encore résolu tous mes traumatismes sur le lien mère-enfant de ceux là), Les Aristochats (je ne résiste pas à un petit Scat Cat), 1001 pattes (ce sont les filles d'un biologiste tout de même), Monster Inc. et Le livre de la jungle (il en faut peu pour être heureux, une trentaine de DVD suffiront). Le tout avec un certain succès, faut-il le préciser.

(Bref on aime bien regarder la télé).

Et puis bien sûr il y a les princesses Disney. Que j'aime aussi (oui je sais, ça fait mal). Pas toutes il est vrai, certaines d'entre elles me tuent, m'achèvent, m'exaspèrent. Je déteste Pocahontas (malgré sa chevelure) parce que cet épisode est un tel travestissement de la vérité historique que j'ai honte. Je déteste Cendrillon parce que je trouve que cette petite peste ne veut finalement qu'être l'égale de ses demi-soeurs, des petites prétentieuses qui courent les bals et portent des jolies robes. Elle ne veut pas s'élever au-dessus de sa condition tragique, elle veut simplement être superficielle comme les autres. C'est trop (une grande déception de le revoir à l'âge adulte). J'avais déjà décroché de Disney à l'époque de Mulan, je ne me souviens que de la robe dans la salle de bal de Belle, Jasmine est fade à côté du Génie dans Aladin. Et puis il y a Ariel, entre le poisson et la princesse. Je crois me souvenir l'avoir profondément aimée mais pourquoi donc? (les cheveux roux je pense).

Mais Aurore et Blanche-Neige sauvent mes rêves de petite fille. Même si Blanche-Neige semble un poil à la ramasse, sa façon d'être dans le déni, son obsession du ménage et son rouge à lèvres Chanel impeccable en toutes circonstances me laisse pantoise d'admiration. Et Aurore... ça ne s'explique pas, le graphisme certainement, la petite musique entêtante menant au rouet (qui me fait toujours autant d'effet après 30 ans) et cette chanson d'amour si classique, j'en ai rêvé... Et puis il y a Merida, Raiponce, Anna et Elsa.  Après mes premiers émois de petite fille, le creux de l'adolescence, le vide de l'âge adulte, il y a maintenant l'âge de maman. Je REgarde les classiques et je découvre les nouveautés avec mes enfants. Au travers de leur émerveillement je peux à nouveau ressentir ce léger picotement, ce lointain souvenir du monde absolu des princesses. Je reviens plus sereinement à ce paysage visuel. J'aime beaucoup chez Merida cette réflexion sur la relation mère fille (même si la fin me chipote mais bon) et la présence du père, certes toujours discrète mais bien là cette fois. Comment dire, je m'envole? (et cette chevelure nom d'un chien, cette chevelure!). Je ris, franchement je ris, en regardant Raiponce et je chante aussi, un peu comme ça. Et que dire d'Anna et Elsa? Même sans enfant personne n'a pu échapper à la vague de Frozen. Je m'y suis laissée couler avec ma grande d'abord puis ma petite, à coup de chorégraphie devant la télé, de paroles marmonnées puis maîtrisées et de petites poupées qui ont rejoint notre maison. J'ai eu ma dose bien sûr. Puis Elsa et Anna se sont installées durablement chez nous. On a fredonné sur le chemin du boulot, sous la douche, on s'est fait des blagues entre parents. Et je ne vais pas nier que j'ai un peu joué la carte de la solidarité sororale pour régler deux ou trois conflits à l'interne, "tu vois c'est comme dans la Reine des Neiges...". Tout est bon dans le cochon.

Ces princesses ce sont des filles comme les autres. Elles parlent, elles chantent, elles rêvent de liberté et surtout d'être elles-mêmes. Et moi je sens que la petite fille en moi se réveille en les écoutant. Elles me rappellent ces rêves que j'avais, leurs mots trouvent un écho. Parce que ce ne sont pas les nombreuses séances de psychanalyse, ni la médiation, ni l'âge venant qui raniment cette petite flamme. Il suffit parfois d'un bon vieux synthé et de paroles à la con. Alors bêtement je chante à tue-tête avec mes filles. Là par contre ça n'est pas un conte de fée, parce que les filles quand maman perd la boule et danse à en perdre le souffle ça ne les amuse que moyennement, une maman ce n'est pas une petite fille (toc!). Mais je chante quand même, entre Alma qui fredonne un yaourt de paroles et Lola appliquée, front tendu et les yeux qui brillent des mêmes rêves qui m'animaient. Et c'est en toute quiétude que je suis désormais libérée, délivrée d'une quelconque culpabilité ou d'une gêne. Merde après tout, je n'ai pas peur des princesses ni des sorcières qui y trouveraient à redire. Ça claque, ça brille, c'est plein de couleur et de magie, pour un temps du moins.

Trop de princesse tue la princesse? Respire et savoure Knick Knack ou Ferdinand le taureau ou Hiawatha le petit indien. Last but not least, je dois à mon enfance de ne pas conclure sans déclarer mon attachement indéfectible à Pinocchio, Fantasia, Alice au Pays des Merveilles, Peter Pan, Merlin l'enchanteur, Robin des Bois, Les 101 Dalmatiens, Bernard et Bianca et La belle et le clochard.

