dimanche 20 mai 2012

Ma petite vertu





L'histoire de Petite Vertu et des 7 Péchés  Capitaux.






L’Envie (invidia en latin) : la tristesse ressentie face à la possession par autrui d'un bien, et la volonté de se l'approprier par tout moyen et à tout prix (à ne pas confondre avec la jalousie). Gnarc gnarc gnarc, je suis pas une (fille) gentille. J'envie certaines blogeuses qui se permettent un total relâche sur la toile, que je me ferais bien parfois. Total vulgaire, total scato, total sexe, total no complex. Ouaip, parce que le reste personne n'y trouvera rien à redire tandis que le sexe ça chatouille (enfin tu m'as comprise). C'est peut-être l'occasion sur ce billet de tenter le coup. Posséder le bien d'autrui, me prendre la langue de vipère, le langage de pute. Répondre avec 10 ans de retard à un connard qui me traitait de "coucou" (celui qui pond dans le nid des autres, n'en touche pas une et profite du résultat) "ben ouais regarde je m'approprie des trucs qui sont pas d'moi et ça change rien à ta vie, conclusion: ferme ta gueule". Trève d'aménités, ce petit lâcher langagier m'a soulagée d'un poids. 

L’Orgueil (superbia en latin) : attribution à ses propres mérites de qualités ou de comportements qui sont des dons de Dieu (intelligence, vertus, etc.). J'aime pas me répéter (en fait ça c'est pas vrai te dira ma mère) mais j'ai déjà parlé de ça dans un billet précédent. Je peux le dire encore si vraiment il le faut, je suis géniaaâââaaale et j'en suis fière! (ouais je suis odieuse de prétention!). Mes vertus font du S (ce sont bien les seules choses chez moi) et mon intelligence passe du S au XL selon le sujet et le taux d'alcool (souvent inversement proportionnellement d'ailleurs). Et Dieu n'est pour rien dans tout ça. Mon patrimoine génétique je le dois à mes parents ainsi que les bases de mon éducation. Pour le reste, je me suis débrouillée toute seule. Alors clairement je pue l'orgueil. M'en fiche, j'ai un bon déo.

L’Avarice (avaritia en latin) : accumulation des richesses recherchées pour elles-mêmes. Quoi, genre la paire de shoes que t'as pas besoin et que tu te paies quand même sous l'étiquette "on ne vit qu'une fois" (comme dans "mon compte à vue qui ne voit qu'une fois par mois le dessus de la ligne rouge"). Le truc qu'il te faut pour compléter ta collection à la con que tu collectionnes même pas mais si t'es comme moi - un brin psychorigide - il te faut la série complète pour mieux dormir (erreur, la dépense inutile passée, elle te tiendra éveillée et coupable). Genre le tee-shirt soooooo sexy et soooooo trop petit que tu achètes quand même pour quand t'aura minci? Genre "comme j'ai pas lâché un centime ces dernières semaines et que j'ai fais des économies je vais les claquer dans des trucs supers inutiles - parce que soudainement cet afflut de tunes ça me perturbe"? Avoir pour avoir, plutôt 21th century huh!

La Colère (ira en latin) : produit des excès en paroles ou en actes : insultes, violences, meurtre. Je gueule pas, j'explique. J'insulte pas, je nomme les choses telles qu'elles sont. Je suis pas violente, je teste la résistance de la vaisselle aux chocs inattendus sur un plancher. Je tue pas (non ben non, ça je fais pas - même pas les petites bêtes rampantes, trop poilues, trop velues). Oui, la gestion de la colère pour moi est ce qu'on peut apeller une "issue" en anglais (quand on joue la carte du bilinguisme, ça fait chic et ça noie le poisson). Et si ça suffit pas je me console en disant que c'est un peu un côté idéaliste qui fait de moi une folle furieuse quand je rencontre l'injustice (à voir si cette injustice est justifiée - autre débat). Bref, je suis dans le déni.

