samedi 22 décembre 2012

Faceback

Le lait de la tendresse humaine. J'ai rarement trouvé un titre de film aussi beau. Et si je ne me rappelle pas de tout, je sais qu'à l'évocation de ces mots je peux ressentir le poids que peut être une maternité et qu'il y a des sanglots qu'on étrangle.

Si l'amour d'une mère est inconditionnel (il l'est?), il n'est pas sans faille. Il n'est pas sans mal non plus. Fait d'une histoire qui précède l'enfant, cet amour peut-être compliqué et tortueux ou clair et franc. Ou pas tout à fait ni l'un ni l'autre.

Montrer ce qu'on veut, cacher ce qu'on peut. Souvent quand on parle de maternité il est rare de pouvoir parler vrai.

Alors bien sûr que la maternité c'est merveilleux. Bien sûr que cela vous change une femme (ça c'est même une certitude) et que nos enfants sont des sources inépuisables de bonheurs, d'anecdotes, d'aventures et de moments plutôt mystérieux mais intenses. Ils sont créatifs, drôles, uniques. Alors sur Facebook on écrit "in love de ma poupette" ou "39°8, merci chérie pour ce day-off @ work". Mais dans la vraie vie on pense parfois une chose et son contraire. Nos statuts devraient plutôt ressembler à "p*** elle me gave avec son champ de pâquerettes dans l'oreille à rien écouter" ou "p*** encore malade et bien sûr c'est pas le père qui va prendre sur ses heures pour la garder".

Être mère c'est un état de fait qui vient à vous par la mise au monde d'un être vivant et le choix de faire partie de sa vie, de construire les bases qui le conduiront à prendre la route sans vous un jour. Même choisir de ne pas être mère en confiant à d'autres son enfant est un premier acte maternel très fort. Être mère ça s'apprend sur le tas, même aimer son enfant ça s'apprend. Je ne suis pas une grande adepte de la théorie de Badinter sur l'inexistence de l'instinct maternel mais il faut reconnaître qu'être mère n'a rien d'une évidence. Et qu'être mère n'a rien à y voir avec le fait d'être une bonne mère.

Être mère c'est être remplie d'ambivalences qui n'ont de cesse de vous poursuivre, de vous faire demander si vous faites bien, comment font les autres. Être mère c'est porter un poids terrible, celui de la culpabilité parce que, quoi qu'on en dise, si votre enfant ne rentre pas dans la norme ce sera toujours vers vous que les regards se porteront en premier.

Alors on met ce costume magnifique - et jamais tout à fait bien coupé - de la super maman épanouie qui certes assume de ne pas être parfaite (ça fait même plutôt bien) mais qui tout de même s'en sort et ne déborde pas. Jamais. Au grand jamais.

Une bonne mère ne crie pas sur ses enfants. Une bonne mère ne hurle pas. Une bonne mère ne met pas de fessée à ses enfants. Une bonne mère n'a jamais envie d'être ailleurs. Une bonne mère ne pleure pas. Une bonne mère ne ressent ni colère, ni fatigue, ni agressivité. Une bonne mère est une maman robot, au sourire figé et aux phrases toutes faites (je laisse également la possibilité qu'elle s'oublie complètement ou qu'elle soit sous Xanax ou les deux à la fois).

Parce qu'il est difficile, honteux même, de dire, de reconnaître ces sentiments terribles qui peuvent vous traverser. Une certaine violence, une certaine peur aussi. Cette crainte d'être comme sa propre mère ou de ne pas être à sa hauteur. Et parfois une lassitude terrible et le doute, sans cesse, le doute. Et ce qui rend plus que tout ces sentiments inacceptables ce n'est pas le risque d'un passage à l'acte, non, c'est le regard de l'autre. Cette peur d'être jugée et de ne pas réussir. Jugée sur une confusion - très humaine - dans nos sentiments.

C'est un fait, on en fait des choses qu'on ne devrait pas. Des choses qu'on sait inadéquates "mais voilà"... parce qu'il est 17h et que le père n'est pas là (toute mère qui se respecte sait ce que 17h veut réellement dire - les pleurs du bébé, les demandes de l'aînée, le retour de l'école, le rush du repas, du bain, les demandes croisées des enfants et ce père qui ne rentre - toujours - pas!) ... parce que parfois malgré ce désir profond d'avoir des enfants on se prend à regretter cette époque où on fumait un bon p'tit joint les pieds sur la table du salon et que manger à 22h était la chose la plus normale du monde... parce qu'on se tape le cul à faire de leur enfance une période magique remplie de souvenirs qui sentent bon le sucre d'orge et de licornes qui pètent des fleurs et qu'ils n'hésitent pas à vous dire "tu es méchante  et tu m'as fait mal"... parce que parfois on a juste "pas envie". Et on aimerait leur dire "tu me fais chier" mais que la valeur éducative de cette assertion étant plutôt pauvre, on ravale, sec. Pourtant ô combien on le pense.

Être mère c'est boire la coupe jusqu' à la lie (si cette vision fait trop tragique faut le voir comme le métier qui rentre).

J'aime mes filles et je bosse pour faire au mieux. Toutefois il m'arrive de me dire que je ne vaux pas grand chose comme mère, de me demander si mes tempêtes intérieures ne vont pas les bousiller à tout jamais et je me sens mal tellement je ne suis pas la mère que j'aimerais être. Quelle mère? Suis-je vraiment cette mère là?

Dans ces moments là ce qui me fait le plus grand bien, ce qui me rassure le plus ce n'est pas de savoir que mes filles sont géniales (ça je le sais) ni que ça finira par passer. Non, ce qui me fait du bien c'est de partager avec d'autres mères, aussi nulles que moi. Alors je relativise, je comprends, j'assume, je me sens moins seule. Il y aura toujours des mères pour nier l'évidence - être au-dessus de leurs sentiments - mais je me méfie de celles là, parce que si elles ne sont pas capables de ressentir leur colère, je ne les pense pas capables de ressentir l'amour non plus.

Mon elfe et ma grenouille mettent parfois beaucoup du leur à me rendre dingue. Quand il s'agit de choisir la tenue de ma fille de 3 ans 1/2 ça ressemble un peu à la collision entre deux planètes (sons et lumières inclus). Et pourtant il ne s'agit que du choix de la robe. Faut voir quand on parle éducation et limites. C'est qu'elle est têtue la gamine. Moi aussi. Je peux pas lui en vouloir. Je peux même l'aimer terriblement rien que pour ça. Mais merde, il y a des jours où 20 minutes pour mettre une manche de veste, en combattant une armée de Petits Poneys c'est juste trop. Et là je réalise que j'en ai deux de filles, pas de doute cette fois je suis foutue.

Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour mais oui, il y a des choses qui demandent d'être parents pour être comprises - et pour se permettre un commentaire. Jamais plus jamais juger une mère, seule avec son enfant, dans le tram, un jour de canicule, qui lâche un peu de pression. Jamais. 

jeudi 20 décembre 2012

Apocalypse

Meeeerdeuh, demain c'est la fin du monde et je suis pas prête. Cette procrastination me tuera.


© Hergé "L'étoile mystérieuse"
Je n'ai pas eu le temps de refaire ma couleur (quitte à partir autant le faire avec classe), j'ai oublié de téléphoner au contrôle technique, je n'ai pas eu le temps de retrouver une jolie taille 38 (mais où l'ai-je donc rangée?), ma dernière petite folie shopping online n'a pas encore été livrée, je n'ai pas nettoyé mon frigo ni terminé de télécharger la saison 9 de Grey's anatomy et EN PLUS j'ai déjà fait mes achats de Noël - j'étais manifestement distraite ce jour là. Le point positif, le chat a son détartrage aujourd'hui, il sera donc à même de chasser avec l'haleine fraîche et les gencives clean dans le monde post apocalyptique. 

Mais que faire de ces dernières heures? Dilemme ô dilemme! 