(toi aussi tu as été un enfant)

vendredi 17 octobre 2014

Pink is the new black

Moi : "Je voudrais deux oeufs Kinder sivouplè".
Elle: "Pour garçon ou pour fille?"
Moi: "...o0...heu...fille?"

Celui des filles avait un peu de rose sur le dessus. Et un pourcentage de chance (d'espoir?) proche du néant de contenir une petite voiture (en vrai c'était une des fées de la série "Clochette" et deux petits personnages pour colorier et - bien sûr - Lola n'a pas eu la fée - elle a fait bonne figure compte tenu de l'ampleur de la déception).

Ça c'était deux heures après avoir récupéré mon Akarova en herbe à son cours de danse. Là où toutes les petites filles sont en justaucorps rose. "Non madame les justaucorps noirs c'est pour le niveau avancé...". Ma fille n'est pas avancée peut-être? (en vrai je ne sais pas mais pour sûr elle était terriblement belle en noir). Et oui ses chaussons sont roses parce qu'elle et moi on sait négocier (ouais!). Petit échange avec d'autres parents sur la couleur qui me tue (trop de rose tue le rose mais un peu aussi en fait). Il y en a qui trouve que le rose est joli, qui trouve que les petites filles il faut les laisser aller vers leur nature. Et tout et tout. Je ne suis pas persuadée que leur nature soit le rose. D'autant moins si tous les produits *filles* sont, presque inévitablement, conditionnés avec une touche de rose.

(C'est là que je devrais entamer une bonne petite thèse sur la théorie du genre mais non en fait).

Faut pas se tromper hein, je ne suis pas anti rose. C'était même ma couleur préférée quand j'étais petite. Et pourtant je n'étais pas une petite fille à jupes et collants. Pas même à robes. Pantalons et shorts. Presque jamais en rose. Mais j'aimais le rose. Et les Barbies. Et les Poneys. Et les poupées. Et les histoires sous l'arbre, dans ma petite tête à moi toute seule. Quoi qu'il en soit ma sixième primaire a mis fin à cette orgie couleur arc-en-ciel. Le grunge et l'adolescence m'ont sauvée. Le noir est ma couleur. Le noir est ma chapelle. Le noir est mon refuge et mon bonheur. 

Et puis j'ai eu ma fille. Je ne suis pas retournée au rose pour autant mais il m'a paru moins...rose? Moins laid dans ses yeux. Moins laid dans son monde.

J'aime ma fille. Je l'aime suffisamment pour supporter ses quelques frasques en rose, ses Barbies, ses Poneys, ses poupées, ses histoires de princesses sur la terrasse. J'ai grandi, elle grandit. Alors je parsème ses culottes de princesses, je tapisse ses rideaux et ses couettes de fleurs. Elle veut des robes et des jupes. Des diamants qui brillent, des bracelets et des colliers. Et je sais, oui je sais, qu'un jour elle voudra mettre son pyjama rose à l'école tellement elle l'aime. N'est-elle pas la plus belle comme ça? La fierté n'a pas de couleur.

Viendra le jour où elle en sera écoeurée. Ou pas. D'ici là on chemine ensemble, elle met des couleurs sur mes murs sombres et je lui indique les chemins de la nuance. 

Pink is the new black. Or is it LOvE?

vendredi 3 octobre 2014

Conversation avec Lola #l'héritage

Lola: "Mamaaaan, quand tu seras morte je pourrai avoir le porte manteau de tes colliers?"

Moi: "Oui mon chat"

Lola: "Avec tes colliers aussi?"

Moi: "Oui mon chat. Mais tu sais quand je serai morte, Alma et toi vous aurez tout ce qui est à moi, ce sera..."

Lola: "Chouette!"

Lola: "..."

Lola: "Quand tu seras morte qui sera notre maman?"

Moi: "Personne mon chat, même morte je serai toujours ta maman et..."

Lola: "Mais!?!?!? On sera deux petites filles toutes seules alors? Sans parents? On devra vivre toutes seules dans la maison?!?!?"

Moi: "Quand je serai morte tu seras toi aussi une maman mon petit chat, tu ne seras pas seule et peut-être même que tes enfants seront grands *finger crossed* et...

...et Alma a renversé son verre de lait de riz et ON voulait trois bonbons et "un p'tit dessin animé maman? (...) Viiiiii Niméééééééééé!".

Au suivant!
(No Sleep 'til Brooklyn)

vendredi 12 septembre 2014

Round Up #3 - Grossesse et décroissance

Pour de jolies jeunes femmes qui partagent mon quotidien. A boucles ou à talons. 


Parce que j'ai un nombre conséquent (impressionnant?) de mères enceintes autour de moi en ce moment, je me suis fait un petit tour d'horizon dans le rétroviseur de ces périodes pas si loin derrière moi. Devant l'excitation et les préoccupations de ces mères presque toutes mère pour la première fois, je me rappelle ces moments enthousiasmants où je pensais plus vite que ma carte bancaire et que mon bon sens. Entre la naissance de l'elfe et de la grenouille j'ai fait de GROS progrès en termes d'achats (in)utiles et de sages décisions. J'ai appris qu'il y avait un monde entre ce dont je pensais avoir besoin et ce dont j'avais besoin. Ce fossé étant jusque là bouché par l'envie...