L'Impureté ou la Luxure (luxuria en latin) : plaisir sexuel recherché pour lui-même. C'est pas pour lui que je le cherche, c'est pour moi - nan j'déconne j'ai pigé. Mais bon le sexe c'est un peu une affaire privée, non? Même si avec une gosse et une deuxième en route tu te doutes que je crois plus trop aux abeilles, aux choux ou aux roses. Peu de chance que je fasse ici l'état de ma luxure (j'adore ce mot), je blog sous la censure de ma moitié. C'est pas comme s'il lisait mes p'tites bafouilles mais les mecs ont des radars quand il s'agit de repérer bobonne qui cause libido et qui pourrait mentionner un truc ou deux en passant. Bref, parler de moi c'est parler de lui. Ne pas parler de lui c'est parler d'un autre, je veux pas d'ennuis (tu me comprends, on avait dit de 5 à 7 uniquement). Tenons nous-en à "merci, ma luxure (rhâââ j'adore) se porte bien".

La Gourmandise (gula en latin) : ce n'est pas tant la gourmandise au sens moderne qui est blâmable que la gloutonnerie, cette dernière impliquant d'avantage l'idée de démesure et d'aveuglement que le mot gourmandise. Genre je me fais un paquet de Miracoli (sauce fromage) pour 3 à 4 personnes à moi toute seule? Genre je me fais une boite de ravioli de 800 gr  à moi toute seule (sinon 'y a pas défi!). Genre tant qu'il y en a j'en mange? Genre je sais que c'est pas bon pour moi mais j'en ai tellement envie? Genre "on laisse jamais un cupacke sur le terrain, on n'abandonne pas les siens"? Totalement démesurée et aveugle! Parfois je me dis que je vais finir comme le gros dans SE7EN, la gueule dans mon assiette de spaghettis (capellini grazie!). N'en déplaise à la TMS ONE qui doit désormais me peser chaque mois et qui a fait de mon poids une affaire personnelle. Elle devrait pas. Est-ce que je m'en fais moi?

La Paresse, anciennement l'acédie (acedia en latin). Il s'agit de paresse morale. C'est un mal de l'âme qui s'exprime par l'ennui, l'éloignement de la prière, de la pénitence et de la lecture spirituelle. Heureusement que Wiki fournit la définition avec parce que je suis trop naze de l'effort pour aller voir ce qu'il en est (ne le dites pas à ma grand-mère mais après 6 ans de latin je ne savais pas traduire acedia). Je suis tellement paresseuse que je suis hyperactive dès l'aube. J'aime évacuer les tâches encombrantes de manière à ne plus en toucher une le reste de la journée. Tâche grandement compliquée par la présence de ma fille qui se fout de mes ambitions de glandeuse. Sinon, pour la paresse morale, heu... "Dieu, sa vie, son oeuvre" je l'ai pas terminé, assez chiant sur la fin. Je bosse ma spiritualité à l'occasion - entre deux lessives. 

Paf! 7 péchés/7 péchés! Je me suis pas loupée. Pour une fois que je cartonne avec un sans faute. Finalement je me sens plutôt bien comme athéïste, je serais un fail total comme croyante. C'est vraiment des trucs de crétins chrétiens tout ça.


Ps: je sais que t'y as cru mais naaaaannnn c'est pas moi sur la photo. Enfin...peut-être après mon accouchement. Ouais, sûrement même. 

Pps: Merci Wikipédia pour ces petites définitions faciles à piger, faciles à digérer. 

samedi 19 mai 2012

V.O. sous titrée papier

Je me fais souvent la réflexion après un film, s'il est adapté d'un roman, que soit le roman doit être/est meilleur, soit l'adaptation est mauvaise. Si tous les livres ne sont pas bons - et dans ce cas cela laisse peu de chance au film de l'être - pas mal de bons livres finissent de manière désastreuse sur le grand et petit écran. C'est dommage. En même temps c'est peut-être ce mauvais film qui va me donner envie de lire le livre. Sans doute parce que j'aime lire. Sans doute parce que je ne peux pas croire que quelqu'un ait pris la peine de mettre en scène un roman qui ne vaudrait même pas sa lecture. 





