mardi 3 décembre 2013

pause café

 Un lundi matin. Je sors d'un entretien et je passe ma tête dans le bureau de ma collègue et amie. Elle sort juste de réunion. Ça va? Bof, je lui touche un mot de mon week-end où je pense avoir atteint la première marche du podium des mères de merde. Je lui raconte mon échauffourée dominicale avec ma smala. Bref. Et toi? Elle a sa petite mine. Bof. Dimanche c'était manifestement pas un jour terrible pour elle non plus. Elle me parle d'une cuillère qui a traversé la pièce et de sa colère à la hauteur de son découragement. Je lui raconte l'histoire d'un cartable rose qui un matin a traversé le salon. On descend à la machine à café. Un numéro 9 et un numéro dix. On sort prendre l'air. Elle est triste et pas tout à fait convaincue. Je crois pas qu'elle ait envie de partager le podium avec moi. On parle de réparation et d'être mère. Un peu des pères aussi. Une collègue nous rejoins. Vous parlez de quoi? Oh tu sais, les cuillères, les cartables, tout ça quoi. Ah oui, je vois. Chez moi ce sont les devoirs qui ont traversés la pièce. Et puis j'ai senti que je débordais et que c'était pas encore assez alors j'ai jeté ça et puis ça. Puis je l'ai balancée sur le palier. L'autre jour quand je suis passée chez son père il a vu ma tête et m'a proposé de la garder pour la nuit. Bonne idée. On rit un peu. On se lève. Deux collègues reviennent d'avoir été prendre une soupe (enfin je crois). Tiens vous parlez de quoi les filles? Ah ben justement... Je regarde l'une des deux et je lui demande si par hasard ça lui serait pas déjà arrivé de déborder un peu avec ses gosses (en fait je connais la réponse). Elle rit et répond "p***** ma fille l'autre jour mais je l'aurais encastrée mais c'est pas possible! Tu sais ce qu'elle m'a fait...". L'autre se marre "à fond!". Je n'ai pas entendu toute la suite parce qu'une joyeuse cacophonie régnait, "et mon fils alors... (...) et j'étais accroché à la baignoire de toutes mes forces... (...) et je lui ai dit...". On les entendaient encore rire quand on est sorties de l'ascenseur.

Hier, je crois, elle m'a dit que finalement j'avais raison. Ça n'excuse rien de ne pas être la seule à - parfois - être nulle avec ses gosses. Mais ça fait du bien de ne pas se sentir la seule. 

Ce matin, dans mon bureau, une jeune mère de 19 ans pleure. Elle veut confier son bébé à sa mère. Elle n'en peut plus, "c'est trop difficile, c'est trop de responsabilités vous savez, je n'y arrive pas et personne ne me comprend...". 
En fait, si.

Il n'y a pas de morale à cette histoire. 

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