J'avais bien sûr lors de ma  première grossesse la tête farcie de mes plans extras pour bien faire tout ça. Entre haptonomie, yoga prénatal, natation prénatale, les huiles, les massages, la relax attitude, ... Pour la grande j'ai n'ai finalement fait que la gym prénatale avec d'autres couples. Totalement inutile en ce qui me concerne sur le plan de la préparation physique. Le constat affligeant que je ne pouvais pas tenir ma respiration plus de 20 secondes contre les 90 attendues. Bref au jour J j'étais capable d'identifier le moment M mais pour le reste, free style. Et j'ai poussé comme une déesse (ouais!) alors fuck la respiration. Pour la seconde j'ai profité les 3 derniers mois de grossesse de la piscine prénatale en petit groupe. Canicule aidant, ces moments ont été parmi les meilleurs de ma grossesse. Un soulagement physique et une détente absolue, un moment ultra centré sur moi et mon ventre. Le bonheur quoi. Je me suis préparée en quelques séances avec une sage femme pour mettre au monde ma fille de manière naturelle. J'entends par là sans péridurale et intervention invasive du corps médical. J'ai eu la chance de mener une grossesse sans complications et de mettre au monde ma fille en peu de temps sans rien d'autre qu'elle, moi et le père - et juste un poil à côté ma sage-femme. Je me suis sentie libérée de ce "trop" parfois envahissant autour de la naissance et j'ai apprécié d'être uniquement autour de ma fille. Un troisième? Un accouchement à domicile a minima. Mais c'est une autre histoire.

Pour la valise de la première naissance et la seconde, un monde à part... Deuxième round avec le strict minimum pour les tenues de l'une et l'autre. La liste de l'hôpital m'avait laissée perplexe la première fois - on y apprend des mots. Il fait mourant de chaud dans les maternité et les bébés n'ont pas besoin de 3 couches de vêtements... Bonnet et pull en laine étaient beaux mais parfaitement inutiles. On est en Belgique, tout peut se trouver au coin de la rue, la maison n'est pas loin, le père non plus. Par contre ce qui était essentiel était la petite lampe (de sel dans notre cas mais peu importe) pour éclairer notre chambre à la maternité. Une ambiance confortable et intime pour éviter ces néons déprimants et aveuglants. Une photo de mon aînée sur ma table de chevet aussi. Et de quoi hydrater avec plaisir cette soif permanente après mes accouchements. C'est tout. Les visites étaient limitées pour nous permettre d'accueillir cette enfant dans le calme, nous rencontrer, nous découvrir.

La chambre à la casa était prête, les deux fois. Ce qui revient à dire que le berceau était à côté de notre lit et qu'il y est resté pendant plus de 6 mois et moins d'un an dirons-nous. J'allaitais et c'était pratique mais surtout je n'aurais pas voulu me séparer de mes enfants trop vite. Je fais partie de celles qui ont la chance de mieux dormir en écoutant la respiration de leur bébé. Encore aujourd'hui à 2 et 5 ans je trouve leur souffle apaisant. Non je ne pratique pas le cododo (mais je n'ai rien à lui reprocher).

Le matos. L'inévitable matos indispensable (c'est discutable) et le merchandising. A moins d'avoir plein de tunes et de ne pas avoir de remords à dépenser sans compter, si on veut TOUT avoir, l'emprunt aux copines est encore ce qui est le mieux. Les biberons, le chauffe-biberon, le stérilisateur, le tire-lait, le couffin, le lit, la table à langer, le parc, le tapis d'éveil, le relax, les mobiles, le maxi cosi, la poussette (aux 14 fonctions dont on ne fait jamais usage), ... L'expérience m'a appris que le porte bébé EST l'indispensable. Dès le retour à la maison et dès la première balade dehors, comme ça le bout de chou il s'habitue. Le porte bébé ce sont les mains dégagées, c'est la proximité, la chaleur et peu d'encombrement. Je ne vais pas faire la promo du portage mais (quand même) c'est une chose universelle. Partout dans le monde les mères portent leurs bébés. Voilà quoi. J'ai peu à dire sur les biberons que mes filles n'ont acceptés que lorsqu'ils n'ont plus été utiles. J'ai de quoi écrire une thèse sur l'allaitement par contre (ne me lancez pas! - en fait si, je n'attends que ça).

Le bain. Là encore le moins le mieux. Une petite baignoire à 5,95 de chez les Suédois et hop le tour est joué. Plus économique encore le vieil évier de cuisine (préalablement nettoyé) et hop le tour est encore mieux joué pour moins cher. A hauteur de dos! Les baignoires trois en un, très peu pour moi. Les transats et autres soutiens de bébé, très peu pour moi. Le nouveau-né ne passe pas des heures dans l'eau alors tant qu'à faire, tenu par les bras compétents de ses parents qui l'amène en douceur dans l'eau me paraît le plus sécurisé. Histoire de l'accompagner dans ses sensations. Il faut le tenir c'est vrai mais bon un bébé ça se touche hein.

L'invraisemblable marché du produit de soins, entre avis dermato et packaging, les mères chamboulées par leurs hormones achèteraient n'importe quoi. J'ai peu de produits "qui sentent bon" (non ils ne puent pas ni mes enfants par ailleurs). Le plus naturel possible afin de respecter la peau et finalement le moins de savon possible. Pas de crème de manière préventive et des lingettes bio (un premier indice est qu'elles ne proviennent pas d'une branche d'une multinationale) ou du liniment sur des carrés de tissus (gracieusement cousus et offerts par mon frère et sa femme). Passés à la lessive ces lingettes sont réutilisables. Bébé sent bon (ha!) et avec le liniment il y a même ce doux parfum d'huile d'olive. Je ne crache pas sur une crème parfumée mais naturelle et labellisée. Of course.