Le film est souvent réducteur de ce qui fait le charme du livre, les détails. Ceux qui colorent l'imagination à la lecture, donnent le corps, le décor et qui sont sacrifiés à la réalisation. C'est vrai, ils sont "inspirés de...". Oui mais pourquoi  "s'inspirer de" si c'est pour ne pas retrouver ce qui fait l'essence et le sens même du livre? Sans cela même quelque chose d'inspiré sonne creux aux yeux, aux oreilles et aux tripes. Les messages sont souvent oubliés au profit de l'action dans les romans tirés de littérature de science-fiction ou les scènes gores sont multipliées au dépend de l'horreur la plus subtile qui vous remonte l'échine pendant la lecture à la seule force de l'imagination. Le sexe ou l'amour mielleux prend la place de la complexité et la nuance des sentiments. Ce qui est mis en avant est ce qui parlera au plus grand nombre ou ce que le scénariste a trouvé nécessaire ou indispensable. Ce n'est pas toujours ce qui m'a touché. Et c'est toujours ce qui me déçoit. Et pourtant, même en sachant cela, je désire parfois tellement que ces romans, ces essais, ces livres qui m'ont fait vibrer soient adaptés au grand écran. Que les images surgies dans ma tête prennent vie! Je ne suis pas difficile. Je lis à tous les râteliers, dédaignant peu de styles, certains étant plus appréciés que d'autres c'est vrai, je reste ouverte. Je suis bon public, le trop intellectuel m'ennuie, le cousu de fil blanc m'endort. J'ai à coeur de connaître mes classiques et de découvrir les nouveautés, le buzz littéraire de la rentrée. J'aime l'histoire, les sciences, les mystères, le romantisme. Et même la philosophie. J'ai peur à la lecture d'un thriller, je ne suis pas avare d'imagination. La littérature américaine contemporaine et les tranches de vie sont mes péchés mignons. 

Exemples! Pour les moins cinéphiles ou les moins lecteurs et pour laisser libre court à la critique de ceux qui diront toujours "oui mais si elle appelle ça de la littérature, alors forcement...". Je m'en fiche. Les livres c'est comme la musique, c'est une affaire de goûts personnels. Ce que je n'aime pas n'est pas forcement mauvais. Ce n'est simplement pas mon goût. J'essaie de vivre et laisser vivre la culture de chacun (dans ce contexte hein, il y a des exceptions à tout!). L'important à mes yeux étant plus la démarche de curiosité que le résultat lui-même. C'est un peu un principe d'éducation, tu n'es pas obligé de manger mais il faut goûter avant de dire qu'on n'aime pas. Bref, je m'égare, je reviens à mes tonnes de papiers et mes kilomètres de pellicules. 
J'ai un faible pour Michael Cunnigham. J'ai adoré "La maison du bout du monde". J'ai rêvé qu'il soit adapté et...mon rêve est devenu réalité. Le film sonnait creux et Colin Farell (que j'abhorre) interprétait le personnage phare. Une déception. Je regarde désormais mon livre avec pitié, je lui en veux un peu de ne pas avoir su transcender l'écran. Je lui pardonne aussi un peu quand je vois "Les heures", a contrario une très bonne adaptation (qui m'a amenée à découvrir la version papier de Cunningham). 
J'ai reçu il y a bien longtemps "Ensemble, c'est tout" d'Anna Gavalda. Magnifique. Depuis tout le monde l'a lu, parce qu'il est sorti au cinéma avec Tautou et Canet et bon, on ne peut pas faire l'impasse. C'est pas si mal adapté pour une fois mais la joie de plonger dans la brique qu'est ce roman et de devoir faire sien, aimer ces personnages est totalement absente du film. Qui ne tombe pas sous le charme des yeux doux de Canet? Je ne cite même pas les qualités attractives de Tautou. Le film était gagnant avant le départ. Le choix des acteurs...  
Stephen King. Nombreux seront ceux qui ne le qualifient pas d'écrivain et parleront de ses romans comme du papier chiotte. Ok, c'est affaire de goût personnel (cf paragraphe précédent). Je reste une fan de "Ça", "Shining", "La ligne Verte", "Shawshank Redemption", "Dolores Claiborne", "Le fléau", "Sac d'os" , "Misery", "Marche ou crève", "Coeurs perdus en Atlantide" et "Simetierre" (qui m'a fait faire un des pires cauchemars de ma vie, alors que j'avais pourtant dans la vingtaine...). J'assume. J'adore lire ses romans et je me ch*** dessus avec certains. Au point de sauter quelques passages (dans Shining je fais systématiquement l'impasse sur la chambre 217) et depuis "Ça" je ne me penche plus au-dessus des lavabos. A part une ou deux adaptations (je dirais dans les plus récentes), les versions cinématographiques sont épouvantables et en deviennent comiques, voire pathétiques. 
J'ai beaucoup aimé "La nostalgie de l'ange" d'Alice Sebold, pellicule et papier. Le tour de force de mettre en scène sans ringardise le monde de Susie est un exploit. Merci Peter Jackson! 
"Il faut qu'on parle de Kevin" de Lionel Shriver est un exemple parfait de réussite - si on n'a pas lu le livre. Bon film. Puis on lit. Et là c'est vraiment trop bon! L'écriture, le suspens, la profondeur des personnages, la complexité de l'âme humaine. 
Jane Austen ou William Shaekespeare échappent en général au massacre de la mise en image. La clâââââsse Bristish je suppose... 
Je prie pour qu'on n'adapte jamais Donna Tartt, Armistead Maupin, Howard Buten ou David Lodge. Il y a des romans qui doivent le rester. Ces exemples sont loin d'être exhaustifs. Je ne lis pas que ces écrivains là et il y a de nombreuses adaptations de qualité. Comme tous les puristes de la page, finalement c'est toujours la même histoire, un sentiment de trop peu ou d'inexactitude. L'imaginaire des autres n'est pas le nôtre. Même devant Harry  Potter je fais de longues digressions à ma moitié pour qu'il comprenne "mieux" (et qui ne pige plus rien du tout à force de MES détails).

