vendredi 12 août 2016

Et le silence

Parfois on traverse des déserts. Ils ne sont ni vides ni silencieux ni apaisants. Mais on y est fort solitaire quand même. Dans mes déserts il y a des mots qui se bousculent, l'envie de dire et toute l'impossibilité à être. Il y a de la peur et de la honte aussi. Alors on se met à faire du bruit pour tout recouvrir, on s'agite pour faire disparaître. Du coin de l’œil on entraperçoit d'autres marcheurs emplis de solitude mais chacun poursuit sa route. Comment lui dire à cet autre quand on sait que l'équilibre est parfois si fragile. Quand on sait que les mots peuvent sauver comme faire voler en éclats. Savoir n'est pas guérir. Parfois, au milieu du bruit, émergent les mots. Enfin. Et des mots émerge un chemin. On sort du désert. On se demande ce qu'on a été y faire, comment on a pu s'y perdre à nouveau, encore et encore. On sait aussi qu'on y retournera parce que c'est dans notre nature. Mais d'ici là on s'abreuve de vie. On chérit notre soif. On s'oublie un peu, un tout petit peu, dans un grand silence, pour mieux se trouver.