Et ça peut continuer encore et encore. Le Babyphone (oui j'en ai pour chacun de mes enfants), les mobiles (discrets, innovants, pas en plastique ni musicaux et oui il pourra dormir sans parce qu'il n'en saura rien), les trotteurs (bannis), les répliques en plastique et minuscules de ce que nous utilisons nous les adultes; en conclusion trois bols et un jeu de "couverts bébé" suffiront. Et encore et encore et encore. Encore aussi.

Donc après 2 enfants et 5 ans de pratique je dirais que tout ça ce sont des gadgets de parents qui peuvent parfois rendre la vie plus confor(ma)table mais ils sont chers, ils sont encombrants, ils ont une durée de vie limitée. Moins de produits c'est aussi moins de travail et d'entretien. Bien sûr chacune vivra sa grossesse et sa maternité à sa mode. Je ne fais que semer ici les réponses aux questions qui m'ont été posées. En ce qui me concerne l'expérience a confirmé l'adage, simplicité est mère de tranquilité.

Certains diront que je me la joue austère et ceux là ne sont jamais venus chez moi. Je déborde de brols et de trucs en totale contradiction avec tout ce que je viens d'énumérer mais n'est-ce pas pour cela que je suis très bien placée pour en parler? Avoir n'est pas être. Ces quelques réflexions ne changeront sans doute rien à ce désir des parents d'acheter pour nidifier et de se dire que rien n'est trop beau pour son enfant. C'est vrai mais avec le temps j'ai surtout appris que rien n'est plus beau que mon enfant.

jeudi 11 septembre 2014

L'enfant solaire


Oh my sweet Alma. 2 ans déjà dit-on? Le temps passe vite. Et il me semble qu'il passe plus vite depuis toi. C'est peut-être que depuis toi la vie n'est plus la même. Ta naissance était radieuse. Tes cheveux étaient radieux. Ton sourire était radieux. Ton calme était radieux. Tu es solaire mon enfant. Et puis il y a eu ces longs mois où je n'ai pas pu être la maman que je voulais pour toi. Quand le médecin s'est demandé comment j'avais tenu tout ce temps debout je lui ai dit que je ne savais pas. Mais ce n'est pas vrai. C'est toi mon petit miracle. Celle qui réchauffe les coeurs les plus froids. Notre histoire est faite comme ça. Comme dit ton père, il n'y a pas que la maladie. Il a raison ton père. Il y a toi, ta soeur, lui et moi. Et ce petit bout d'histoire qui nous a faites mais qui ne nous définit pas. Notre histoire c'est aussi, c'est surtout, ton rire gras qui nous fait rire fort. Tes mimiques inimitables et contagieuses à la fois. Tes yeux dans lesquels on se noie. Ta joie sans retenue et ta férocité en amour. Ta détermination. Ta liberté. Ces moments suspendus où tu contemples en silence, où tu cultives cette part secrète en toi. Tu es espiègle. Tu es forte. Tu es belle. Tu es douce. Je t'aime, oh je t'aime ma belle enfant à moi.


dimanche 31 août 2014

Rentrée scolaire

Demain c'est la rentrée scolaire. Et même si cela ne concerne que les enfants elle rythme la vie de presque tout un chacun. Oui, c'est aussi la rentrée des embouteillages et pas ceux de l'A8 malheureusement. Pour quelques heures ce sont encore les vacances même si les mères - à moitié studieuses - sont déjà au taquet, au collage des étiquettes, à la relecture de la liste de rentrée et à la recherche des boîtes tartines. Pour quelques heures ce sont encore les vacances. Elles paraissaient longues à organiser ces vacances. 9 semaines quand même. Grands-parents? Grands-parents. Plaines de vacances? Plaines de vacances. Congés? Congés. Voyages? Voyages. A l'arrivée, trop de TV, de glaces, de couchers tardifs, d'heures à traîner en pyjama. Un paquet de souvenirs, immortalisés ou non en photos. Des balades dans des lieux insolites. Des coups de soleil. Des rencontres. Du temps en famille. Et mes enfants n'ont pas fait 1001 stages pour apprendre 1001 choses, elles n'ont pas acquis d'incroyables compétences. Elles ont soufflé et pendant ce souffle elles ont grandi. Joliment. J'aime croire que, comme dans mes souvenirs, les vacances c'est aussi un temps pour se laisser baigner dans un moment qui s'étire lentement, doucement, sans contrainte. Je me rappelle de l'odeur des étés de mon enfance, de ces journées à flemmarder, avec ce temps pour rêver, imaginer et construire. J'aime croire que mes enfants partageront ces souvenirs, avec les couleurs qui sont les leurs. 

Demain photo traditionnelle de rentrée. Ca aussi ce sont les souvenirs. 

Sinon, le 15 août mon elfe m'a demandé de la déposer à l'école. A chacune ses rêves.