Tout cela m'est venu en regardant "Un secret" sur France3. Il y avait un petit quelque chose mais cela manquait d'autre chose. Débarquée de la lune récemment je découvre que c'est une adaptation. Et "on dit" que le livre est très bien. Bon, je le mets sur la liste des livres qu'il faut que je lise parce que j'ai envie d'en savoir plus, parce que je ne crois pas qu'on peut en rester là. Finalement oui, j'aime les allers-retours entre la page et la pellicule. Même décevants. Parfois c'est comme ça qu'on découvre un auteur, un nouveau genre littéraire. Ou pas. 

samedi 12 mai 2012

Sign & share

de l'art de s'engager - sur un mode moderne et virtuel. 

Les sarcastiques diront que c'est bien facile de cliquer derrière un écran pour se sentir actif. Ceux là sont ceux qui ne cliquent jamais et qui à part critiquer les agissements des autres ne font pas grand chose. En fait disons-le ils ne foutent rien d'utile. 

C'est vrai que l'engagement ce n'est pas obligatoire. Même si on peut se demander comment à notre époque il est encore admissible de rester impassible devant le rythme effréné du monde dans sa course à la connerie. Le retrait, le sans-avis, la pseudo prise de distance, la non position (différente de la réflexion ou de la difficulté à trouver la position qui nous parle) c'est une manière de ne rien faire. C'est une manière de laisser faire, parfois le pire. Et ça c'est irresponsable. 


Le temps pris pour lire les quelques lignes explicatives d'une pétition (pour ceux qui n'ont pas le courage de lire plus avant des articles de fonds) est court, il ne coûte rien et peut pourtant y faire beaucoup. Les adeptes de nombreux mouvements d'action sur la toile sauront qu'il y a des suites aux (sérieuses) pétitions. Bon pas toujours, c'est vrai, mais qui ne tente rien est sûr de ne rien avoir, pas vrai? Et à défaut de résultats concrets rien n'est perdu car c'est aussi une  manière de diffuser de l'information et d'en apprendre plus.  

Parfois quelques clics font plus que lorsqu'on marche en silence dans la rue. Je ne sais pas si c'est vraiment bien mais c'est un moyen. Et certains combats ou certaines idées valent bien de s'ouvrir à de nouvelles méthodes. 

Dans notre société où l'on veut toujours plus, les aficionados de la consommation se réjouiront que les pétitions on-line fourmillent des sujets les plus variés et rencontrent de nombreux intérêts (même si un grand nombre ne partage pas forcement chacun de ces intérêts et que toutes ne sont pas - bonnes - à signer). Chaque région du globe est couverte, des humains aux animaux en passant par les animaux utilisés par les humains et les humains utilisés par les humains. De l'écologie, du bio, du fair trade. De l'éducatif, de l'artistique. Des gays, des lesbiennes, des hétéros et des qui savent pas vraiment. Des guerres et des paix. Je ne suis pas exhaustive. Il y a donc toujours moyen de trouver clic à son doigt. 