Ne serait-ce pas l'occasion de partager tous ces sentiments trop longtemps contenus au nom du politiquement correct et de la paix des ménages? L'occasion de partager un flot de petites vérités toutes personnelles extrêmement soulageantes à dire et très certainement moins à recevoir. Pouvoir commenter certains statuts FB en toute franchise. Prendre une dernière fois le 95 et "mettre de l'ordre" dans le foutoir organisationnel que m'impose la STIB. Ca me démange. Trop. Tsssssss, trop de colère et pas de certitudes des bénéfices à le faire. Si la fin du monde n'a pas lieu, je serai condamnée à me rendre au boulot à pied. Pire, en voiture.

Ou alors... je pourrais en profiter pour avouer deux ou trois petits brols. Comme le fait qu'il m'est brièvement arrivé d'aimer un morceau de David Guetta (brièvement je le jure) ou que je suis une fan inconditionnelle de Vin Diesel? Ou manger d'une traite les restes de Saint Nicolas et puis tous les autres restes aussi parce que rien ne sert d'économiser aujourd'hui ce qui sera perdu demain. Bof pour les restes, en cas de non destruction de la planète je m'expose à une crise de foie fort pénible (et à un régime deux fois plus strict pour compenser ces excès).

Je pourrais aussi (enfin?) faire des projets fous puisque je sais désormais que je n'aurai pas à les honorer et que personne ne sera là pour me le reprocher. Genre tout claquer pour partir élever des chèvres dans le Larzac, me lancer dans trois carrières différentes où je brillerais de mille feux en assumant mon rôle de mère de l'année, faire un régime et m'y tenir vraiment, faire du sport. Risqué, le programme va être chargé dès le 22 décembre pour les 9 vies qu'il me faudra pour mettre en oeuvre le tout. Je suis trop paresseuse pour une fin du monde.

Je pourrais aussi - il est vrai - faire l'effort suprême et reconnaître que je suis une gentille fille, dire à ceux que j'aime que je les aime justement. Mais ça je peux aussi le faire tous les jours de l'année, avec ou sans fin du monde. Il me reste les grandes déclarations sur l'éternelle amitié, la profondeur de mes sentiments pour certains et certaines (qui l'ignoreraient encore parce qu'il m'est déjà arrivé - à mon grand désespoir - de le faire pour m'entraîner en vue du 21). Mais pourquoi s'encombrer de sentiments éternels pour 24h seulement?

Ah non je sais, je vais remercier nos amis les Mayas qui ont permis que nous nous amusions un peu durant cette année 2012 à l'heure où la politique en mode drama queen et le populisme occupent une trop grande place dans ce qu'il faut malgré tout appeler de l'information (à chier mais information quand même). Les remercier de nous faire oublier les politiques hypocrites de l'ONU, les sacrifices financiers que l'on nous demande de faire quand d'autres se vautrent dans leurs richesses, nous faire oublier qu'il y a un certain paradoxe à pleurer 20 enfants morts dans le Connecticut quand la politique américaine en tue des milliers dans le monde, nous faire oublier que pour des tas de gens c'est tous les jours un peu la fin du monde, nous faire oublier que le système nous asservit et que nous sommes les premiers à lui donner les outils pour le faire. Et parce qu'on se fout de Michèle Martin, de Gérard Depardieu, de Kate Middelton et que ce serait sympa de ne pas nous prendre pour plus con qu'on est (restons modestes, on est toujours le con d'un autre).

Bon, comme toutes ces prédictions ne semblent pas fiables à 100% (ce sera quand même la énième fin du monde), je fais tout de même mon linge. Parce que je ne suis pas sûre que mon mec apprécie l'excuse "apocalypse" quand il devra aller bosser en short en plein hiver. J'aurai bien l'occasion de participer à une autre fin du monde. 


mardi 18 décembre 2012

365 jours et 28 kg plus tard

Frais du jour, c'était l'idée d'un samedi matin il a un an et un peu plus. Mince déjà? Le temps passe.
Il s'en passe des choses en une année.
J'ai perdu 5 kilos.
Mon elfe a eu sa première opération.
Elle est entrée à l'école aussi. Et là il y a eu tous les "premiers ceci" et tous les "premiers cela". Et il y a eu la première fois où j'ai dû accepter qu'elle avait grandi.
Puis je suis tombée enceinte (mais je ne me suis pas fait mal).
J'ai perdu mon grand-père. J'ai beaucoup pleuré. Non, ça ne veut pas dire que je ne pleure plus.
J'ai couru derrière des crèches et j'ai fini par en attraper une. J'ai médité sur cette question.
J'ai revu de très vieux amis et de très vieux ennemis et j'ai pris une bière avec eux.
Autour de moi des gens sont partis vivre très loin.
Moi je suis partie à Coxyde, en Bretagne et j'en suis revenue.
J'ai pris dix kilos.
J'ai vu ma grand-mère lentement renoncer, parce qu'il y a des choses trop difficiles à vivre quand un grand amour est parti.
J'ai été ahurie par le manque de civilités de tas de personnes.
Je ne crois plus que la grossesse soit un état de grâce.
J'ai perdu une de mes tantes.
J'ai râlé sec sur l'administration et ses absurdités. J'ai obtenu ce que je voulais mais je ne suis pas sûre que mon coup de gueule y soit pour quoi que ce soit.
J'ai accouché de ma fille. Elle a les yeux bleus.
J'ai perdu dix kilos.
J'ai perdu ma grand-mère.
J'ai pas mal de colère qui s'est accumulée.
J'ai pas mal pleuré cette année. Je continue de pleurer.
Et j'ai perdu mon légendaire agenda dans la tête. Maintenant le mot que je préfère c'est PROCRASTINATION (sans doute parce que je ne sais plus faire autrement).
Souvent je mange des sandwichs de chez Roland avec de vraies amies.
J'ai pris trois kilos.
J'ai des tas de pensées qui m'ont traversée la tête sous la douche. Des tas d'idées fraîches du jour.
Si la fin du monde n'a pas lieu - ce que je ne peux qu'espérer parce que j'ai pour une fois pris la peine de faire mes achats de Noël en temps et en heure - j'aurai peut-être l'occasion de parler de tout ça.
12 membres et 1594 visites, qui l'eût cru?


jeudi 1 novembre 2012

Dans la maison vide

                                                    ©Marthe Bingen Willendyck - vacances familiales à Trégastel                                      

Ces derniers jours je pense souvent téléphoner à ma grand-mère pour lui raconter les dernières nouvelles, lui dire encore un truc ou deux qu'elle ignore depuis qu'elle est morte. Et puis je me rappelle qu'elle est morte justement et que je ne pourrai jamais lui dire ce qu'il me reste encore à lui dire. Elle ne saura jamais ce que j'ai bien pu dire de mon amour pour elle le jour de ses funérailles. Je ne saurai jamais ce que sa pensée a été quand son regard a croisé celui d'Alma. Désormais ma relation avec elle ne sera faite que de plus jamais.

Le coeur engourdi par les pertes successives de ces derniers mois et la tête farcie de souvenirs. Des pages et des pages d'anecdotes que je ne veux absolument pas oublier. Des souvenirs qui tournent en boucle et auxquels j'ai besoin de m'accrocher pour un moment encore. Pour garder mes morts plus longtemps mais aussi pour rendre ces absences plus vraies...

...des commentaires sur mes pertes et prises de poids, mes choix amoureux et vestimentaires, mes études, mon boulot, ma fille, ... Mon grand-père qui s'endort à table, qui joue avec nous, qui porte tout le barda dont ma grand-mère s'encombrait toujours... une veste en peau de mouton retournée, un menton qui gratte, des histoires sans fin et l'odeur du Brylcreem... le jardin, les fleurs, les messages sur le répondeur... des merles, des cygnes, des gaufres, des iguanodons... les photos et des vidéos que je n'ai jamais vues... des châteaux de sable, des matchs de tennis, des leçons de latin, des pulls et des chaussettes de laine uniques, des crevettes fraîches et des coupes de cheveux à pleurer... des fouilles archéologiques, la Grèce, l'Egypte, le monde entier... des vacances à la mer et des excursions partout, partout, partout... des questions attentives et touchantes, discrètes et aimantes... des regards doux, des sourires silencieux et si chaleureux...