Et pour ne pas rentrer idiot(e), un peu de lecture sur les écoles à pédagogies dites alternatives. Oui, c'est bien la rentrée.

samedi 12 juillet 2014

Bourgeois Bohème

Il y a des gens qui adorent me coller des étiquettes. Je ne sais pas pourquoi (en fait si mais bon). Disons qu'il y a des gens qui aiment les étiquettes parce que ça les rassurent de se moquer des autres pour se donner une contenance face aux vides de leurs choix. Ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde, d'en donner et d'en recevoir. 

Les miennes?
Ces derniers temps celle de gauchiste est plutôt en vogue. Je ris un peu parce qu'à force de fréquenter des gauchistes (des vrais hein!) je me dis que je suis plutôt la droite modérée de l'extrême gauche. Ça non plus ce n'est pas grave, je n'ai pas 40 ans et je peux encore faire d'autres choix (toujours plus à gauche bien sûr). 

Parfois je reçois celle d'écolo. Ça c'est sans doute les sandales avec les chaussettes et la thérapie par les huiles essentielles.

Mais à vrai dire celle que je préfère c'est celle de bobo. Là je sens que parfois ça tient de l'insulte mais qui ne fait pas mouche. Quitte à être le quelque chose de quelqu'un mieux vaut être le bobo que le con? Bien sûr interrogé par la bobo que je suis (supposée être), l'accusateur ne sait pas vraiment me définir (ni par l'accusation ni l'accusation elle-même). Va donc pour le terrible "bobo" et si je ne sais pas comment prendre le bourgeois, je peux me faire aisément à la bohème. Il y en a même pour m'envier (comme quoi).

Et sinon Solange te parle par ici pour en savoir plus. Et assumer en toute quiétude.

vendredi 27 juin 2014

School's out for summer

Le soleil brille, 
l'enfant malade ronflotte dans son petit lit, 
le frigo est plein de bonnes choses, pour la santé, l'environnement et le moral,
le linge sèche, 
le courant d'air qui traverse la maison sent à la fois le burger nature grillé de ce midi et l'odeur du jardin et des fleurs,
les chats trottinent de gauche à droite en cherchant le coin le plus confortable pour faire la sieste.

Tantôt je passerai prendre ma grande à l'école, c'est son dernier jour avant l'été. Peut-être que nous mangerons une glace. 

J'attends le retour du père ce soir, la maison sera alors complète et tranquille. 

J'aime profondément les fins d'année scolaire, 
l'excitation et le repos mérité qui se mêlent,
les projets vagues et les promesses d'après-midi et de douces soirées qui traînent en longueur. 

Le bonheur des choses simples me rappelle mon enfance et son insouciance. 

School's out for summer (but maybe not forever).


mercredi 18 juin 2014

The Grinch Side of Life

Je n'aime pas les gens heureux.
Les simplets du bonheur.
Ceux qui se réjouissent de tout, qui voient le bien partout, qui balaient le fond d'un geste de la main.
Les gens facilement heureux c'est l'abandon de l'esprit critique.
C'est le renoncement à l'effort.
Les gens contents sont ennuyeux, ils ne cherchent rien.
Les gens joyeux vous trouvent grognons.
Et par une (con)vergence dans la force des Bisounours, ils vous aiment, malgré tout.
Il n'y a pas d'échappatoire au bonheur.


jeudi 29 mai 2014

Phenomenal Woman


"There is no greater agony than bearing an untold story inside you"
Goodbye Maya Angelou
 

You may write me down in history
With your bitter, twisted lies,
You may trod me in the very dirt
But still, like dust, I’ll rise.

Does my sassiness upset you?
Why are you beset with gloom?
‘Cause I walk like I’ve got oil wells
Pumping in my living room.

Just like moons and like suns,
With the certainty of tides,
Just like hopes springing high,
Still I’ll rise.

Did you want to see me broken?
Bowed head and lowered eyes?
Shoulders falling down like teardrops,
Weakened by my soulful cries?

Does my haughtiness offend you?
Don’t you take it awful hard
‘Cause I laugh like I’ve got gold mines
Diggin’ in my own backyard.

You may shoot me with your words,
You may cut me with your eyes,
You may kill me with your hatefulness,
But still, like air, I’ll rise.

Does my sexiness upset you?
Does it come as a surprise
That I dance like I’ve got diamonds
At the meeting of my thighs?

Out of the huts of history’s shame
I rise
Up from a past that’s rooted in pain
I rise
I’m a black ocean, leaping and wide,
Welling and swelling I bear in the tide.

Leaving behind nights of terror and fear
I rise
Into a daybreak that’s wondrously clear
I rise
Bringing the gifts that my ancestors gave,
I am the dream and the hope of the slave.
I rise
I rise
I rise.
 
"Still I Rise". 

Lying, thinking
Last night
How to find my soul a home
Where water is not thirsty
And bread loaf is not stone
I came up with one thing
And I don’t believe I’m wrong
That nobody,
But nobody
Can make it out here alone.

Alone, all alone
Nobody, but nobody
Can make it out here alone.

There are some millionaires
With money they can’t use
Their wives run round like banshees
Their children sing the blues
They’ve got expensive doctors
To cure their hearts of stone.
But nobody
No, nobody
Can make it out here alone.

Alone, all alone
Nobody, but nobody
Can make it out here alone.

Now if you listen closely
I’ll tell you what I know
Storm clouds are gathering
The wind is gonna blow
The race of man is suffering
And I can hear the moan,
‘Cause nobody,
But nobody
Can make it out here alone.

