samedi 19 mai 2012

V.O. sous titrée papier

Je me fais souvent la réflexion après un film, s'il est adapté d'un roman, que soit le roman doit être/est meilleur, soit l'adaptation est mauvaise. Si tous les livres ne sont pas bons - et dans ce cas cela laisse peu de chance au film de l'être - pas mal de bons livres finissent de manière désastreuse sur le grand et petit écran. C'est dommage. En même temps c'est peut-être ce mauvais film qui va me donner envie de lire le livre. Sans doute parce que j'aime lire. Sans doute parce que je ne peux pas croire que quelqu'un ait pris la peine de mettre en scène un roman qui ne vaudrait même pas sa lecture. 





Le film est souvent réducteur de ce qui fait le charme du livre, les détails. Ceux qui colorent l'imagination à la lecture, donnent le corps, le décor et qui sont sacrifiés à la réalisation. C'est vrai, ils sont "inspirés de...". Oui mais pourquoi  "s'inspirer de" si c'est pour ne pas retrouver ce qui fait l'essence et le sens même du livre? Sans cela même quelque chose d'inspiré sonne creux aux yeux, aux oreilles et aux tripes. Les messages sont souvent oubliés au profit de l'action dans les romans tirés de littérature de science-fiction ou les scènes gores sont multipliées au dépend de l'horreur la plus subtile qui vous remonte l'échine pendant la lecture à la seule force de l'imagination. Le sexe ou l'amour mielleux prend la place de la complexité et la nuance des sentiments. Ce qui est mis en avant est ce qui parlera au plus grand nombre ou ce que le scénariste a trouvé nécessaire ou indispensable. Ce n'est pas toujours ce qui m'a touché. Et c'est toujours ce qui me déçoit. Et pourtant, même en sachant cela, je désire parfois tellement que ces romans, ces essais, ces livres qui m'ont fait vibrer soient adaptés au grand écran. Que les images surgies dans ma tête prennent vie! Je ne suis pas difficile. Je lis à tous les râteliers, dédaignant peu de styles, certains étant plus appréciés que d'autres c'est vrai, je reste ouverte. Je suis bon public, le trop intellectuel m'ennuie, le cousu de fil blanc m'endort. J'ai à coeur de connaître mes classiques et de découvrir les nouveautés, le buzz littéraire de la rentrée. J'aime l'histoire, les sciences, les mystères, le romantisme. Et même la philosophie. J'ai peur à la lecture d'un thriller, je ne suis pas avare d'imagination. La littérature américaine contemporaine et les tranches de vie sont mes péchés mignons. 

Exemples! Pour les moins cinéphiles ou les moins lecteurs et pour laisser libre court à la critique de ceux qui diront toujours "oui mais si elle appelle ça de la littérature, alors forcement...". Je m'en fiche. Les livres c'est comme la musique, c'est une affaire de goûts personnels. Ce que je n'aime pas n'est pas forcement mauvais. Ce n'est simplement pas mon goût. J'essaie de vivre et laisser vivre la culture de chacun (dans ce contexte hein, il y a des exceptions à tout!). L'important à mes yeux étant plus la démarche de curiosité que le résultat lui-même. C'est un peu un principe d'éducation, tu n'es pas obligé de manger mais il faut goûter avant de dire qu'on n'aime pas. Bref, je m'égare, je reviens à mes tonnes de papiers et mes kilomètres de pellicules. 
J'ai un faible pour Michael Cunnigham. J'ai adoré "La maison du bout du monde". J'ai rêvé qu'il soit adapté et...mon rêve est devenu réalité. Le film sonnait creux et Colin Farell (que j'abhorre) interprétait le personnage phare. Une déception. Je regarde désormais mon livre avec pitié, je lui en veux un peu de ne pas avoir su transcender l'écran. Je lui pardonne aussi un peu quand je vois "Les heures", a contrario une très bonne adaptation (qui m'a amenée à découvrir la version papier de Cunningham). 
J'ai reçu il y a bien longtemps "Ensemble, c'est tout" d'Anna Gavalda. Magnifique. Depuis tout le monde l'a lu, parce qu'il est sorti au cinéma avec Tautou et Canet et bon, on ne peut pas faire l'impasse. C'est pas si mal adapté pour une fois mais la joie de plonger dans la brique qu'est ce roman et de devoir faire sien, aimer ces personnages est totalement absente du film. Qui ne tombe pas sous le charme des yeux doux de Canet? Je ne cite même pas les qualités attractives de Tautou. Le film était gagnant avant le départ. Le choix des acteurs...  
Stephen King. Nombreux seront ceux qui ne le qualifient pas d'écrivain et parleront de ses romans comme du papier chiotte. Ok, c'est affaire de goût personnel (cf paragraphe précédent). Je reste une fan de "Ça", "Shining", "La ligne Verte", "Shawshank Redemption", "Dolores Claiborne", "Le fléau", "Sac d'os" , "Misery", "Marche ou crève", "Coeurs perdus en Atlantide" et "Simetierre" (qui m'a fait faire un des pires cauchemars de ma vie, alors que j'avais pourtant dans la vingtaine...). J'assume. J'adore lire ses romans et je me ch*** dessus avec certains. Au point de sauter quelques passages (dans Shining je fais systématiquement l'impasse sur la chambre 217) et depuis "Ça" je ne me penche plus au-dessus des lavabos. A part une ou deux adaptations (je dirais dans les plus récentes), les versions cinématographiques sont épouvantables et en deviennent comiques, voire pathétiques. 
J'ai beaucoup aimé "La nostalgie de l'ange" d'Alice Sebold, pellicule et papier. Le tour de force de mettre en scène sans ringardise le monde de Susie est un exploit. Merci Peter Jackson! 
"Il faut qu'on parle de Kevin" de Lionel Shriver est un exemple parfait de réussite - si on n'a pas lu le livre. Bon film. Puis on lit. Et là c'est vraiment trop bon! L'écriture, le suspens, la profondeur des personnages, la complexité de l'âme humaine. 
Jane Austen ou William Shaekespeare échappent en général au massacre de la mise en image. La clâââââsse Bristish je suppose... 
Je prie pour qu'on n'adapte jamais Donna Tartt, Armistead Maupin, Howard Buten ou David Lodge. Il y a des romans qui doivent le rester. Ces exemples sont loin d'être exhaustifs. Je ne lis pas que ces écrivains là et il y a de nombreuses adaptations de qualité. Comme tous les puristes de la page, finalement c'est toujours la même histoire, un sentiment de trop peu ou d'inexactitude. L'imaginaire des autres n'est pas le nôtre. Même devant Harry  Potter je fais de longues digressions à ma moitié pour qu'il comprenne "mieux" (et qui ne pige plus rien du tout à force de MES détails).

Tout cela m'est venu en regardant "Un secret" sur France3. Il y avait un petit quelque chose mais cela manquait d'autre chose. Débarquée de la lune récemment je découvre que c'est une adaptation. Et "on dit" que le livre est très bien. Bon, je le mets sur la liste des livres qu'il faut que je lise parce que j'ai envie d'en savoir plus, parce que je ne crois pas qu'on peut en rester là. Finalement oui, j'aime les allers-retours entre la page et la pellicule. Même décevants. Parfois c'est comme ça qu'on découvre un auteur, un nouveau genre littéraire. Ou pas. 

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