Des lieux et des odeurs qui avaient pris tellement de place dans ma vie que leur absence me frappe de plein fouet. Cette omniprésence douloureusement absente.

De l'amour, de l'amour, de l'amour.

De la nostalgie. Une cuisine à jamais vide des odeurs et des bruits de casseroles. Un jardin que personne ne contemple plus. Une fenêtre fermée sur une chambre vide. Le soleil qui fait scintiller les grains de poussières à travers la porte fenêtre du salon et personne pour rompre ce silence. C'est insupportable. Il n'y aura plus de pistolets du dimanche, ni d'apéros ni de fête de famille. Maintenant c'est la maison des plus jamais.

Il s'agit de bien plus que l'absence éternelle de mes grands-parents. Le silence des mimosas c'est la fin de ce que j'ai toujours connu. C'est ça la mort.

J'ai dit au revoir à mon arrière grand-mère, à mes deux grand-mères, à mon grand-père. Et je connais la suite de l'histoire. Ce n'est pas ce qui m'empêchera de vivre, ni de mourir, mais je n'ai pas envie de faire semblant pour le moment que la mort m'indiffère ou que je l'accepte. Il y a des jours où ça fait drôlement mal de prendre la mesure des choses, de perdre. De parler sans plus personne pour écouter.

Quand je m'éveille la nuit, un pincement inquiet au coeur, je me prends à espérer que quelqu'un m'aimera suffisamment pour dire une seule des mille choses merveilleuses que j'ai pu entendre à leurs funérailles, verser une seule des larmes qui ont coulé et partager ne fût-ce qu'un seul des souvenirs heureux que j'ai aujourd'hui.

vendredi 31 août 2012

I'm your man


©Paulette (t.3 le mariage de Paulette) - Wolinski - G. Pinchard
S'il y a bien quelque chose que j'entends souvent au sujet de l'homme qui partage ma vie, c'est que je dois me réjouir de l'avoir. Comme me disait ma grand-mère lorsque je l'ai rencontré "ne gâche pas tout cette fois!" (oui, ma grand-mère a le commentaire délicat). Et pour un peu il faudrait même que je sois reconnaissante de ce petit miracle quotidien qu'on appelle parfois l'égalité (ou presque) des rôles au sein de notre couple. Spécimen rare semble-t-il d'homme normal...

Pas d'emballement, des siècles, des milliers d'années d'homo habitus machistus n'ont pas brusquement sauté une génération pour faire de lui un homme à l'égal de la femme (héhé, permettez le clin d'oeil) mais il semble moins affecté que d'autres par certaines attentes propres au sexe fort (je "héhé" à nouveau). Pas de soupe (aux poireaux) qui l'attend sur le gaz au retour du boulot, pas de linge plié fleurant bon le frais (mais entassé ça sûrement), pas (souvent) de tenue de soubrette et surtout pas de "toi avant moi". Pas non plus d'homme maltraité durant l'écriture de cette réflexion ni avant ni après. Juste un homme et une femme partageant une tranche de vie.

Je n'ai pas envie de me livrer à une critique de la gent masculine que j'apprécie fort par ailleurs et surtout à sa juste valeur (héhé n°3). Mais je ne peux m'empêcher de lever le sourcil encore valide qui me reste à l'idée que mon compagnon de vie serait une perle rare (que je suis évidemment la seule à ne pas voir). Les esprits chagrins diront que je ne vois jamais que le verre à moitié vide mais moi je dirais plutôt que je ne veux pas passer mon temps à me réjouir de ce qui est normal. Monsieur sort les poubelles, fait les courses, le repas, s'occupe de sa fille, travaille à temps plein, fait certains des caprices de Madame et puis ce qu'il veut aussi. Madame fait le linge, gère les plannings divers, l'enfant, certains des caprices de Monsieur et puis je fais ce que je veux aussi. Je ne satisfais pas les moindres demandes, je ne suis pas dans une position où je fais tout pour garder L'HOMME auprès de moi. Je n'ai pas grand chose à prouver. Je ne pense pas que le charme "brut" soit suffisant mais je ne crois pas non plus que c'est à moi, la femme, d'être exclusivement en démonstration, au boulot, en demande, dans la crainte de ne pas suffire et donc de perdre l'autre. Si tu veux quelque chose moi je dis "bouge ton cul" et si je veux quelque chose de toi je dis "bouge ton cul". Oui je suis comme ça. Après 13 ans de vie commune je ne crois pas à la perle rare qui fait mes caprices et le ménage, je crois simplement que tous les hommes ne sont pas dominés par une certaine idéologie du mâle dominant ni éduqués par des mères soumises à cette même idéologie (et qui dès lors ne leur ont pas mis de coups de pieds aux fesses). Je pense vivre avec quelqu'un qui a compris qu'une vie commune est faite de tâches communes, enfants compris. Et si je sacrifie parfois à la tradition de la mère qui en fait deux fois plus que le père c'est aussi parce que je suis une mère qui le veut. Mon sang ne fait qu'un tour lorsque j'entends que j'ai de la chance d'avoir un "homme présent", un "père impliqué" et gnagnagna et gnagnagna. L'enfant ça se fait à deux non? Bon, ben ça s'éduque à deux.

Remercier pour ce  qui devrait être acquis me semble le comble. Pas de chance pour l'autre partie de mon couple. Il aimerait, c'est vrai, bien évidemment que je le reconnaisse dans ses mérites (et rassurez-vous je le fais parfois quand il ne m'écoute pas). Enfin, pour enfoncer le clou du mythe de cet homme il faut savoir qu'il comprend AUSSI que je ne le fasse pas.

Il est difficile de trouver celui ou celle qui partagera votre vie. Un couple est fait de compromis mais aussi de clichés et d'attentes. J'ai parfois envie de croire aux histoires à l'eau de rose mais je ne pourrais qu'être déçue. Je me réjouis plutôt d'avoir rencontré quelqu'un avec qui il est possible de survivre à la routine et parfois même d'y ajouter un peu de magie.

Ces jours derniers, je couve précieusement ma progéniture attendue sous (très) peu, mère en attente, un peu anxieuse et pleine de demandes. Et je suis apaisée parce que cet homme, ce père, a fait discrètement les mille et une tâches demandées (parfois insensées) afin de me faire plaisir. Il n'avait aucune autre raison de le faire. (Prince) Charmant hein?

Je l'aime parce qu'il m'aime comme je suis, même quand ça le rend fou.
Je l'aime parce qu'il me dit qu'il n'aime pas Leonard Cohen et que je ne pense qu'à lui en l'écoutant.

(fais toi plaisir, clique sur le lien)

samedi 21 juillet 2012

With a little help from my friends



...Tonight I'll dream while I'm in bed
When silly thoughts go through my head
Of the bugs and alphabet
And when I wake tomorrow I'll bet
That you and I will walk together again
I can tell that we are gonna' be friends
Yes I can tell that we are gonna' be friends...

Jack Johnson - We're going to be friends

J'ai un ami que j'ai rencontré il y a bientôt 26 ans. Il a été un peu de tout (à la belge en ce jour de fête Nat') pour moi. Un copain, un ami, un premier amour, un ennemi, un obscur objet et aujourd'hui un parrain pour ma fille. Parfois on partage tout, parfois on prend l'air, parfois on se dispute, parfois on ne se comprend pas et parfois personne ne nous comprend. On ne prend rien pour acquis même si on ne croit pas que certains liens peuvent avoir une fin. Et si j'ai parfois des regrets, je ne voudrais pour rien au monde changer cette drôle d'histoire. Tu es mon meilleur ami tu sais.