Alone, all alone
Nobody, but nobody
Can make it out here alone.
 
"Alone" 


lundi 19 mai 2014

52/52

A portrait of my children, once a week, every week, over a year
The last round. 

Lola: Elle a eu cinq ans. 
Alma: Elle n'a jamais assez de chocolat.

dimanche 18 mai 2014

Bac à sable

"Par la vie, pour la vie" - Ovide Decroly

Chère toi,

reine des bacs à sable, reine de la classe, reine des amitiés qui se font et se défont. Je t'ai croisée hier et je n'ai rien eu à te dire. Il m'est revenu que tu en étais perplexe, troublée ou perdue. Très certainement surprise. Il y aura bientôt vingt ans qu'on ne partage plus les bancs de l'école. Tu as été  de mes bacs à sable de maternelle, de mes primaires et de mes secondaires. En ta présence je me sentais rejetée, manipulée, utilisée, ignorée. Peut-être qu'au milieu de tout ça tu me trouvais sympa, un peu quand même, j'aime encore à le croire. Peut-être n'avais-tu pas conscience que tu étais une méchante fille. Une de celle qui décide si on fait partie ou non du groupe et si on est quelqu'un de bien. A cet âge les enfants pensent encore que leur valeur est celle qu'on leur accorde. Alors moi et nombre d'entre autres on s'est sentit un peu nuls. Un peu à côté de la plaque, pas dans les standards. Parce que les standards tu les dictais bien sûr. Tu avais certainement tes raisons. Peut-être que tu n'étais pas heureuse en famille ou que quelqu'un t'a fait du mal. Peut-être. Mais il y a beaucoup d'enfants qui n'ont pas eu la part facile, comme moi, et qui n'en étaient pas pour autant des meneuses, destructrices de confiance en soi. C'était peut-être aussi ce qui te manquait ou que tu jalousais et nous en priver te rassurait? C'est ce que nos mères nous racontaient en tout cas pour nous consoler de tes vexations quotidiennes. Hier on s'est revues pour la troisième fois en 16 ans. Tu ne te  rappelles pas de la première fois - tiens pourquoi n'en suis-je pas étonnée. La deuxième fois je t'ai trouvée ridicule mais je me suis trouvée tout aussi ridicule d'avoir été blessée pendant toutes ces années. Je t'ai vue et tu m'as fait pitié. Tu étais profondément ordinaire. Je ne t'aurais pas connue auparavant que tu n'aurais pas attiré mon attention. Tu es de ces personnes avec qui je ne sympathiserais pas aujourd'hui, peut-être même que je n'aimerais pas. Et puis hier soir on s'est revues pour la troisième fois. Et je n'ai pas été au-delà du bonsoir de politesse. Je ne me suis même pas embarrassée d'un au revoir. Tu as cru que je te faisais la gueule. Pas même. Comme tu peux être encore si égocentrique après toutes ces années. Toi, toujours toi. Je ne me suis simplement pas embarrassée de feindre un intérêt que je n'ai pas. Et je n'avais pas envie de partager ma vie. Avec toi. Le temps a passé et j'ai changé. J'ai fait de merveilleuses rencontres qui n'ont pas manqué de me dire la fille formidable que j'étais et que je suis toujours. Des gens qui m'ont laissée être ce que je suis et qui m'ont aimée pour cette raison bien précise. Le temps m'a donné la valeur, ma valeur. Alors j'aurais pu te jeter au visage la longue liste des merdes que tu m'as faites et la toute aussi longue liste de mes réussites personnelles. Mais là encore j'ai mûri. Je n'ai rien à prouver ou à démontrer. Si tu veux me connaître il est un peu tard. Tu as eu 14 ans pour le faire. Je suis persuadée que si ces mots se frayent un chemin jusqu'à toi tu n'en comprendras pas grand chose. Sans doute en seras-tu choquée et, te connaissant, un peu flattée (ravie même de prendre ton air ingénu en l'évoquant avec tes amis autour d'un verre de vin - tu sais que j'ai raison).  Mais finalement même ce titre de reine de bac à sable ne résiste pas aux marées. Des années plus tard ton aura a disparu en emportant tout le mal que tu as pu faire. Il ne reste que toi. Et tu m'indiffères.

Si je prends le temps ce soir d'écrire ces quelques lignes c'est pour deux autres petites filles que je connais mieux que personne parce que je les ai mises au monde. Chaque jour je leur rappelle leur valeur et leur beauté. Je les accompagne dans leur épanouissement au monde. Je les encourage à s'ouvrir aux autres, à jouer, à rire, à se montrer tolérantes et à donner une chance à tous. J'ai retenu ma leçon. 

lundi 12 mai 2014

51/52


A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Elle cueille les fleurs jaunes parce que sa maman les aime vraiment beaucoup et qu'elle aime sa maman.
Alma: Un père, une fille et un homard.

mardi 6 mai 2014

50/52


A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Fille à papa...
Alma: ...chez Nonna.

jeudi 24 avril 2014

48-49/52


A portrait of my children, once a week, every week, over a year
An Easter Special

Lola: Quand tu attends patiemment / Quand tu me regardes vraiment
Alma: Sa première côte Belge / Sa première glace

lundi 7 avril 2014

47/52


 A portrait of my children, once a week, every week, over a year 

Lola: ...aime raconter des histoires...qu'on aime écouter...
Alma: ...aime manger...autant qu'on aime la regarder faire...

