jeudi 20 décembre 2012

Apocalypse

Meeeerdeuh, demain c'est la fin du monde et je suis pas prête. Cette procrastination me tuera.


© Hergé "L'étoile mystérieuse"
Je n'ai pas eu le temps de refaire ma couleur (quitte à partir autant le faire avec classe), j'ai oublié de téléphoner au contrôle technique, je n'ai pas eu le temps de retrouver une jolie taille 38 (mais où l'ai-je donc rangée?), ma dernière petite folie shopping online n'a pas encore été livrée, je n'ai pas nettoyé mon frigo ni terminé de télécharger la saison 9 de Grey's anatomy et EN PLUS j'ai déjà fait mes achats de Noël - j'étais manifestement distraite ce jour là. Le point positif, le chat a son détartrage aujourd'hui, il sera donc à même de chasser avec l'haleine fraîche et les gencives clean dans le monde post apocalyptique. 

Mais que faire de ces dernières heures? Dilemme ô dilemme! 

Ne serait-ce pas l'occasion de partager tous ces sentiments trop longtemps contenus au nom du politiquement correct et de la paix des ménages? L'occasion de partager un flot de petites vérités toutes personnelles extrêmement soulageantes à dire et très certainement moins à recevoir. Pouvoir commenter certains statuts FB en toute franchise. Prendre une dernière fois le 95 et "mettre de l'ordre" dans le foutoir organisationnel que m'impose la STIB. Ca me démange. Trop. Tsssssss, trop de colère et pas de certitudes des bénéfices à le faire. Si la fin du monde n'a pas lieu, je serai condamnée à me rendre au boulot à pied. Pire, en voiture.

Ou alors... je pourrais en profiter pour avouer deux ou trois petits brols. Comme le fait qu'il m'est brièvement arrivé d'aimer un morceau de David Guetta (brièvement je le jure) ou que je suis une fan inconditionnelle de Vin Diesel? Ou manger d'une traite les restes de Saint Nicolas et puis tous les autres restes aussi parce que rien ne sert d'économiser aujourd'hui ce qui sera perdu demain. Bof pour les restes, en cas de non destruction de la planète je m'expose à une crise de foie fort pénible (et à un régime deux fois plus strict pour compenser ces excès).

Je pourrais aussi (enfin?) faire des projets fous puisque je sais désormais que je n'aurai pas à les honorer et que personne ne sera là pour me le reprocher. Genre tout claquer pour partir élever des chèvres dans le Larzac, me lancer dans trois carrières différentes où je brillerais de mille feux en assumant mon rôle de mère de l'année, faire un régime et m'y tenir vraiment, faire du sport. Risqué, le programme va être chargé dès le 22 décembre pour les 9 vies qu'il me faudra pour mettre en oeuvre le tout. Je suis trop paresseuse pour une fin du monde.

Je pourrais aussi - il est vrai - faire l'effort suprême et reconnaître que je suis une gentille fille, dire à ceux que j'aime que je les aime justement. Mais ça je peux aussi le faire tous les jours de l'année, avec ou sans fin du monde. Il me reste les grandes déclarations sur l'éternelle amitié, la profondeur de mes sentiments pour certains et certaines (qui l'ignoreraient encore parce qu'il m'est déjà arrivé - à mon grand désespoir - de le faire pour m'entraîner en vue du 21). Mais pourquoi s'encombrer de sentiments éternels pour 24h seulement?

Ah non je sais, je vais remercier nos amis les Mayas qui ont permis que nous nous amusions un peu durant cette année 2012 à l'heure où la politique en mode drama queen et le populisme occupent une trop grande place dans ce qu'il faut malgré tout appeler de l'information (à chier mais information quand même). Les remercier de nous faire oublier les politiques hypocrites de l'ONU, les sacrifices financiers que l'on nous demande de faire quand d'autres se vautrent dans leurs richesses, nous faire oublier qu'il y a un certain paradoxe à pleurer 20 enfants morts dans le Connecticut quand la politique américaine en tue des milliers dans le monde, nous faire oublier que pour des tas de gens c'est tous les jours un peu la fin du monde, nous faire oublier que le système nous asservit et que nous sommes les premiers à lui donner les outils pour le faire. Et parce qu'on se fout de Michèle Martin, de Gérard Depardieu, de Kate Middelton et que ce serait sympa de ne pas nous prendre pour plus con qu'on est (restons modestes, on est toujours le con d'un autre).

Bon, comme toutes ces prédictions ne semblent pas fiables à 100% (ce sera quand même la énième fin du monde), je fais tout de même mon linge. Parce que je ne suis pas sûre que mon mec apprécie l'excuse "apocalypse" quand il devra aller bosser en short en plein hiver. J'aurai bien l'occasion de participer à une autre fin du monde. 


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