Les potes, les amis, les meilleurs amis, les connaissances, les relations, les proches. Autant de catégories qu'il faudrait parfois un tableau Excell pour s'y retrouver. Ou juste partir du principe qu'il y a ceux avec qui c'est cool et puis les autres. Cool comment au juste? Genre cool on va boire un verre et on bave sur les autres? Ou cool t'es là quand j'ai besoin de toi? L'ami c'est celui à qui on dit tout et qui est toujours dispo, ou pas? Parce que là c'est limite exigence en mode esclavagisme. Où que c'est la frontière entre la transparence totale et les limites conventionnées? Des amis pour faire certains "trucs" et pas d'autres?

Les amis ne sont pas toujours ceux à qui on s'attend, pas toujours dans la durée ou dans le temps. Ils vont et viennent, se renouvellent, se perdent et se retrouvent, parfois. Certains privilégient le nombre, d'autres la qualité. La distance ou la proximité. Ceux avec qui l'on se fâchent ne sont pas toujours ceux qui s'éloignent. Ceux qui s'éloignent restent parfois très proches dans le coeur. Certains n'étaient pas destinés à grandir avec nous, d'autres sont encore à découvrir. 
© Beverly Hills 90210 - Fox
L'amitié c'est parfois se taire même quand on a envie de hurler, faire le vide quand on a envie de juger. C'est le silence parce qu'on aime et qu'on respecte l'autre. C'est aussi dire certaines choses, briser des tabous comme personne ne peut le faire. Mettre les pieds dans le plat ou jeter le pavé dans la mare. C'est accepter qu'on puisse se tourner le dos et se réconcilier, plus tard. Les potes, les amis, les proches sont ceux avec qui il sera toujours possible de mettre des mots ou échanger un regard et aller de l'avant. C'est tout et son contraire. 
Les amis ce sont les clous de ton cercueil parce que tu les as choisi et que tu ne peux pas les juger comme ta famille. Si ce n'est toi ils ne seraient pas là. Tu ne peux pas leur en vouloir d'être là. C'est pas ton mère ou ta mère, ce que tu veux bien prendre d'eux ou accepter ne tient qu'à ton libre choix. 
Les amis sont effroyables parce qu'ils sont le pire des miroirs. Et s'ils ne sont pas toujours justes ils ont le mérite de renvoyer de toi ce que tu veux bien donner aux autres. On peut être déçue du résultat. Ou étonnée, surprise, heureusement surprise et heureuse. S'ils sont là c'est que t'en vaux la peine. Et s'ils ne sont pas parfaits, toi non plus. Ce n'est pas grave. 
Sur Facebook t'en as 547, dans la vraie vie c'est 4. Tant mieux parce que dans la vraie vie, tu n'as pas le temps de fêter tous les anniversaires, d'être de tous les restos et t'as pas la tune (ni la créativité) pour le cadeau qui tue trois fois par semaine. 
J'ai des amis que je connais depuis presque toujours et d'autres que j'ai découvert il y a peu de temps. J'adore mes potes, je suis plutôt nulle pour le dire et je mise tout sur le fait qu'ils le comprennent sans qu'on se le dise. C'est pas de la confiance ça? J'imagine qu'il en va de même pour eux et tant pis si ce n'est pas le cas. Je ne veux pas passer mes amitiés au scalpel, je veux laisser un peu de spontanéité et prendre ce petit risque parfois excitant de laisser les  sentiments faire leur chemin. Je merde parfois, je blesse, je parle trop ou pas assez. J'aimerais m'en foutre mais ce n'est pas vrai. J'essaie d'être suffisamment vraie pour que ceux qui m'ont choisie comme amie puissent avoir confiance dans mon entièreté. 
Perdre des amis n'est jamais un plaisir et laisse toujours des traces (des regrets, des rancoeurs, de la peine?). Il n'y a pas de hasard et c'est peut-être mieux? Il y a longtemps un ami m'a dit que rien ne durait. Je crois qu'il n'avait pas envie de se sentir prisonnier des liens qui nous unissait. Finalement même la distance qui nous sépare aujourd'hui est un lien. Je ne sais pas si nous pourrions nous retrouver après toutes ces années, on ne se connaît plus (ou peut-être que oui?) mais je ne peux m'empêcher de penser avec douceur à lui. Et puis je pense à autre chose parce qu'il n'y a aucune raison de traîner de vieilles casseroles...

J'ai des amis qui habitent loin, qui habitent tout près, qui sont smart, qui sont lifestyle, qui sont bohèmes, qui sont intellectuels, qui sont superficiels, qui sont engagés, qui sont paumés, qui sont beaux, qui sont moches, qui sont chiants, qui sont drôles, qui sont émouvants, qui sont parents, qui seront parents, qui sont vieux, qui sont jeunes, qui m'énervent, qui me laissent perplexes, qui ont bon goût, qui ont mauvais goût, qui m'épuisent, qui me remontent le moral, qui me font rire et qui sont là.


Mes amitiés ne ressemblent à aucune sitcom. Ca me va comme ça.


vendredi 20 juillet 2012

Ar Ker' Breizh


Pour mon amour qui m'a appris à aimer les endroits perdus...




















Le cul planté dans mon canapé à la mode de Peumérit, je regarde la ligne bleue des Vosges de Bretagne, ses petits toits authentiques, ses pommiers, sa lumière de fin de journée et je me dis que la vie c'est pas mal quand même. Mon elfe est profondément endormie, mon amour fait le tour de la propriété (avec chevaux s'il vous plaît) et ma progéniture en devenir sautille "tranquillement" dans mon ventre. Manque plus que la petite bière fraîche de l'apéro et ce serait divin. On pourrait croire que des vacances avec enfant malade (plus de 39° de fièvre, pas de petits joueurs ici!) seraient gâchées. Mais non. Ce que mon environnement émotionnel m'aura appris au long de ces dernières semaines - mais peut-être est-ce ces derniers mois ou ces dernières années - c'est qu'il faut savoir reconnaître de la quiétude où il y a en a. Quelque chose du genre "... accorde moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse de voir la différence...". Qu'importe la pluie ou la fièvre, qu'importe que l'on aille deux ou dix fois à la plage, qu'importe le wifi qui lâche et l'angoisse de toute cette nature (belle et sauvage) environnante, qu'importe que cette heure entre chien et loup amène des pans entiers de nostalgie. Mon insatisfaction est impuissante à y faire quoi que ce soit, tout juste gâcher ce qu'il reste de bon, pour moi et pour les autres. Contre mauvaise fortune bon coeur? Peut-être que ces hasards me forcent à reconsidérer ce que j'appelle le plaisir. Une vie est aussi faite de moments perdus et d'endroits perdus. Alors je soigne ma fille, je sors prendre l'air quand je peux, je bois du thé, je marche en faisant grincer les planchers anciens de cette antique maison bretonne, je regarde la pluie tomber et le soleil sécher les pommiers. Les chevaux viennent chercher les caresses lorsqu'on passe la porte, mon amour rêve de four à pain traditionnel et sympathise avec les locaux qui racontent à loisir les histoires de ces vieilles pierres. On mange des crustacés frais (du jour), on respire les algues et on collectionne coquillages et cailloux. Demain on mangera une part de Far au jardin (aux pruneaux pour que ce soit plus excitant bien sûr). Soudainement tout ce temps au ralenti, loin de l'agitation et des remous, loin des autres, loin des besoins qui ne sont pas les nôtres. Comme une bulle, ma famille. L'occasion de découvrir que l'elfe parle une forme de breton, qu'elle aime le camembert si c'est sur la tartine de son père et que nous sommes heureux. Ah oui, elle aime Scooby Doo aussi, parce que les monstres ne sont jamais que des déguisements qu'il suffit d'enlever pour ne plus avoir peur. 

