lundi 27 janvier 2014

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A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Serge Lama
Alma: Apprendre une douche

lundi 20 janvier 2014

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A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Le troisième oeil
Alma: Harmonica et chocolat

vendredi 17 janvier 2014

Malaise

Chers et chères Ministres,
Chers et chères concitoyens, concitoyennes,
Amis lecteurs,
Sombres inconnus,

Permettez que je prenne quelques lignes pour faire la donneuse de leçon, la travailleuse en colère et me payer le luxe d'une petite carte blanche toute personnelle. Je vais une fois de plus parler d'enfants, non des miens, mais ceux des autres. Peut-être le vôtre, celui d'une de vos connaissances, très certainement un enfant de notre société. Une société fort peu maternante et contenante. Serait-ce même poussif de dire une société maltraitante? Et si tel est le cas, nos politiques en sont les complices voire les responsables. Et font de moi une complice tout autant qu'eux en m'obligeant à exercer mon travail dans ces conditions.

Je l'aurais bien écrit sur le ton à Florence Forresti celui-ci (vous pensez bien que dans le social il y a matière à rire) mais parfois l'heure est grave. Et le cri désespéré.

Il m'arrive de lire les commentaires en dessous des articles de presse sur le net qui concernent mon secteur professionnel (je sais, c'est bête). Une fois la rage et la colère passées, je me sens terriblement triste de constater que ces commentaires stupides et parfois violents sont avant tout le reflet d'une méconnaissance complète du secteur de l'Aide à la Jeunesse et de ses arcanes. Difficile de jeter la pierre au quidam de service quand on peut se demander si la ministre en charge (celle-ci ou les précédentes à vrai dire) sait elle-même de quoi il s'agit. Un petit tour pour mourir moins bête?

Les Services d'Aide à la Jeunesse s'adressent aux nouveaux-nés, aux bébés, aux enfants, aux adolescents et à leurs parents, responsables premiers de ces chères petites têtes blondes, brunes, crépues, rasées, sales, pleines de poux ou fleurant bon les bonbons. Ces enfants et leurs familles traversent des difficultés plus ou moins graves voire sont en danger. Notre rôle est d'évaluer, orienter et coordonner l'aide vers les services ad-hoc. C'est une aide spécialisée ce qui signifie que cette intervention se fait lorsque les services de premières lignes ont échoué à répondre à ces drames du quotidien. Nous soutenons, encourageons, négocions cette aide parce que nous travaillons dans la collaboration. Point n'est question ici de forcer une aide dont les gens ne voudraient pas ou n'en comprendraient pas le sens. Il peut arriver qu'une situation de danger grave et imminent ne trouve pas d'issue favorable dans ce cadre. Le Tribunal de la Jeunesse et le SPJ peuvent alors prendre le relais à leur manière, par la contrainte, ce qui n'exclut en rien le dialogue. Cela peut être salutaire comme cela peut être un échec.

Pourquoi? Parce que le public, les gens, les familles ET les travailleurs sont humains. Aucun système n'est infaillible quand il touche à l'humain, notre nature est faite ainsi. Autrement dit les enfants battus peuvent être loyaux, les parents présentant des pathologies psychiatriques ne sont pas toujours dans la réalité du système qui les interpelle, que les priorités de la survie font parfois l'impasse sur l'éducation, le bon sens (mais pas le sens pratique) et entraînent ces personnes fragilisées vers des routes improbables à nos yeux. Il n'est jamais possible de prévoir les actes des uns et des autres. Nous pouvons anticiper mais cela reste de l'ordre de la supposition et de l'espoir. De l'ordre de la confiance aussi. Et dans la vraie vie il arrive qu'un enfant meurt à peine quelques heures après avoir été vu par son délégué. Et cela même quand toutes les procédures sont respectées et les dossiers à jour. Non, on ne peut pas retirer tous les enfants à leurs parents imparfaits au nom du principe de précaution. Et même si nous le pouvions, nous n'aurions pas les moyens de les prendre en charge (restons logiques à défaut d'être censés). Est-ce là la société que nous souhaitons? Un contrôle absolu de l'individu? Il faut accepter ce fait (ce n'est pas une idée mais une réalité): le risque zéro n'existe pas. Ce qui peut être changé ce sont les moyens octroyés aux services d'aide. De véritables aides comme des outils de travail, des équipes plus nombreuses, des places d'accueil, des réponses administratives moins lentes et pointilleuses, des remplacements. Pas en surnombre - nous ne sommes pas exigeants à ce point là - parce que notre aide n'a pas comme sens de colmater la brèche hémorragique. Enfin, ne devrait pas. Notre travail au quotidien dépasse très largement les compétences pour lesquelles nous prenons fonction. Nous courrons au delà de nos terres et suppléons au delà du suppléable.