dimanche 30 mars 2014

46/52


A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Frozen Cover
Alma: Rent' ta langue!


mardi 25 mars 2014

45/52


A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Ô ma fille.
Alma: Ziggy Stardust Morning Babe.

dimanche 16 mars 2014

43-44/52





A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Premier rayon de Mars / Et puis j'ai pensé à Jane Austen
Alma: Elle souffle sur le chat / Check da' sista'



mardi 4 mars 2014

42/52

 
A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Commedia dell'arte
Alma: Because it's like that and that's the way it is

lundi 24 février 2014

41/52

A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Ballerine
Alma: Iris

lundi 17 février 2014

40/52

A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Parfois j'aperçois fugacement l'adolescente ou la jeune fille et mon coeur fait des bonds
Alma: Happy Camper

lundi 10 février 2014

39/52

A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Déjeuner
Alma: Oooooooh

lundi 3 février 2014

38/52

 A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Attitude
Alma: Curviligne

lundi 27 janvier 2014

37/52

A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Serge Lama
Alma: Apprendre une douche

lundi 20 janvier 2014

36/52

 
A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Le troisième oeil
Alma: Harmonica et chocolat

vendredi 17 janvier 2014

Malaise

Chers et chères Ministres,
Chers et chères concitoyens, concitoyennes,
Amis lecteurs,
Sombres inconnus,

Permettez que je prenne quelques lignes pour faire la donneuse de leçon, la travailleuse en colère et me payer le luxe d'une petite carte blanche toute personnelle. Je vais une fois de plus parler d'enfants, non des miens, mais ceux des autres. Peut-être le vôtre, celui d'une de vos connaissances, très certainement un enfant de notre société. Une société fort peu maternante et contenante. Serait-ce même poussif de dire une société maltraitante? Et si tel est le cas, nos politiques en sont les complices voire les responsables. Et font de moi une complice tout autant qu'eux en m'obligeant à exercer mon travail dans ces conditions.

Je l'aurais bien écrit sur le ton à Florence Forresti celui-ci (vous pensez bien que dans le social il y a matière à rire) mais parfois l'heure est grave. Et le cri désespéré.

Il m'arrive de lire les commentaires en dessous des articles de presse sur le net qui concernent mon secteur professionnel (je sais, c'est bête). Une fois la rage et la colère passées, je me sens terriblement triste de constater que ces commentaires stupides et parfois violents sont avant tout le reflet d'une méconnaissance complète du secteur de l'Aide à la Jeunesse et de ses arcanes. Difficile de jeter la pierre au quidam de service quand on peut se demander si la ministre en charge (celle-ci ou les précédentes à vrai dire) sait elle-même de quoi il s'agit. Un petit tour pour mourir moins bête?

Les Services d'Aide à la Jeunesse s'adressent aux nouveaux-nés, aux bébés, aux enfants, aux adolescents et à leurs parents, responsables premiers de ces chères petites têtes blondes, brunes, crépues, rasées, sales, pleines de poux ou fleurant bon les bonbons. Ces enfants et leurs familles traversent des difficultés plus ou moins graves voire sont en danger. Notre rôle est d'évaluer, orienter et coordonner l'aide vers les services ad-hoc. C'est une aide spécialisée ce qui signifie que cette intervention se fait lorsque les services de premières lignes ont échoué à répondre à ces drames du quotidien. Nous soutenons, encourageons, négocions cette aide parce que nous travaillons dans la collaboration. Point n'est question ici de forcer une aide dont les gens ne voudraient pas ou n'en comprendraient pas le sens. Il peut arriver qu'une situation de danger grave et imminent ne trouve pas d'issue favorable dans ce cadre. Le Tribunal de la Jeunesse et le SPJ peuvent alors prendre le relais à leur manière, par la contrainte, ce qui n'exclut en rien le dialogue. Cela peut être salutaire comme cela peut être un échec.

Pourquoi? Parce que le public, les gens, les familles ET les travailleurs sont humains. Aucun système n'est infaillible quand il touche à l'humain, notre nature est faite ainsi. Autrement dit les enfants battus peuvent être loyaux, les parents présentant des pathologies psychiatriques ne sont pas toujours dans la réalité du système qui les interpelle, que les priorités de la survie font parfois l'impasse sur l'éducation, le bon sens (mais pas le sens pratique) et entraînent ces personnes fragilisées vers des routes improbables à nos yeux. Il n'est jamais possible de prévoir les actes des uns et des autres. Nous pouvons anticiper mais cela reste de l'ordre de la supposition et de l'espoir. De l'ordre de la confiance aussi. Et dans la vraie vie il arrive qu'un enfant meurt à peine quelques heures après avoir été vu par son délégué. Et cela même quand toutes les procédures sont respectées et les dossiers à jour. Non, on ne peut pas retirer tous les enfants à leurs parents imparfaits au nom du principe de précaution. Et même si nous le pouvions, nous n'aurions pas les moyens de les prendre en charge (restons logiques à défaut d'être censés). Est-ce là la société que nous souhaitons? Un contrôle absolu de l'individu? Il faut accepter ce fait (ce n'est pas une idée mais une réalité): le risque zéro n'existe pas. Ce qui peut être changé ce sont les moyens octroyés aux services d'aide. De véritables aides comme des outils de travail, des équipes plus nombreuses, des places d'accueil, des réponses administratives moins lentes et pointilleuses, des remplacements. Pas en surnombre - nous ne sommes pas exigeants à ce point là - parce que notre aide n'a pas comme sens de colmater la brèche hémorragique. Enfin, ne devrait pas. Notre travail au quotidien dépasse très largement les compétences pour lesquelles nous prenons fonction. Nous courrons au delà de nos terres et suppléons au delà du suppléable.