C'était de belles vacances.

vendredi 22 juin 2012

Like it (or not)


J'aime
l'odeur de la terre mouillée par la pluie,
la douceur des poils derrière l'oreille de mon chat,
le mélange de la glace vanille et du chocolat fondu sur la langue,
le chant des hirondelles par la fenêtre tôt le matin,
l'eau glaçée quand il fait chaud,
le crépitement du feu de bois,
le parfum de la nuque de ma fille,
le hasard qui fait bien les choses,
la résistance et le craquement,
les bras de mon homme,
l'odeur du café et du pain grillé,
le vernis à ongles rouge pomme d'amour,
la raideur des draps d'une chambre d'hôtel,
la bouche de mon enfant qui tête,
la buée sur le verre de vin blanc frais,
le battement de paupière qui ralentit le temps après l'amour,
le crissement de la neige sous les pas,
la couleur safran,
les taches de rousseur après le soleil,
le rire de ma fille,
le glaçon qui croque sous la dent,
le bois d'olivier poli,
le bruissement des feuilles de peuplier dans la brise,
la nostalgie du temps présent,
le chatouillement des pattes d'une coccinelle sur la main,
le diable qui marie sa fille,
l'odeur camphrée de la rootbeer,
la fraîcheur des petits matins,
le sommeil après les larmes,
le souffle coupé par les premières notes d'un concert,
les rais de lumière dans les branches de bouleau,
l'odeur de la peau après une journée à la plage,
les mouvements de ma fille dans mon ventre,
les épices et le yaourt,
le rouge à petits pois blancs,
le ronronnement du chat,
le thé dans la porcelaine anglaise,
la force de ma fille quand elle me serre dans ses bras,
le bleu touareg,
les vieilles photos de personnes inconnues,
les confidences au milieu de la nuit,
le sel, le poivre et le citron,
le Liberty,
le mouvement des coquelicots dans le vent,
le  chant des cigales dans un champ écrasé de chaleur,
les contre jours et les contre temps,
par exemple.

Et toi?


dimanche 20 mai 2012

Ma petite vertu





L'histoire de Petite Vertu et des 7 Péchés  Capitaux.






L’Envie (invidia en latin) : la tristesse ressentie face à la possession par autrui d'un bien, et la volonté de se l'approprier par tout moyen et à tout prix (à ne pas confondre avec la jalousie). Gnarc gnarc gnarc, je suis pas une (fille) gentille. J'envie certaines blogeuses qui se permettent un total relâche sur la toile, que je me ferais bien parfois. Total vulgaire, total scato, total sexe, total no complex. Ouaip, parce que le reste personne n'y trouvera rien à redire tandis que le sexe ça chatouille (enfin tu m'as comprise). C'est peut-être l'occasion sur ce billet de tenter le coup. Posséder le bien d'autrui, me prendre la langue de vipère, le langage de pute. Répondre avec 10 ans de retard à un connard qui me traitait de "coucou" (celui qui pond dans le nid des autres, n'en touche pas une et profite du résultat) "ben ouais regarde je m'approprie des trucs qui sont pas d'moi et ça change rien à ta vie, conclusion: ferme ta gueule". Trève d'aménités, ce petit lâcher langagier m'a soulagée d'un poids. 

L’Orgueil (superbia en latin) : attribution à ses propres mérites de qualités ou de comportements qui sont des dons de Dieu (intelligence, vertus, etc.). J'aime pas me répéter (en fait ça c'est pas vrai te dira ma mère) mais j'ai déjà parlé de ça dans un billet précédent. Je peux le dire encore si vraiment il le faut, je suis géniaaâââaaale et j'en suis fière! (ouais je suis odieuse de prétention!). Mes vertus font du S (ce sont bien les seules choses chez moi) et mon intelligence passe du S au XL selon le sujet et le taux d'alcool (souvent inversement proportionnellement d'ailleurs). Et Dieu n'est pour rien dans tout ça. Mon patrimoine génétique je le dois à mes parents ainsi que les bases de mon éducation. Pour le reste, je me suis débrouillée toute seule. Alors clairement je pue l'orgueil. M'en fiche, j'ai un bon déo.

L’Avarice (avaritia en latin) : accumulation des richesses recherchées pour elles-mêmes. Quoi, genre la paire de shoes que t'as pas besoin et que tu te paies quand même sous l'étiquette "on ne vit qu'une fois" (comme dans "mon compte à vue qui ne voit qu'une fois par mois le dessus de la ligne rouge"). Le truc qu'il te faut pour compléter ta collection à la con que tu collectionnes même pas mais si t'es comme moi - un brin psychorigide - il te faut la série complète pour mieux dormir (erreur, la dépense inutile passée, elle te tiendra éveillée et coupable). Genre le tee-shirt soooooo sexy et soooooo trop petit que tu achètes quand même pour quand t'aura minci? Genre "comme j'ai pas lâché un centime ces dernières semaines et que j'ai fais des économies je vais les claquer dans des trucs supers inutiles - parce que soudainement cet afflut de tunes ça me perturbe"? Avoir pour avoir, plutôt 21th century huh!

La Colère (ira en latin) : produit des excès en paroles ou en actes : insultes, violences, meurtre. Je gueule pas, j'explique. J'insulte pas, je nomme les choses telles qu'elles sont. Je suis pas violente, je teste la résistance de la vaisselle aux chocs inattendus sur un plancher. Je tue pas (non ben non, ça je fais pas - même pas les petites bêtes rampantes, trop poilues, trop velues). Oui, la gestion de la colère pour moi est ce qu'on peut apeller une "issue" en anglais (quand on joue la carte du bilinguisme, ça fait chic et ça noie le poisson). Et si ça suffit pas je me console en disant que c'est un peu un côté idéaliste qui fait de moi une folle furieuse quand je rencontre l'injustice (à voir si cette injustice est justifiée - autre débat). Bref, je suis dans le déni.

L'Impureté ou la Luxure (luxuria en latin) : plaisir sexuel recherché pour lui-même. C'est pas pour lui que je le cherche, c'est pour moi - nan j'déconne j'ai pigé. Mais bon le sexe c'est un peu une affaire privée, non? Même si avec une gosse et une deuxième en route tu te doutes que je crois plus trop aux abeilles, aux choux ou aux roses. Peu de chance que je fasse ici l'état de ma luxure (j'adore ce mot), je blog sous la censure de ma moitié. C'est pas comme s'il lisait mes p'tites bafouilles mais les mecs ont des radars quand il s'agit de repérer bobonne qui cause libido et qui pourrait mentionner un truc ou deux en passant. Bref, parler de moi c'est parler de lui. Ne pas parler de lui c'est parler d'un autre, je veux pas d'ennuis (tu me comprends, on avait dit de 5 à 7 uniquement). Tenons nous-en à "merci, ma luxure (rhâââ j'adore) se porte bien".

La Gourmandise (gula en latin) : ce n'est pas tant la gourmandise au sens moderne qui est blâmable que la gloutonnerie, cette dernière impliquant d'avantage l'idée de démesure et d'aveuglement que le mot gourmandise. Genre je me fais un paquet de Miracoli (sauce fromage) pour 3 à 4 personnes à moi toute seule? Genre je me fais une boite de ravioli de 800 gr  à moi toute seule (sinon 'y a pas défi!). Genre tant qu'il y en a j'en mange? Genre je sais que c'est pas bon pour moi mais j'en ai tellement envie? Genre "on laisse jamais un cupacke sur le terrain, on n'abandonne pas les siens"? Totalement démesurée et aveugle! Parfois je me dis que je vais finir comme le gros dans SE7EN, la gueule dans mon assiette de spaghettis (capellini grazie!). N'en déplaise à la TMS ONE qui doit désormais me peser chaque mois et qui a fait de mon poids une affaire personnelle. Elle devrait pas. Est-ce que je m'en fais moi?

La Paresse, anciennement l'acédie (acedia en latin). Il s'agit de paresse morale. C'est un mal de l'âme qui s'exprime par l'ennui, l'éloignement de la prière, de la pénitence et de la lecture spirituelle. Heureusement que Wiki fournit la définition avec parce que je suis trop naze de l'effort pour aller voir ce qu'il en est (ne le dites pas à ma grand-mère mais après 6 ans de latin je ne savais pas traduire acedia). Je suis tellement paresseuse que je suis hyperactive dès l'aube. J'aime évacuer les tâches encombrantes de manière à ne plus en toucher une le reste de la journée. Tâche grandement compliquée par la présence de ma fille qui se fout de mes ambitions de glandeuse. Sinon, pour la paresse morale, heu... "Dieu, sa vie, son oeuvre" je l'ai pas terminé, assez chiant sur la fin. Je bosse ma spiritualité à l'occasion - entre deux lessives. 

