lundi 26 octobre 2015

D'une pièce à l'autre

Ce weekend j'ai été à la traditionnelle réunion d'automne. Celle où une de mes branches se réunit pour fleurir la tombe de nos aïeux et boire quelques bulles.

C'est un moment de douce amertume. Où la joie des retrouvailles se mêle à une certaine tristesse. De ces moments où la force de l'émotion a un goût de mélancolie. De ces moments où les absents, connus et moins connus, nous rappellent la finitude des choses. Mais aussi la force de la mémoire et du lien.

Dans La Maison Vide je racontais mon infinie tristesse de voir la porte se refermer sur la maison de mon enfance et le deuil de mes grands-parents. L'acceptation de la perte est un travail difficile, insupportable et sans doute impossible pour partie.

Pourtant.

Le temps s'écoule et cette maison dont le silence me faisait si peur fourmille maintenant de mille bruits. Ceux de ma famille. Cette maison, devenue mienne, bruisse d'une nouvelle histoire. 

Parce que la perte nous laisse avec un vide devant les yeux, il faut apprendre à regarder autrement. Je ne suis plus (que) la petite fille. Je suis l'adulte qui veille sur les enfants. Je suis l'adulte qui prépare l'apéro. Je suis l'adulte qui va chercher les pistolets du dimanche. Je suis l'adulte qui entrouvre la fenêtre. Je suis l'adulte qui prend le relais. Je suis l'adulte qui va fleurir les tombes et qui apprend les anecdotes pour à mon tour les transmettre.

Je suis de la filiation. Je suis de la transmission. Je pose la question du sens pour moi et ceux de demain. Le poids de la charge et la fierté apaisante d'être un passeur.

Je suis rentrée chez moi et j'ai respiré très profondément, le coeur gonflé d'émotions contradictoires et enivrantes. Puis j'ai dormi.


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Parfois, au détour d'une pièce, j'entends le bruit léger et cristallin de mes souvenirs d'enfance. Comme des rayons de soleil qui se reflètent sur la surface de l'eau, légèrement aveuglants. Puis ils disparaissent, emportés par les rires de mes enfants et le bruit d'une vie.

Dans la maison vide il y a l'écho du temps qui passe et qui ne se ressemble pas.

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