samedi 22 décembre 2018

Espérance

- Two can keep a secret if one of them is dead -

Dans la boîte aux secrets il y en a de lourds à porter. On les garde loin, profondément enfouis en espérant qu’ils deviennent même des secrets pour nous. Ils sont douloureux. Ils nous envahissent. Ils creusent parfois le sillon de ce que nous sommes. S’en défaire peut être impossible sans perdre une partie de soi.

Il y a des secrets qui sont de petits enfers personnels. Ni méchants ni vilains, on s’empêtre pourtant dedans. Ils vous collent aux doigts, dans la tête. Parfois ils nous font honte. Ceux-là sont faits de la curiosité qui a tué le chat.

Il y a des secrets que l’on ne veut pas s’avouer. Les mains sur les yeux et le cœur cadenassé. Ceux-là sont faits de nos hésitations et de nos choix, parfois inconséquents. Ils sont faits de serments absolus ou non tenus.

Il y a des secrets doux comme le miel et piquants à la fois. Ils ont le goût de lèvres chaudes. Ils ont le goût de l’envie avec une pointe d’interdit. Ils vous réveillent avant l’aube et vous font vibrer le corps.

Il y a des secrets que l’on berce plus tendrement que d’autres. Plaisirs coupables ou idiots, que l’on peut goûter à loisir. Ils sont faits de regards détournés et de sourires narquois, qui ne sont destinés qu’à nous mêmes.

Il y a les secrets que l’on garde, encore un peu, pour laisser aux enfants le temps de grandir. Ces secrets-là sont faits de regards complices, de rires étouffés entre les doigts et se transmettent avec tendresse.

J’aime à croire que chacun est libre de garder sa boîte bien précieusement. Mais, si pour ma part je venais à l’entrouvrir, je tâcherai de ne rien oublier au fond.