Paf! 7 péchés/7 péchés! Je me suis pas loupée. Pour une fois que je cartonne avec un sans faute. Finalement je me sens plutôt bien comme athéïste, je serais un fail total comme croyante. C'est vraiment des trucs de crétins chrétiens tout ça.


Ps: je sais que t'y as cru mais naaaaannnn c'est pas moi sur la photo. Enfin...peut-être après mon accouchement. Ouais, sûrement même. 

Pps: Merci Wikipédia pour ces petites définitions faciles à piger, faciles à digérer. 

samedi 19 mai 2012

V.O. sous titrée papier

Je me fais souvent la réflexion après un film, s'il est adapté d'un roman, que soit le roman doit être/est meilleur, soit l'adaptation est mauvaise. Si tous les livres ne sont pas bons - et dans ce cas cela laisse peu de chance au film de l'être - pas mal de bons livres finissent de manière désastreuse sur le grand et petit écran. C'est dommage. En même temps c'est peut-être ce mauvais film qui va me donner envie de lire le livre. Sans doute parce que j'aime lire. Sans doute parce que je ne peux pas croire que quelqu'un ait pris la peine de mettre en scène un roman qui ne vaudrait même pas sa lecture. 





Le film est souvent réducteur de ce qui fait le charme du livre, les détails. Ceux qui colorent l'imagination à la lecture, donnent le corps, le décor et qui sont sacrifiés à la réalisation. C'est vrai, ils sont "inspirés de...". Oui mais pourquoi  "s'inspirer de" si c'est pour ne pas retrouver ce qui fait l'essence et le sens même du livre? Sans cela même quelque chose d'inspiré sonne creux aux yeux, aux oreilles et aux tripes. Les messages sont souvent oubliés au profit de l'action dans les romans tirés de littérature de science-fiction ou les scènes gores sont multipliées au dépend de l'horreur la plus subtile qui vous remonte l'échine pendant la lecture à la seule force de l'imagination. Le sexe ou l'amour mielleux prend la place de la complexité et la nuance des sentiments. Ce qui est mis en avant est ce qui parlera au plus grand nombre ou ce que le scénariste a trouvé nécessaire ou indispensable. Ce n'est pas toujours ce qui m'a touché. Et c'est toujours ce qui me déçoit. Et pourtant, même en sachant cela, je désire parfois tellement que ces romans, ces essais, ces livres qui m'ont fait vibrer soient adaptés au grand écran. Que les images surgies dans ma tête prennent vie! Je ne suis pas difficile. Je lis à tous les râteliers, dédaignant peu de styles, certains étant plus appréciés que d'autres c'est vrai, je reste ouverte. Je suis bon public, le trop intellectuel m'ennuie, le cousu de fil blanc m'endort. J'ai à coeur de connaître mes classiques et de découvrir les nouveautés, le buzz littéraire de la rentrée. J'aime l'histoire, les sciences, les mystères, le romantisme. Et même la philosophie. J'ai peur à la lecture d'un thriller, je ne suis pas avare d'imagination. La littérature américaine contemporaine et les tranches de vie sont mes péchés mignons. 

Exemples! Pour les moins cinéphiles ou les moins lecteurs et pour laisser libre court à la critique de ceux qui diront toujours "oui mais si elle appelle ça de la littérature, alors forcement...". Je m'en fiche. Les livres c'est comme la musique, c'est une affaire de goûts personnels. Ce que je n'aime pas n'est pas forcement mauvais. Ce n'est simplement pas mon goût. J'essaie de vivre et laisser vivre la culture de chacun (dans ce contexte hein, il y a des exceptions à tout!). L'important à mes yeux étant plus la démarche de curiosité que le résultat lui-même. C'est un peu un principe d'éducation, tu n'es pas obligé de manger mais il faut goûter avant de dire qu'on n'aime pas. Bref, je m'égare, je reviens à mes tonnes de papiers et mes kilomètres de pellicules. 
J'ai un faible pour Michael Cunnigham. J'ai adoré "La maison du bout du monde". J'ai rêvé qu'il soit adapté et...mon rêve est devenu réalité. Le film sonnait creux et Colin Farell (que j'abhorre) interprétait le personnage phare. Une déception. Je regarde désormais mon livre avec pitié, je lui en veux un peu de ne pas avoir su transcender l'écran. Je lui pardonne aussi un peu quand je vois "Les heures", a contrario une très bonne adaptation (qui m'a amenée à découvrir la version papier de Cunningham). 
J'ai reçu il y a bien longtemps "Ensemble, c'est tout" d'Anna Gavalda. Magnifique. Depuis tout le monde l'a lu, parce qu'il est sorti au cinéma avec Tautou et Canet et bon, on ne peut pas faire l'impasse. C'est pas si mal adapté pour une fois mais la joie de plonger dans la brique qu'est ce roman et de devoir faire sien, aimer ces personnages est totalement absente du film. Qui ne tombe pas sous le charme des yeux doux de Canet? Je ne cite même pas les qualités attractives de Tautou. Le film était gagnant avant le départ. Le choix des acteurs...  
Stephen King. Nombreux seront ceux qui ne le qualifient pas d'écrivain et parleront de ses romans comme du papier chiotte. Ok, c'est affaire de goût personnel (cf paragraphe précédent). Je reste une fan de "Ça", "Shining", "La ligne Verte", "Shawshank Redemption", "Dolores Claiborne", "Le fléau", "Sac d'os" , "Misery", "Marche ou crève", "Coeurs perdus en Atlantide" et "Simetierre" (qui m'a fait faire un des pires cauchemars de ma vie, alors que j'avais pourtant dans la vingtaine...). J'assume. J'adore lire ses romans et je me ch*** dessus avec certains. Au point de sauter quelques passages (dans Shining je fais systématiquement l'impasse sur la chambre 217) et depuis "Ça" je ne me penche plus au-dessus des lavabos. A part une ou deux adaptations (je dirais dans les plus récentes), les versions cinématographiques sont épouvantables et en deviennent comiques, voire pathétiques. 
J'ai beaucoup aimé "La nostalgie de l'ange" d'Alice Sebold, pellicule et papier. Le tour de force de mettre en scène sans ringardise le monde de Susie est un exploit. Merci Peter Jackson! 
"Il faut qu'on parle de Kevin" de Lionel Shriver est un exemple parfait de réussite - si on n'a pas lu le livre. Bon film. Puis on lit. Et là c'est vraiment trop bon! L'écriture, le suspens, la profondeur des personnages, la complexité de l'âme humaine. 
Jane Austen ou William Shaekespeare échappent en général au massacre de la mise en image. La clâââââsse Bristish je suppose... 
Je prie pour qu'on n'adapte jamais Donna Tartt, Armistead Maupin, Howard Buten ou David Lodge. Il y a des romans qui doivent le rester. Ces exemples sont loin d'être exhaustifs. Je ne lis pas que ces écrivains là et il y a de nombreuses adaptations de qualité. Comme tous les puristes de la page, finalement c'est toujours la même histoire, un sentiment de trop peu ou d'inexactitude. L'imaginaire des autres n'est pas le nôtre. Même devant Harry  Potter je fais de longues digressions à ma moitié pour qu'il comprenne "mieux" (et qui ne pige plus rien du tout à force de MES détails).

Tout cela m'est venu en regardant "Un secret" sur France3. Il y avait un petit quelque chose mais cela manquait d'autre chose. Débarquée de la lune récemment je découvre que c'est une adaptation. Et "on dit" que le livre est très bien. Bon, je le mets sur la liste des livres qu'il faut que je lise parce que j'ai envie d'en savoir plus, parce que je ne crois pas qu'on peut en rester là. Finalement oui, j'aime les allers-retours entre la page et la pellicule. Même décevants. Parfois c'est comme ça qu'on découvre un auteur, un nouveau genre littéraire. Ou pas. 

samedi 12 mai 2012

Sign & share

de l'art de s'engager - sur un mode moderne et virtuel. 