Tout ça pour dire quoi? Et bien qu'à la prochaine pétition que je t'envoie, attends avant de nier l'affaire ou d'effacer mon message l'air de rien. Clique un coup ou deux et tu verras qu'il ne t'arrivera rien si ce n'est d'avoir bonne conscience. Un luxe aujourd'hui. Et puis diffuse (si tu as le temps). Fais partager tes idées, tes craintes, tes souhaits, tes passions aux autres. Ce sera toujours plus utile que la chaîne de l'amitié que tu ne peux briser sous peine de mourir dans d'atroces souffrances et avec laquelle tu brises par contre les c*** de tes contacts mails. Ce sera plus utile que de poster sur ton mur Facebook un avis disant que t'es fièr(e) de connaître un cancéreux, un moche, un handicapé et que TOI tu oses le dire. Ça leur fait une belle jambe tiens... Par contre les pétitions permettant de lutter contre la discrimination, pour permettre les soins accessibles à tous et j'en passe et des meilleures ça pourrait avoir un peu de sens pour tous ceux qui luttent face aux adversités physiques, sociales, politiques de la vie. Enfin je crois. 

Manifester même du bout des doigts est un droit que tous n'ont pas. C'est donc un devoir pour ceux qui l'ont. Il y a plus de force dans une pétition que dans un avis donné du fond de son canapé. Courage!

Le "clic" d'un jour ne dispense personne d'une petite manif live à l'occasion. Dis toi que c'est "vintage" s'il faut que ce soit un peu "lifestyle" pour te convaincre que l'engagement c'est pas ringard. 



vendredi 11 mai 2012

C'est tous les jours la fête des mères


A toutes les mères parfaites - dans la vraie vie.

Maintenant que me voilà allongée, contrainte plus ou moins volontairement au repos pour mieux couver ma seconde (future) progéniture, j'ai l'occasion de longuement méditer sur l'état de mère (combien d'entre vous ont pensé/lu l'état de merde) dans lequel je suis. 

Quand on parle maternité il y a l'avant, le pendant et l'après - l'A-P-A. Et il n'y a pas un état pour rattraper l'autre. Loin de moi (je dis souvent ça mais à vrai dire c'est peut-être plus près que prévu) l'idée de me joindre à cette nouvelle tendance des "mères indignes, ingrates ou insatisfaites et fières de l'être" mais tout de même, constat doit être fait que mère c'est un p*** de job. La partie la plus pénible étant cette obligation d'être soit 100% épanouie, soit 100% "j'assume que ça me gonfle". L'entre-deux plus nuancé, plus difficile à exprimer ou conjuguer c'est pourtant à peu de choses près l'état commun à la plupart des mères. J'énonce pas un truc délirant là, les forums de maternité (relativement ringards j'en conviens) et les blogs persos aussi fleurissent autour de ces questions. Et si c'est le cas c'est sans doute parce qu'un nombre croissant de mères commencent à se dire les mêmes trucs et se rassurent en faisant le constat qu'elles ne sont pas les seules et qu'elles ne doivent point culpabiliser. Vite dit ça. Malgré mes opinions relativement (bien) défendues et répandues (si t'as le malheur de me fréquenter dans le quotidien tu sais que je ne me prive pas pour donner mon avis) j'applique pas le quart du tiers de ce que je bave. Bref, après avoir claironné haut et fort que ma grossesse était prioritaire sur la performance professionnelle ou sociale, que les femmes ne sont pas égales entre elles et qu'on s'en fout, que blablabla et blablabli, il aura fallu qu'un boulon lâche pour que j'accepte de me trouver allongée au repos et que non je n'étais pas une femme - enceinte - moins que bien pour autant. Le "truc" avec l'A-P-A de la maternité c'est qu'on nous cache tout (on nous dit rien). Et ça c'est vache, parce qu'après on se met des pressions de dingues pour faire comme les autres, qui en fait ne font rien du tout sauf semblant, tout comme nous, d'assurer à mort. Alors à bas quelques contre-vérités. Et je me permets de les lâcher tranquille, en mère épanouie, aimant la grossesse, avec une super première grossesse, avec un accouchement de rêve, une gosse à tomber tellement qu'elle est géniale, avec un père présent et une deuxième grossesse tout aussi cool. Et pourtant si si si, on n'est à l'abri de rien. 