Aujourd'hui les équipes sont fatiguées de travailler avec des sparadraps qui, vous vous en douterez, n'ont que peu d'effet sur l'hémorragie décrite plus haut. Elles sont fatiguées de travailler parfois sans aucune protection de loi ni de soi-même. Même en faisant l'impasse sur nos bobos personnels (burn out, turn over, remplacements qui n'arrivent jamais, ...) nous sommes parfois pris dans de ridicules questions pratico-pratiques. La réalité du terrain c'est bête à dire mais parfois c'est une imprimante pour vingt-cinq intervenants, pas de répondeur téléphonique, des difficultés pour obtenir un agenda, c'est le manque de feuilles pour écrire, le manque de papier dans les toilettes, c'est un ascenseur sur trois pour cinq étages. Ça et tout le reste. Les travailleurs sont eux-mêmes dans une situation précaire. Et malgré tout, mes collègues font un travail formidable, admirable et trouvent parfois des solutions inattendues mais des "solutions" parce qu'il n'est pas question de laisser tomber.

Vous aurez peut-être entendu parler de la grève de ce 17 janvier 2014. C'est une action un peu désorganisée dans son démarrage mais qui fait suite à l'intrusion (une nouvelle fois) dans notre monde de celui du judiciaire. Non pas que nous soyons au dessus des lois et si manquements il y a, ils doivent être mis en lumière. Ces irruptions ne sont sans doute pas nouvelles mais elles ont cette tendance à devenir de plus en plus récurrentes. Et elles laissent dans la bouche du travailleur un goût amer. Cette impression qu'une société décadente et démissionnaire se cherche un coupable et que ce coupable c'est nous. Ne pas nous donner les moyens de mettre en place des aides respectueuses, nous raboter le peu de moyens que l'on a encore et puis se tourner vers nous quand il faut s'assurer que nous ne sommes pas les responsables des actes des jeunes et des familles que nous suivons, c'est trop. Trop is te veel.

Aujourd'hui on expulse, on privatise, on rogne les budgets de l'enseignement, de la culture, des allocations familiales, du chômage, on stigmatise. Nous créons une précarisation financière, sociale et intellectuelle. C'est une politique globale de repli sur soi qui refuse d'assumer ses responsabilités et qui nous lâche. Faut-il le rabâcher encore et encore mais les enfants d'aujourd'hui seront les adultes demain. Hypothéquer leur futur c'est hypothéquer le notre. Faire l'économie sur le dos des parents serait tout autant une erreur qu'il convient de ne pas minimiser. Être un parent qui n'a rien à offrir ou à perdre c'est être un parent qui n'a rien à transmettre. L'humiliation, le rejet et l'enfermement ne sont pas des réponses à la souffrance.

On est pas sympas parce qu'on fait grève. On sanctionne notre public déjà fragilisé. Certes. Mais c'est un paradoxe qu'il va falloir assumer. Comment offrir une aide valable sans de véritables moyens pour la mettre en place? Respecter notre public c'est aussi se battre pour lui. Et pour nous. Et puis pour vous aussi. Nous partageons cette société. Si notre cause vous indiffère, pensez à vous-même alors. Demandez-vous qui s'occupe de vos moches, vos dingues, vos maltraités, vos délinquants en devenir, vos enfants abusés. Ceux que les politiques abandonnent chaque jour un peu plus. Et nous avec.

lundi 13 janvier 2014

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A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Reine des princesses
Alma: Princesse de la Reine

lundi 6 janvier 2014

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 A portrait of my children, once a week, every week, over a year

Lola: Elle danse auprès de son arbre
Alma: Elle cherche le chat

mercredi 1 janvier 2014

Dans le sens contraire de la marche

 “Why fit in when you were born to stand out?”

Bienvenue 2014.  Non pas que 2013 ait été particulièrement pourri mais chargé, dense, intense et pas toujours dans le sens le plus agréable. Alors le changement, pourquoi pas? (avec ou sans mon accord 2014 est là à vrai dire). Ce n'est pas un jour sur le calendrier qui va tout y faire mais à défaut de bonnes résolutions que je ne tiendrai pas, je me rafraîchis la tête. Et Frais du jour va prendre un peu le large parce que sous la douche il y a une phrase qui s'est imposée à moi, "dans le sens contraire de la marche". Peut-être parce que souvent j'agace, je ne souris pas beaucoup à la fête et j'ai la critique facile. Il y a des gens qui pensent que je ne fais que râler et que je suis un peu méchante aussi. 2014 sera l'occasion de ne détromper personne. Surtout pas les gens qui m'aiment. J'irai à mon habitude, dans le sens contraire de la marche. Et si certains feront la soupe à la grimace, d'autres auront vite fait de s'apercevoir que ce sens n'est pas si contraire, tout comme moi. Tant qu'à y faire, c'est une petite résolution quand même.