Les sarcastiques diront que c'est bien facile de cliquer derrière un écran pour se sentir actif. Ceux là sont ceux qui ne cliquent jamais et qui à part critiquer les agissements des autres ne font pas grand chose. En fait disons-le ils ne foutent rien d'utile. 

C'est vrai que l'engagement ce n'est pas obligatoire. Même si on peut se demander comment à notre époque il est encore admissible de rester impassible devant le rythme effréné du monde dans sa course à la connerie. Le retrait, le sans-avis, la pseudo prise de distance, la non position (différente de la réflexion ou de la difficulté à trouver la position qui nous parle) c'est une manière de ne rien faire. C'est une manière de laisser faire, parfois le pire. Et ça c'est irresponsable. 


Le temps pris pour lire les quelques lignes explicatives d'une pétition (pour ceux qui n'ont pas le courage de lire plus avant des articles de fonds) est court, il ne coûte rien et peut pourtant y faire beaucoup. Les adeptes de nombreux mouvements d'action sur la toile sauront qu'il y a des suites aux (sérieuses) pétitions. Bon pas toujours, c'est vrai, mais qui ne tente rien est sûr de ne rien avoir, pas vrai? Et à défaut de résultats concrets rien n'est perdu car c'est aussi une  manière de diffuser de l'information et d'en apprendre plus.  

Parfois quelques clics font plus que lorsqu'on marche en silence dans la rue. Je ne sais pas si c'est vraiment bien mais c'est un moyen. Et certains combats ou certaines idées valent bien de s'ouvrir à de nouvelles méthodes. 

Dans notre société où l'on veut toujours plus, les aficionados de la consommation se réjouiront que les pétitions on-line fourmillent des sujets les plus variés et rencontrent de nombreux intérêts (même si un grand nombre ne partage pas forcement chacun de ces intérêts et que toutes ne sont pas - bonnes - à signer). Chaque région du globe est couverte, des humains aux animaux en passant par les animaux utilisés par les humains et les humains utilisés par les humains. De l'écologie, du bio, du fair trade. De l'éducatif, de l'artistique. Des gays, des lesbiennes, des hétéros et des qui savent pas vraiment. Des guerres et des paix. Je ne suis pas exhaustive. Il y a donc toujours moyen de trouver clic à son doigt. 

Tout ça pour dire quoi? Et bien qu'à la prochaine pétition que je t'envoie, attends avant de nier l'affaire ou d'effacer mon message l'air de rien. Clique un coup ou deux et tu verras qu'il ne t'arrivera rien si ce n'est d'avoir bonne conscience. Un luxe aujourd'hui. Et puis diffuse (si tu as le temps). Fais partager tes idées, tes craintes, tes souhaits, tes passions aux autres. Ce sera toujours plus utile que la chaîne de l'amitié que tu ne peux briser sous peine de mourir dans d'atroces souffrances et avec laquelle tu brises par contre les c*** de tes contacts mails. Ce sera plus utile que de poster sur ton mur Facebook un avis disant que t'es fièr(e) de connaître un cancéreux, un moche, un handicapé et que TOI tu oses le dire. Ça leur fait une belle jambe tiens... Par contre les pétitions permettant de lutter contre la discrimination, pour permettre les soins accessibles à tous et j'en passe et des meilleures ça pourrait avoir un peu de sens pour tous ceux qui luttent face aux adversités physiques, sociales, politiques de la vie. Enfin je crois. 

Manifester même du bout des doigts est un droit que tous n'ont pas. C'est donc un devoir pour ceux qui l'ont. Il y a plus de force dans une pétition que dans un avis donné du fond de son canapé. Courage!

Le "clic" d'un jour ne dispense personne d'une petite manif live à l'occasion. Dis toi que c'est "vintage" s'il faut que ce soit un peu "lifestyle" pour te convaincre que l'engagement c'est pas ringard. 



vendredi 11 mai 2012

C'est tous les jours la fête des mères


A toutes les mères parfaites - dans la vraie vie.

Maintenant que me voilà allongée, contrainte plus ou moins volontairement au repos pour mieux couver ma seconde (future) progéniture, j'ai l'occasion de longuement méditer sur l'état de mère (combien d'entre vous ont pensé/lu l'état de merde) dans lequel je suis. 

Quand on parle maternité il y a l'avant, le pendant et l'après - l'A-P-A. Et il n'y a pas un état pour rattraper l'autre. Loin de moi (je dis souvent ça mais à vrai dire c'est peut-être plus près que prévu) l'idée de me joindre à cette nouvelle tendance des "mères indignes, ingrates ou insatisfaites et fières de l'être" mais tout de même, constat doit être fait que mère c'est un p*** de job. La partie la plus pénible étant cette obligation d'être soit 100% épanouie, soit 100% "j'assume que ça me gonfle". L'entre-deux plus nuancé, plus difficile à exprimer ou conjuguer c'est pourtant à peu de choses près l'état commun à la plupart des mères. J'énonce pas un truc délirant là, les forums de maternité (relativement ringards j'en conviens) et les blogs persos aussi fleurissent autour de ces questions. Et si c'est le cas c'est sans doute parce qu'un nombre croissant de mères commencent à se dire les mêmes trucs et se rassurent en faisant le constat qu'elles ne sont pas les seules et qu'elles ne doivent point culpabiliser. Vite dit ça. Malgré mes opinions relativement (bien) défendues et répandues (si t'as le malheur de me fréquenter dans le quotidien tu sais que je ne me prive pas pour donner mon avis) j'applique pas le quart du tiers de ce que je bave. Bref, après avoir claironné haut et fort que ma grossesse était prioritaire sur la performance professionnelle ou sociale, que les femmes ne sont pas égales entre elles et qu'on s'en fout, que blablabla et blablabli, il aura fallu qu'un boulon lâche pour que j'accepte de me trouver allongée au repos et que non je n'étais pas une femme - enceinte - moins que bien pour autant. Le "truc" avec l'A-P-A de la maternité c'est qu'on nous cache tout (on nous dit rien). Et ça c'est vache, parce qu'après on se met des pressions de dingues pour faire comme les autres, qui en fait ne font rien du tout sauf semblant, tout comme nous, d'assurer à mort. Alors à bas quelques contre-vérités. Et je me permets de les lâcher tranquille, en mère épanouie, aimant la grossesse, avec une super première grossesse, avec un accouchement de rêve, une gosse à tomber tellement qu'elle est géniale, avec un père présent et une deuxième grossesse tout aussi cool. Et pourtant si si si, on n'est à l'abri de rien. 

Tabou 1 - la grossesse: 
En plein dedans je manque donc totalement d'objectivité mais je suis aussi très bien placée pour témoigner de ce vécu troublant. Pas d'analyse psy ici (on le sait merci que la grossesse est un état proche de la folie, qui remue des tas de boues) mais plutôt un peu de vécu. De la life quoi! Comme me disait une amie proche "avant je trouvais les femmes enceintes merveilleuses, maintenant (elle est enceinte) je trouve ça pénible et attends impatiemment la fin" (je paraphrase - tu m'excuseras chérie). Moi j'aime bien être enceinte. Mais c'est vrai aussi que les avantages de l'état de grâce continuent de m'échapper. Enceinte tu ne t'appartiens plus, tout le monde se sent autorisé à te toucher, à commenter ta prise de poids, ta (mauvaise) mine, te parle du bébé mais finalement jamais de toi, t'es la reine mais tu fais plus partie de la fête... Enfin parfois oui parce que t'as la chance de sauter comme un cabri jusqu'à la délivrance (le mot je te jure le mot...). Et moi évidemment je suis pas le cabri de service. Donc en totale contradiction avec mes propres propos je me trouve nulle de traîner la patte. On tolère tout de toi mais parce que t'es à moitié folle - hormones obligent. Toujours sympa d'être réduite à ça. Je t'épargne les plaintes de la femme enceinte, je suis en couple, j'ai déjà mon soulagicon à domicile qui n'en peut plus de joie de m'avoir mise dans un état lui permettant d'accéder à des connaissances sur mon anatomie qu'il n'avait jamais soupçonnées. Et ouais. La femme enceinte n'a pas un corps comme le tien et n'a pas de pudeur (sauf quand ça l'arrange). Je laisse la joie aux pères de se souvenir, aux futurs pères de découvrir par eux-mêmes et aux mères d'opiner de la tête. Même quand tout va bien, il y a des choses qu'on aurait préféré ignorer pour le reste de son existence. Le déni a parfois sa valeur.