Tabou 1 - la grossesse: 
En plein dedans je manque donc totalement d'objectivité mais je suis aussi très bien placée pour témoigner de ce vécu troublant. Pas d'analyse psy ici (on le sait merci que la grossesse est un état proche de la folie, qui remue des tas de boues) mais plutôt un peu de vécu. De la life quoi! Comme me disait une amie proche "avant je trouvais les femmes enceintes merveilleuses, maintenant (elle est enceinte) je trouve ça pénible et attends impatiemment la fin" (je paraphrase - tu m'excuseras chérie). Moi j'aime bien être enceinte. Mais c'est vrai aussi que les avantages de l'état de grâce continuent de m'échapper. Enceinte tu ne t'appartiens plus, tout le monde se sent autorisé à te toucher, à commenter ta prise de poids, ta (mauvaise) mine, te parle du bébé mais finalement jamais de toi, t'es la reine mais tu fais plus partie de la fête... Enfin parfois oui parce que t'as la chance de sauter comme un cabri jusqu'à la délivrance (le mot je te jure le mot...). Et moi évidemment je suis pas le cabri de service. Donc en totale contradiction avec mes propres propos je me trouve nulle de traîner la patte. On tolère tout de toi mais parce que t'es à moitié folle - hormones obligent. Toujours sympa d'être réduite à ça. Je t'épargne les plaintes de la femme enceinte, je suis en couple, j'ai déjà mon soulagicon à domicile qui n'en peut plus de joie de m'avoir mise dans un état lui permettant d'accéder à des connaissances sur mon anatomie qu'il n'avait jamais soupçonnées. Et ouais. La femme enceinte n'a pas un corps comme le tien et n'a pas de pudeur (sauf quand ça l'arrange). Je laisse la joie aux pères de se souvenir, aux futurs pères de découvrir par eux-mêmes et aux mères d'opiner de la tête. Même quand tout va bien, il y a des choses qu'on aurait préféré ignorer pour le reste de son existence. Le déni a parfois sa valeur.

Tabou 2 - l'after birth:
La naissance c'est le plus beau jour de ta vie ( parce que même un accouchement merdique te fait remercier le ciel de t'en être sortie vivante). Bon après ça se corse. On ne le dit jamais assez mais c'est le Sirocco de Walibi l'after birth. D'autant plus qu'on te parle toujours des émotions fortes que tu vas vivre (on t'avait bien sûr pas dit dans quel sens elles étaient fortes et que la pente pouvait être descendante). Mets ta ceinture et en route pour la privation de sommeil, les seins douloureux, le mal au cul, la pression sociale, la pression personnelle et la culpabilité. Faut pas s'y tromper, tu l'aimes ton moutard (à ce prix là tu peux bien!) mais quand t'en peux plus ben t'en peux plus. Et malheureusement personne ne peut se mettre à ta place. Ça m'arrache le coeur et la langue de dire ça mais si tu ne l'as pas vécu, tu ne peux MÊME PAS avoir une idée du brouillard dans lequel une jeune mère peut être. ET d'expérience personnelle, parfois tu te rends même pas compte que t'es dedans, c'est pour dire.

Tabou 3 - les pères présents:
Bien sûr si t'as de la chance comme moi t'as pas pris le pire des géniteurs pour faire ta petite merveille. Il est beau, il est malin, il est doux, il est compréhensif et il voulait autant que toi faire cet adorable bébé qui occupe désormais 110% de ton temps (je veux décourager personne alors j'ai pas dit 200% de ton temps). Mais bon, même en 2012 (à l'époque c'était 2009), les rôles sociaux - malgré tout notre bon vouloir - n'ont pas encore  radicalement changés et pour peu que tu pratiques l'allaitement à la demande, le père ne peut pas prendre le relais. Et puis il travaille LUI - alors que TOI, t'es jamais qu'une mère à la maison en congé de maternité, bref, t'as rien d'autre à foutre de tes journées que de glander avec ton nouveau-né... Cf tabou 2, personne, PAS MÊME LE PÈRE ne peut se mettre à ta place (malgré ton désir intense) et il arrive (si!) que ce père ne comprenne pas pourquoi tu chiales alors que t'es heureuse et que ce bébé tu le voulais ("JE? Pas ON?"). Les pères parfaits c'est comme les mères parfaites, ça n'existe pas, arrête d'y croire!