Aujourd'hui les équipes sont fatiguées de travailler avec des sparadraps qui, vous vous en douterez, n'ont que peu d'effet sur l'hémorragie décrite plus haut. Elles sont fatiguées de travailler parfois sans aucune protection de loi ni de soi-même. Même en faisant l'impasse sur nos bobos personnels (burn out, turn over, remplacements qui n'arrivent jamais, ...) nous sommes parfois pris dans de ridicules questions pratico-pratiques. La réalité du terrain c'est bête à dire mais parfois c'est une imprimante pour vingt-cinq intervenants, pas de répondeur téléphonique, des difficultés pour obtenir un agenda, c'est le manque de feuilles pour écrire, le manque de papier dans les toilettes, c'est un ascenseur sur trois pour cinq étages. Ça et tout le reste. Les travailleurs sont eux-mêmes dans une situation précaire. Et malgré tout, mes collègues font un travail formidable, admirable et trouvent parfois des solutions inattendues mais des "solutions" parce qu'il n'est pas question de laisser tomber.

Vous aurez peut-être entendu parler de la grève de ce 17 janvier 2014. C'est une action un peu désorganisée dans son démarrage mais qui fait suite à l'intrusion (une nouvelle fois) dans notre monde de celui du judiciaire. Non pas que nous soyons au dessus des lois et si manquements il y a, ils doivent être mis en lumière. Ces irruptions ne sont sans doute pas nouvelles mais elles ont cette tendance à devenir de plus en plus récurrentes. Et elles laissent dans la bouche du travailleur un goût amer. Cette impression qu'une société décadente et démissionnaire se cherche un coupable et que ce coupable c'est nous. Ne pas nous donner les moyens de mettre en place des aides respectueuses, nous raboter le peu de moyens que l'on a encore et puis se tourner vers nous quand il faut s'assurer que nous ne sommes pas les responsables des actes des jeunes et des familles que nous suivons, c'est trop. Trop is te veel.

Aujourd'hui on expulse, on privatise, on rogne les budgets de l'enseignement, de la culture, des allocations familiales, du chômage, on stigmatise. Nous créons une précarisation financière, sociale et intellectuelle. C'est une politique globale de repli sur soi qui refuse d'assumer ses responsabilités et qui nous lâche. Faut-il le rabâcher encore et encore mais les enfants d'aujourd'hui seront les adultes demain. Hypothéquer leur futur c'est hypothéquer le notre. Faire l'économie sur le dos des parents serait tout autant une erreur qu'il convient de ne pas minimiser. Être un parent qui n'a rien à offrir ou à perdre c'est être un parent qui n'a rien à transmettre. L'humiliation, le rejet et l'enfermement ne sont pas des réponses à la souffrance.

On est pas sympas parce qu'on fait grève. On sanctionne notre public déjà fragilisé. Certes. Mais c'est un paradoxe qu'il va falloir assumer. Comment offrir une aide valable sans de véritables moyens pour la mettre en place? Respecter notre public c'est aussi se battre pour lui. Et pour nous. Et puis pour vous aussi. Nous partageons cette société. Si notre cause vous indiffère, pensez à vous-même alors. Demandez-vous qui s'occupe de vos moches, vos dingues, vos maltraités, vos délinquants en devenir, vos enfants abusés. Ceux que les politiques abandonnent chaque jour un peu plus. Et nous avec.

lundi 13 janvier 2014

35/52

A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Reine des princesses
Alma: Princesse de la Reine

lundi 6 janvier 2014

34/52

 A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Elle danse auprès de son arbre
Alma: Elle cherche le chat

mercredi 1 janvier 2014

Dans le sens contraire de la marche

 “Why fit in when you were born to stand out?”

Bienvenue 2014.  Non pas que 2013 ait été particulièrement pourri mais chargé, dense, intense et pas toujours dans le sens le plus agréable. Alors le changement, pourquoi pas? (avec ou sans mon accord 2014 est là à vrai dire). Ce n'est pas un jour sur le calendrier qui va tout y faire mais à défaut de bonnes résolutions que je ne tiendrai pas, je me rafraîchis la tête. Et Frais du jour va prendre un peu le large parce que sous la douche il y a une phrase qui s'est imposée à moi, "dans le sens contraire de la marche". Peut-être parce que souvent j'agace, je ne souris pas beaucoup à la fête et j'ai la critique facile. Il y a des gens qui pensent que je ne fais que râler et que je suis un peu méchante aussi. 2014 sera l'occasion de ne détromper personne. Surtout pas les gens qui m'aiment. J'irai à mon habitude, dans le sens contraire de la marche. Et si certains feront la soupe à la grimace, d'autres auront vite fait de s'apercevoir que ce sens n'est pas si contraire, tout comme moi. Tant qu'à y faire, c'est une petite résolution quand même.