Tabou 2 - l'after birth:
La naissance c'est le plus beau jour de ta vie ( parce que même un accouchement merdique te fait remercier le ciel de t'en être sortie vivante). Bon après ça se corse. On ne le dit jamais assez mais c'est le Sirocco de Walibi l'after birth. D'autant plus qu'on te parle toujours des émotions fortes que tu vas vivre (on t'avait bien sûr pas dit dans quel sens elles étaient fortes et que la pente pouvait être descendante). Mets ta ceinture et en route pour la privation de sommeil, les seins douloureux, le mal au cul, la pression sociale, la pression personnelle et la culpabilité. Faut pas s'y tromper, tu l'aimes ton moutard (à ce prix là tu peux bien!) mais quand t'en peux plus ben t'en peux plus. Et malheureusement personne ne peut se mettre à ta place. Ça m'arrache le coeur et la langue de dire ça mais si tu ne l'as pas vécu, tu ne peux MÊME PAS avoir une idée du brouillard dans lequel une jeune mère peut être. ET d'expérience personnelle, parfois tu te rends même pas compte que t'es dedans, c'est pour dire.

Tabou 3 - les pères présents:
Bien sûr si t'as de la chance comme moi t'as pas pris le pire des géniteurs pour faire ta petite merveille. Il est beau, il est malin, il est doux, il est compréhensif et il voulait autant que toi faire cet adorable bébé qui occupe désormais 110% de ton temps (je veux décourager personne alors j'ai pas dit 200% de ton temps). Mais bon, même en 2012 (à l'époque c'était 2009), les rôles sociaux - malgré tout notre bon vouloir - n'ont pas encore  radicalement changés et pour peu que tu pratiques l'allaitement à la demande, le père ne peut pas prendre le relais. Et puis il travaille LUI - alors que TOI, t'es jamais qu'une mère à la maison en congé de maternité, bref, t'as rien d'autre à foutre de tes journées que de glander avec ton nouveau-né... Cf tabou 2, personne, PAS MÊME LE PÈRE ne peut se mettre à ta place (malgré ton désir intense) et il arrive (si!) que ce père ne comprenne pas pourquoi tu chiales alors que t'es heureuse et que ce bébé tu le voulais ("JE? Pas ON?"). Les pères parfaits c'est comme les mères parfaites, ça n'existe pas, arrête d'y croire!

Tabou 4 - le quotidien: 
Tu auras beau t'émerveiller de ta progéniture (la nature est bien faite ils suscitent ça) faut bien le dire, il y a des jours où t'as le sentiment de faire double shift. Après ta journée de boulot t'attend ta journée de boulot mère. Parfois il fait beau,  la chose est bien lunée (toi aussi) et tu as le temps. Ça c'est parfois. Sinon tes copines vont boire un verre, faire une petite course (qui ne concerne pas des lingettes, des laits chocolatés ou du matériel scolaire) pendant que tu cours entre l'école, la machine à laver le linge, la vaisselle (tous les pères ne sont pas équipés de la fonction lavage) et le repas. Et réjouis toi qu'elle n'ait pas encore de devoirs. Bien entendu dans tes rêves les plus fous ta gosse n'est jamais fatiguée, triste, sale, malade ou pot-de-colle. Dans tes rêves tu commences le boulot à 10.00 et tu finis à 15.00, tout ça sans pression avec un salaire qui permet toutes les folies. Dans tes rêves tu ne culpabilises jamais d'avoir envie d'un ailleurs...

Tabou 5 - (Supplément gratuit) les conseils et jugements:
Merci beaucoup et oublie mon numéro. Si un conseil n'est jamais mal intentionné (enfin on peut l'espérer parce que parfois on peut se demander) il tombe souvent au mauvais moment. Les jugements sont toujours inutiles et ont dans la plupart des cas des effets désastreux sur les mères épuisées. Soit elle te bouffe la gueule telle une lionne en rage, soit elle s'écroule de désespoir parce que comme une idiote elle se remet en question. Bref, si t'as quelque chose  à dire, tais toi! Sauf si c'est pour énoncer une vérité du genre "oui oui, t'as pas fini d'en baver". Mais là, tu risques de glisser dans la catégorie "mauvais timing". On tire pas sur une mère à terre. Encore une fois tais-toi! Aucune leçon à tirer de tout ça, une fois mère on tombe soi-même dans le piège des bonnes intentions. L'enfer est en pavé. 

Oui, il y a peu de mères qui avoueront que malgré tout leur amour pour le père et l'enfant c'est trash la maternité. Ce serait comme un désaveu, une faiblesse, une erreur. Moi-même je trouve ça difficile, après autant de petits caractères sur le sujet, de reconnaître qu'on peut en avoir marre tout en étant madly-in-love de sa gosse. Une mère parfaite, c'est celle qui ne l'est pas parce que oui, arrête de rêver, jamais tu ne le seras et c'est très bien comme ça. Faut s'asseoir sur la perfectitude maternelle. Et tant pis si c'est dans l'après-coup que les copines, les mères, dans l'intimité discrète des boudoirs, autour d'une compotine, entre deux langes vous disent (avouent ?) "moi aussi j'en ai marre, t'inquiète, t'es pas la seule!". Le grand secret reste préservé par les femmes elles-mêmes. Et c'est peut-être pas si mal que ça sinon les enfants on n'en ferait plus. 

En surfant sur la toile des blogs dédiés partiellement ou entièrement à ces questions je suis tombée sur cet extrait du livre de Marie Darrieussecq, Le bébé, (édition P.O.L.) citée par une des blogueuses des "Vendredis Intellos" (http://lesvendredisintellos.com/).

« Vérifier pour la dixième fois que le biberon ne fuit pas, alors qu’il est déjà à demi fou de faim ; le savonner longuement, alors qu’il hurle ; le vaporiser d’eau fraîche quand il s’y attend le moins ; rire quand il s’exaspère ; le rajuster quand il s’endort ; le moucher quand il s’amuse ; remplacer le bouchon qui le fascine par un stupide hochet neuf ; le serrer dans des couches trop petites, parce qu’il faut bien finir le paquet ; lui mettre un bonnet ridicule.
Mais aussi : protéger ses yeux du soleil par de savantes rotations de la main, installer des architectures de linges sur sa poussette ; traquer le moustique, prévenir le courant d’air ; lui caresser le front en murmurant des chansons pour éloigner les cauchemars ; le faire rire en inventant des bruits, des grimaces et des danses ; arrêter de fumer ; lui faire sentir les roses ; le plonger dans des bains tièdes quand il faut chaud, des bains chauds quand il fait froid ; le masser à l’huile d’amande douce ; ne pas lui infliger le sirop qu’il déteste ; le bercer jusqu’à la crampe, l’endormir dans nos bras quand nous piquons du nez ; souhaiter la mort du pharmacien qui n’a pas commandé le bon lait ; trouver de la force quand nous n’en avons plus.
Le pire et le meilleur en nous, il le révèle. »

Ouaip, c'est un peu ça d'être une mère. Une mère(im)parfaite. 

J'écris tout ça avec mon poisson-pilote accrochée à mon cou, en mode câlin-maman-je-t'aime. Bon, j'ai peut-être pas tout faux.