Tabou 4 - le quotidien: 
Tu auras beau t'émerveiller de ta progéniture (la nature est bien faite ils suscitent ça) faut bien le dire, il y a des jours où t'as le sentiment de faire double shift. Après ta journée de boulot t'attend ta journée de boulot mère. Parfois il fait beau,  la chose est bien lunée (toi aussi) et tu as le temps. Ça c'est parfois. Sinon tes copines vont boire un verre, faire une petite course (qui ne concerne pas des lingettes, des laits chocolatés ou du matériel scolaire) pendant que tu cours entre l'école, la machine à laver le linge, la vaisselle (tous les pères ne sont pas équipés de la fonction lavage) et le repas. Et réjouis toi qu'elle n'ait pas encore de devoirs. Bien entendu dans tes rêves les plus fous ta gosse n'est jamais fatiguée, triste, sale, malade ou pot-de-colle. Dans tes rêves tu commences le boulot à 10.00 et tu finis à 15.00, tout ça sans pression avec un salaire qui permet toutes les folies. Dans tes rêves tu ne culpabilises jamais d'avoir envie d'un ailleurs...

Tabou 5 - (Supplément gratuit) les conseils et jugements:
Merci beaucoup et oublie mon numéro. Si un conseil n'est jamais mal intentionné (enfin on peut l'espérer parce que parfois on peut se demander) il tombe souvent au mauvais moment. Les jugements sont toujours inutiles et ont dans la plupart des cas des effets désastreux sur les mères épuisées. Soit elle te bouffe la gueule telle une lionne en rage, soit elle s'écroule de désespoir parce que comme une idiote elle se remet en question. Bref, si t'as quelque chose  à dire, tais toi! Sauf si c'est pour énoncer une vérité du genre "oui oui, t'as pas fini d'en baver". Mais là, tu risques de glisser dans la catégorie "mauvais timing". On tire pas sur une mère à terre. Encore une fois tais-toi! Aucune leçon à tirer de tout ça, une fois mère on tombe soi-même dans le piège des bonnes intentions. L'enfer est en pavé. 

Oui, il y a peu de mères qui avoueront que malgré tout leur amour pour le père et l'enfant c'est trash la maternité. Ce serait comme un désaveu, une faiblesse, une erreur. Moi-même je trouve ça difficile, après autant de petits caractères sur le sujet, de reconnaître qu'on peut en avoir marre tout en étant madly-in-love de sa gosse. Une mère parfaite, c'est celle qui ne l'est pas parce que oui, arrête de rêver, jamais tu ne le seras et c'est très bien comme ça. Faut s'asseoir sur la perfectitude maternelle. Et tant pis si c'est dans l'après-coup que les copines, les mères, dans l'intimité discrète des boudoirs, autour d'une compotine, entre deux langes vous disent (avouent ?) "moi aussi j'en ai marre, t'inquiète, t'es pas la seule!". Le grand secret reste préservé par les femmes elles-mêmes. Et c'est peut-être pas si mal que ça sinon les enfants on n'en ferait plus. 

En surfant sur la toile des blogs dédiés partiellement ou entièrement à ces questions je suis tombée sur cet extrait du livre de Marie Darrieussecq, Le bébé, (édition P.O.L.) citée par une des blogueuses des "Vendredis Intellos" (http://lesvendredisintellos.com/).

« Vérifier pour la dixième fois que le biberon ne fuit pas, alors qu’il est déjà à demi fou de faim ; le savonner longuement, alors qu’il hurle ; le vaporiser d’eau fraîche quand il s’y attend le moins ; rire quand il s’exaspère ; le rajuster quand il s’endort ; le moucher quand il s’amuse ; remplacer le bouchon qui le fascine par un stupide hochet neuf ; le serrer dans des couches trop petites, parce qu’il faut bien finir le paquet ; lui mettre un bonnet ridicule.
Mais aussi : protéger ses yeux du soleil par de savantes rotations de la main, installer des architectures de linges sur sa poussette ; traquer le moustique, prévenir le courant d’air ; lui caresser le front en murmurant des chansons pour éloigner les cauchemars ; le faire rire en inventant des bruits, des grimaces et des danses ; arrêter de fumer ; lui faire sentir les roses ; le plonger dans des bains tièdes quand il faut chaud, des bains chauds quand il fait froid ; le masser à l’huile d’amande douce ; ne pas lui infliger le sirop qu’il déteste ; le bercer jusqu’à la crampe, l’endormir dans nos bras quand nous piquons du nez ; souhaiter la mort du pharmacien qui n’a pas commandé le bon lait ; trouver de la force quand nous n’en avons plus.
Le pire et le meilleur en nous, il le révèle. »

Ouaip, c'est un peu ça d'être une mère. Une mère(im)parfaite. 

J'écris tout ça avec mon poisson-pilote accrochée à mon cou, en mode câlin-maman-je-t'aime. Bon, j'ai peut-être pas tout faux.